Notre-Dame-des-Landes, le dossier qui pourrit les relations entre PS et EE-LV
Le député EE-LV Noël Mamère explique mercredi "être tombé de l'armoire" en entendant la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, soutenir le projet d'aéroport.
POLITIQUE - La construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) vient s'ajouter aux nombreux thèmes de discorde entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV). Ainsi, le député EE-LV Noël Mamère explique "être tombé de l'armoire", mercredi 29 août, en apprenant les déclarations de la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, prononcées la veille au micro de BFMTV/RMC. Car d'après la ministre, "c'est une infrastructure dont nous aurons besoin". Avant d'ajouter que "c'est la position des socialistes".
Où en est le projet ?
C’est un projet vieux de quarante ans, mais, en principe, tout est bouclé. L'aéroport du Grand Ouest doit être construit d'ici à 2017 à Notre-Dame-des-Landes, à 30 kilomètres au nord de Nantes. Le concessionnaire Vinci a été choisi pour mener le chantier, la construction des accès doit débuter en 2014.
Le problème, c’est que le site choisi s’étend sur 1 200 hectares de terres agricoles occupés par de nombreux exploitants. En tête de la contestation, la Coordination des associations et mouvements opposés au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes regroupe une quarantaine d’associations et partis politiques.
Les opposants multiplient les recours depuis plusieurs années. Une autre association, l’Acipa a adressé une lettre à Delphine Batho pour solliciter une rencontre avant le 14 septembre. Cinq enquêtes publiques ont été menées fin juillet, avant qu'une commission d’enquête sur l’aéroport ne remette son avis au préfet à la mi-octobre.
Et la mobilisation ?
Les exploitants sont toujours menacés d'expropriation, malgré un moratoire qui a suspendu provisoirement la décision le 8 mai, au terme d'une grève de la faim engagée par cinq agriculteurs, dans le centre-ville de Nantes.
Sylvain Fresneau, militant anti-aéroport, risque même une interdiction de manifester pendant un an sur la commune de Notre-Dame-des-Landes, ainsi que 800 euros d'amende et une interdiction de port d’arme. L’agriculteur a comparu, mardi 28 août devant le tribunal de Saint-Nazaire, pour avoir fait reculer son tracteur avec une remorque en direction d’un barrage de gendarmes, en juin dernier.
L’eurodéputé EE-LV José Bové a dénoncé la réquisition de la procureure, qu'il juge tout droit sortie de "la Russie de Poutine", et en appelle à la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Comme lui, 150 tracteurs et plusieurs centaines de manifestants ont fait le déplacement pour exprimer leur soutien au militant. La décision a été mise en délibéré au 11 septembre.
Pourquoi EE-LV monte-t-il au créneau ?
Pour ses opposants, le projet d’aéroport est d’abord inutile. Face à la flambée des coûts du pétrole, ils misent sur un ralentissement du trafic aérien et soulignent que l'aéroport actuel est "loin d'être en saturation", précise le site régional d'EE-LV. Les élus dénoncent aussi le coût du projet, évalué à 556 millions d’euros par le syndicat mixte d’études de l’aéroport. Enfin, ils insistent sur l'intérêt de développer une "agriculture biologique et paysanne" sur le site du chantier.
L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a souvent été évoqué par Eva Joly, ex-candidate à la présidentielle. En meeting à Nantes, en avril, elle avait déclaré : "Arrêtez les éléphants blancs, ces grands travaux coûteux et inutiles comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Partout où nous serons, nous continuerons ce combat." Avec le réacteur (EPR) de Flamanville (Manche), c'est l'un des deux chantiers qui ont résisté à l'accord signé en novembre 2011 par le PS et EE-LV.
Le Collectif d'élus doutant de la pertinence de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CéDpa) compte de nombreux écologistes. Il s'est directement adressé au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dans une lettre rédigée en juillet, lui reprochant son manque de dialogue dans ce dossier.
Que leur répondent les partisans de l’aéroport ?
La moitié des 10 000 atterrissages annuels survolent la ville de Nantes à moins de 500 mètres d'altitude, estime le syndicat mixte. Outre les questions de sécurité, les acteurs locaux, comme le président de région, Jacques Auxiette (PS), espèrent dynamiser l'économie locale et éviter l'engorgement de l'aéroport actuel de Nantes Atlantique. Toujours selon le syndicat mixte, le trafic passagers a crû de 14% en 2010. C'est la progression la plus importante de France.
François Hollande, alors en campagne présidentielle, a approuvé ce projet, puisque "l'aéroport de Nantes aujourd'hui n'a pas toutes les conditions de sécurité", le 3 mai au micro de France Inter. Avant de marquer une réserve, sans doute pour ménager ses partenaires d'EE-LV. "Après, devait-il être situé là ? Ce n'est pas à moi de le dire."
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