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Formation professionnelle : quels problèmes ?

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Article rédigé par franceinfo
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C'est aujourd'hui qu'a été donné le coup d'envoi de la 3e séance de négociations entre syndicats et patronat sur la formation professionnelle. Le problème : 32 milliards d'euros investis chaque année pour des résultats très insuffisants pour les demandeurs d'emploi. Alors, comment comprendre ? Voici un cas très concret. Une formation recherchée, des postes à pourvoir, des chômeurs motivés. Mais des ateliers déserts et des formateurs désoeuvrés.

Nous sommes en Picardie dans un centre de formation désert, avec un directeur de l'AFPA, premier organisme de formation des demandeurs d'emploi.

Nous sommes dans l'atelier machinisme agricole. On y forme les mécaniciens et les techniciens de maintenance.

Pendant 15 ans, une vingtaine de chômeurs y a appris son futur métier.

Voici le matériel qui sert à la formation. Une cabine de moissonneuse-batteuse, un tracteur avec un turbo.

Une formation hautement qualifiante totalement a l'arrêt. Plus personne n'utilise le plateau technique depuis 2010. Plus aucun stagiaire n'apprend a réparer ces machines. C'est devenu une formation fantôme.

Cet atelier dort depuis deux ans et demi, alors que les besoins sont identifiés par une enquête de terrain, avec le formateur et un commercial. Ils ont démarche les entreprises et les coopératives de matériels. Il y a 50 postes disponibles pour des chômeurs sortant qualifiés.

Il y aurait même 2.000 CDI à pourvoir immédiatement.

Pas de stagiaires, mais où est le formateur.

Le formateur est là.

Un formateur sans élèves et, ce professionnel se consacre ailleurs à d'autrs missions. Il assure juste l'entretien de l'atelier. L'absence de demandeurs d'emploi en stage de formation, c'est un crève-coeur pour lui et son directeur.

Etre avec personne devant soi, c'est très difficle à vivre.

C'est de l'argent et des ressources humaines un peu gâches.

Du matériel, un formateur, des entreprises prêtes à recruter, pourtant, ça ne fonctionne pas, et ce n'est pas faute de candidats. La Picardie compte 110.000 chômeurs. Dans cette agence pour l'emploi, plusieurs seraient intéressés.

Cette formation m'intéresserait si ça finit par un CDI, car on ne trouve plus de CDI dans la région.

Oui, si on me donne l'opportunité d'approfondir mes connaissances.

Si cette formation professionnelle ne fonctionne plus en Picardie, c'est parce que personne ne veut payer les 10.000 euros, facturés pour 10 mois de stage. Avant 2009, c'était l'Etat qui subventionnait l'AFPA pour la formation professionnelle des chômeurs. Depuis, l'Etat a transféré ces crédits aux régions, et ce sont les conseils régionaux qui choisissent librement de financer tel ou tel organisme de formation. La Picardie y consacre 80 millions d'euros par an. La région doit assumer cette nouvelle mission, et estimer tous les besoins de recrutement avant de se décider. Pour l'embauche de mécaniciens agricoles, ce besoin n'était pas répertorié par la région. Ce responsable reconnaît avoir du mal à accomplir sa mission à plein.

Il faut qu'on apprenne a travailler avec les branches, les professions, que chacun s'engage : le conseil régional fait un effort significatif, avec 80 millions d'euros, ce qui est une somme importante dans le budget. Les branches doivent s'engager. On peut former, mais s'il n'y a pas d'emploi après, ce n'est pas positif.

La région promet de financer à nouveau la formation de mécaniciens agricoles en 2014. Un chiffre résume tous les couacs de la formation professionnelle : 640.000 chômeurs suivaient une formation il y a 10 ans, et ils sont 75.000 de moins aujourd'hui à pouvoir en bénéficier.

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