En Champagne, un passionné sensibilise les agriculteurs à la protection des busards cendrés
Le busard cendré est un oiseau migrateur qui niche dans les champs des agriculteurs au printemps. Pour protéger ce petit rapace d'accidents malencontreux, Alain Balthazard construit des protections et sensibilise les agriculteurs. #IlsOntLaSolution
Dans le ciel de Champagne, si vous levez les yeux au printemps, il y a des chances pour que vous aperceviez au-dessus de vos têtes un oiseau fin et élégant virevolter. Il s’appelle le busard cendré et il nous fait profiter de sa présence quand il revient d’Afrique où il était parti hiverner.
Protégé par la loi française et la loi européenne, il est totalement interdit de le tuer ou de le déranger. Son commerce est également prohibé. Alain Balthazard, photographe de la nature, est un passionné de cet oiseau. Depuis 25 ans, il s'efforce le protéger : “On est vraiment passionnés par ces oiseaux et par le fait d’essayer de les sauvegarder, parce que si on n’est pas là ils disparaîtront tous”, s’inquiète-t-il.
Un milieu reproductif disparu
La menace pour ce petit rapace n’est pas le braconnage ou la chasse mais la disparition de son milieu naturel et plus précisément de son milieu reproductif. La femelle busard aime construire son nid et couver ses œufs au sol des landes et des prairies. Mais en Europe, ce type d’habitats est devenu de plus en plus rare, ce qui a poussé cet animal à nicher dans les cultures agricoles.
Problème, en fauchant leur champ, les agriculteurs ignorant sa présence tuent l’animal et sa progéniture. Pour éviter ces malheureux accidents, Alain Balthazard parcourent les routes et les chemins autour de Châlons pour repérer d'éventuels nids : “Là, quand on voit régulièrement des oiseaux, surtout la femelle se poser le long des champs dans un chemin, c’est pratiquement sûr qu’il y a un nid où la femelle s'est posée”, observe le passionné.
Notations essai fongi blé purin d ortie en Champagne crayeuse aujourd'hui. Surprise au pied du piquet de l essai un rapace s envole nous laissant découvrir 2 petits oisillons !!! Espèce ? Busard cendré ? #CeuxQuiFontLesEssais #Agriculture #Biodiversité @AgricultureAube pic.twitter.com/cTjcxkezXu
— Flora COUTURIER-BOITON (@flora_cb1) June 6, 2019
Des protections pour les nids installées dans les champs
Une fois le nid repéré, Alain Balthazard s’emploie à prévenir l’agriculteur et à le sensibiliser à la protection de cet oiseau. Si le cultivateur est d’accord, Alain construit une protection à base de quatre piquets et d’un grillage pour entourer et délimiter le nid et pour que ce dernier soit bien visible dans le champ.
Maxime Radière, un ouvrier agricole comprend tout à fait la démarche du protecteur des busards : “Quand on est au moment de la moisson, on voit beaucoup de choses et si on ne nous sensibilise pas, on ne peut pas savoir ce que ça veut dire, si l’oiseau était en train de nicher, s’il y a des petits… Donc c’est vrai que d’avoir une sensibilisation c’est important parce que du coup on sait que quand il y a un oiseau qui décolle, il y a la possibilité d’avoir un nid et donc on fait beaucoup plus attention.”
Des agriculteurs proactifs pour une meilleure protection
Cette année, Alain a installé une quarantaine de protections autour des nids de busards. Mais il a conscience que sans une coopération active des agriculteurs, son travail restera incomplet : “Il faudrait que tous les agriculteurs soient partie prenante, c’est notre souhait. C’est notre rêve de les mettre au courant, qu’ils puissent participer activement à la protection des busards et pas seulement dire : 'Vous pouvez rentrer sur mon champ', mais plutôt : 'J’ai des oiseaux, venez voir" ou "j’ai des oiseaux, donnez-moi une protection pour que je l’installe.'” Et Maxime d'ajouter : “Surtout que cela ne nous prend pas de temps, c’est pendant qu’on travaille donc on a juste à observer.”
Pour être sûr de convaincre, Alain rappelle aussi “qu’un nid de busards cendrés peut manger entre 3 000 et 4 000 rongeurs sur la seule période de reproduction”. Une façon naturelle, efficace et gratuite de protéger sa culture.
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