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À La Rochelle, des scientifiques cherchent à freiner le cancer avec des sucres d'algues

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Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

À La Rochelle, des scientifiques travaillent à partir d’algues marines locales. Elles contiennent certaines molécules qui pourraient freiner le développement des tumeurs cancéreuses. #IlsOntLaSolution

Depuis 2011, à l’Université de la Rochelle, une équipe de chercheurs du laboratoire BCBS (Biotechnologies et Chimie des Bioressources pour la Santé) scrutent les bienfaits des algues marines, qu’elles soient vertes rouges ou brunes. Un travail de longue haleine, porteur d’espoir dans la lutte contre le cancer.  

Pour comprendre leur démarche, il faut d’abord se familiariser avec un mot barbare : l’héparanase. Selon Thierry Maugard, le directeur de l’équipe BSBC, "la présence dans l'organisme de cette macro-molécule est signe de mauvais pronostic pour le malade". Car l’héparanase est impliquée dans la création de vaisseaux sanguins autour d'une tumeur mais aussi dans l'invasion et la migration des cellules tumorales dans les tissus.

 

Bloquer les mauvaises molécules

Que peuvent faire les algues marines contre cette molécule sournoise ? "À partir des algues, on va extraire des sucres complexes qui sont efficaces pour bloquer cette fameuse héparanase, explique Thierry Mauglard. Potentiellement, ça permettrait de freiner le développement de la tumeur." 

Encore faut-il permettre à ces sucres d’algues d’aller vers la tumeur. C’est ce que teste Manon Porta, chercheuse doctorante à l’Université de La Rochelle. La jeune femme montre un tube contenant “une solution de nanoparticules" : "On va les enrober avec des extraits d’algues pour confectionner des sortes de petits véhicules qui vont amener les médicaments anti-cancéreux directement à la tumeur."  

 

Financer les recherches

Ces recherches sont longues... et coûteuses. La Ligue contre le cancer a débloqué plus d'un million d'euros, dont 200 000 € pour la seule année 2021. Toutefois, Thierry Maugard sait qu’il faudra encore du temps pour que des études cliniques sur les êtres humains soient possibles. Selon lui, "seuls les big pharma [ces géants de l'industrie pharmaceutique que sont Johnson & Johnson, Pfizer, Merck, GSK … NDLR] sont en mesure de les financer”. 

Jean-Marie Piot, le président du Comité Ligue contre le cancer de Charente-Maritime (à gauche) et Thierry Maugard, directeur de BCBS.  (J. Bouchon / France Télévisions)

Le potentiel des algues

Au-delà des résultats et de leur mise en application, ces recherches montrent une fois de plus l’incroyable potentiel du milieu marin et en particulier des algues. Leurs vertus sont connues depuis des millénaires, notamment en Asie où elle couramment consommée. Elles sont remplies de protéines, de vitamines, de fibres et d’autres substances bénéfiques pour notre organisme qui en font un aliment quasi magique. De plus en plus de laboratoires se focalisent sur le bénéfice de leurs molécules. Avec des résultats probants et peut-être bientôt à la portée du grand public. À l’image de ce brevet déposé récemment pour une crème et un gel à base de Skeletonema marinoi, efficace dans le traitement de l'acné. Cette algue microscopique, invisible à l’œil nu, est présente en grande quantité sur le littoral atlantique. 

Car l’intérêt de cette “matière première”, c’est aussi sa proximité. Selon Vincent Doumeizel, conseiller Océan au Pacte Mondial des Nations Unies et auteur de La révolution des algues (éditions Equateurs), "la France a un potentiel énorme" : "Nous avons en Bretagne une zone algale unique au monde". Pour lui, "il faut miser sur les algues", en développant davantage en France l'algoculture. Un secteur dominé pour le moment par l'Asie (Chine et Japon) où est concentrée 99% de la production mondiale, avec la culture d'algues dans des bassins artificiels. Sur le site de France 24, on découvre que "la France et la Norvège dominent une production encore très limitée… Seulement 32 % des algues sont issues de l’algoculture en Europe".

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