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Homophobie : quand les élus UMP dérapent

Christian Vanneste a provoqué tollé en évoquant  la "fameuse légende" de la déportation d'homosexuels français pendant la seconde guerre mondiale. Mais ce n'est pas le seul élu de la majorité à avoir dérapé.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Gérard Longuet, Christian Vanneste, Brigitte Barèges et Jacques Myard ont provoqué des polémiques suite à leurs propos sur l'homosexualité. (AFP PHOTOS / MONTAGE FTVI)

L'UMP n'a pas tardé à réagir. Dans une vidéo diffusée sur le web le 10 février, Christian Vanneste, député UMP du Nord, estime qu'il n'y a "pas eu de déportation homosexuelle en France" pendant la seconde guerre mondiale, affirmant que "c'est une fameuse légende". Le soir du 14 février, la vidéo circule abondamment sur les réseaux sociaux. Conséquence : dans la matinée du mercredi 15 février, le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, annonce qu'un candidat investi par le parti majoritaire se présenterait contre le député du Nord aux prochaines législatives.

Une procédure d'exclusion de l'UMP a aussi été lancée. Mais les déclarations de Christian Vanneste ne sont pas les premières du genre à faire polémique. D'autres élus UMP ont provoqué des tollés avec leurs propos sur l'homosexualité sans être pour autant sanctionnés. Tour d'horizon.

• Lionnel Luca (député des Alpes-Maritimes), déclare en août 2011 au sujet de l'entrée de la théorie du genre dans les manuels scolaires de sciences de la vie et de la terre (SVT) : "Ce qui est grave, c’est que (la théorie du genre), sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie."

La sanction : aucune.

• Gérard Longuet (actuel ministre de la Défense, ancien sénateur UMP de la Meuse), le 3 juillet 2008, lors de l'audition de Xavier Darcos, alors ministre de l'Education nationale. Le sénateur pose alors une question au ministre au sujet d'une future campagne de sensibilisation de l'Education nationale sur l'homosexualité. 

"J'avais une question malicieuse, mais je la poserai plus tard... C'était de savoir où commençait et où s'arrêtait l'homophobie, mais enfin, ça c'est un autre sujet (…). C'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête..."

La sanction : aucune. Pas de réaction à l'UMP. Une plainte d'une association de défense des homosexuels a été déposée, estimant que le sénateur amalgame homosexualité et pédophilie, rapporte Le Monde.fr. Elle est restée sans suite.

 

• Jacques Myard (député des Yvelines), le 13 janvier 2011. Interrogé par la radio Le Mouv', Jacques Myard se voit reproché d'avoir comparé l'homosexualité à la zoophilie à l'Assemblée nationale en 1998. Il conteste alors avoir fait ce parallèle tout en assimilant l'homosexualité à une "perversion sexuelle""Pas du tout, j'ai dit ceci ; on me dit qu'il faut prendre en compte l'homosexualité parce qu'elle existe. J'ai dit qu'à ce moment-là, toutes les perversions sexuelles… Le zoophile existe, vous allez le prendre en compte ?"

A la suite de la polémique créée par ses déclarations, le député déclare : "Je ne m’occupe pas des homos mais ce que je leur reproche, c’est d’être devenu un lobby, une secte, de pratiquer le terrorisme intellectuel... Alors moi je leur dis : 'Messieurs les homos des deux sexes, foutez-nous la paix'".

La sanction : aucune. GayLib, une association liée à l'UMP, a demandé à Valérie Pécresse, présidente de la fédération du UMP des Yvelines, de convoquer Jacques Myard, "afin d'exiger des excuses publiques". Sans résultat.

• Brigitte Barèges (députée du Tarn-et-Garonne), le 25 mai 2011, alors que la commission des lois de l'Assemblée nationale examinait à huis clos une proposition de loi socialiste pour "ouvrir le mariage aux couples de même sexe". "Et pourquoi pas des unions avec des animaux ? Ou la polygamie ?", demande alors la députée à ses collègues. Des propos entendus par des parlementaires de gauche et rapportés ensuite à la presse. Face au tollé provoqué par ses déclarations, Brigitte Barèges publie un communiqué le même jour pour indiquer qu'elle "retire ses propos maladroits dont elle conteste qu'ils présentaient un caractère homophobe".

La sanction : aucune. A l'UMP, seul le député Franck Riester condamne les propos de la députée, les qualifiant de "honteux" et "ignobles".  

• Jacques-Alain Bénisti (député du Val-de-Marne) le 24 juin 2011. Invité de La Chaîne parlementaire, le député débat avec la députée PS Annick Lepetit de la dépénalisation du cannabis. Mais la conversation dévit et Jacques-Alain Bénisti dénonce une société "d'impunité, liberticide et du laisser-aller". Il finit par lier mariage gay et légalisation du viol. "Après le mariage homosexuel, bientôt l’adoption, après l’autorisation du piratage et des vols de DVD, après la demande d’arrêt des contrôles de vitesse, après la dépénalisation de la prostitution, après la non-incarcération des délinquants mineurs, je dirais à la limite, à quand la dépénalisation du viol ? Ou la légalisation du viol ?"

La sanction : aucune.



• Christian Vanneste (député du Nord) est habitué aux polémiques et aux déclarations pour le moins provoquantes envers la communauté homosexuelle. Avant ses propos sur la déportation homosexuelle, on compte de nombreux précédents.

- Le mariage homosexuel est une "aberration anthropologique" car la "société doit assurer sa pérennité", le reste "étant une question de mode", déclare-t-il le 14 juin 2011 à l'Assemblée nationale, alors que les députés votaient une proposition de loi sur le sujet. "Ce n'est pas la première fois qu'une mode sera à la mode parce que la presse l'aura décidé".

- L'homosexualité est une "menace pour la survie de l'humanité", affirme Christian Vanneste le 26 janvier 2005 dans une interview à La Voix du Nord, quelques semaines après la promulgation de la loi réprimant les propos injurieux ou diffamatoires. "Je n'ai pas dit qu'elle était dangereuse, j'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité." Condamné pour ces déclarations en 2006 par le tribunal correctionnel de Lille à 3 000 euros d'amende et 6 000 euros de dommages et intérêts à verser aux plaignants, la décision de justice a été cassée par la Cour de cassation en novembre 2008, rapportait alors Le Monde.fr.

- "Que l'homosexualité soit liée au narcissisme et à l'individualisme rutilant de notre société, ça c'est évident", explique le député en 2009 sur France 5, dans l'émission "C Dans L'Air". Il s'exprimait alors sur un jugement rendu par le tribunal administratif de Besançon autorisant l'adoption d'enfants par un couple homosexuel.

- "L'atelier sémantique gay a inventé la prise de judo conceptuelle la plus efficace : la pédophilie est un crime. L'homosexualité une vertu", écrit Christian Vannneste sur son blog le 30 avril 2010 qui affirme que "l'opposition outrancière entre pédophilie et homosexualité n'est pas fondée en raison des tendances éphébophiles assez fréquentes dans l'histoire qui ignorent la frontière juridique de l'âge."

La sanction : au sein de l'UMP, différentes personnes ont condamné les dérapages de Christian Vanneste. C'est notamment le cas de Benjamin Lancar, président des Jeunes populaires, ou de Rama Yade. Sans résultat, jusqu'aux déclarations sur la déportation homosexuelle. Mercredi, l'ensemble des ténors de la majorité ont condamné ses propos et le bureau politique de l'UMP a décidé à l'unanimité d'engager une procédure d'exclusion contre Christian Vanneste.

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