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Ce que le témoignage de l'ex-otage Nicolas Hénin nous apprend sur Mehdi Nemmouche

Dans un article publié sur le site du "Point" et lors d'une conférence de presse, le journaliste Nicolas Hénin affirme que Mehdi Nemmouche était l'un de ses geôliers pendant sa détention en Syrie. Il dresse le portrait d'un homme brutal. 

Article rédigé par franceinfo
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L'ex-otage en Syrie et journaliste Nicolas Hénin donne une conférence de presse, au siège du "Point", à Paris, le 6 septembre 2014.  (ALAIN JOCARD / AFP)

C'est un témoignage glaçant. L'ex-otage français en Syrie, le journaliste Nicolas Hénin, affirme samedi 6 septembre que Mehdi Nemmouche, le tueur présumé du Musée juif de Bruxelles, a été l'un de ses geôliers pendant sa détention.

L'information, recueillie selon une source policière lorsque les quatre journalistes français otages en Syrie libérés en avril - Nicolas Hénin, Pierre Torrès, Didier François et Édouard Élias- ont reconnu Nemmouche sur des photos après son arrestation fin mai, devait rester secrète. Mais l'hebdomadaire Le Point, employeur de Nicolas Hénin, publie son témoignage "glaçant" (article payant) après que Le Monde a révélé que Nemmouche "aurait été l'un des geôliers des otages occidentaux détenus" en Syrie par l'Etat Islamique (EI). Nicolas Hénin a expliqué samedi après-midi sortir de sa réserve "pour informer le public". Voici ce qu'il faut retenir de son témoignage.

Le témoignage de Nicolas Hénin sur Mehdi Nemmouche (STEPHANIE DESJARS - FRANCE 3)

"Mehdi Nemmouche m'a maltraité"

Dans son témoignage publié par Le Point, Nicolas Hénin présente Nemmouche comme "Abou Omar le cogneur". Il décrit un Nemmouche "membre d'un petit groupe de Français dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines. Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j'avais moi-même été interrogé""Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait", écrit le journaliste sur le site du Point, qui dit avoir lui-même été frappé par l'homme qu'il connaissait sous le pseudonyme d'Abou Omar. "'Douce France, cher pays de mon enfance...' résonnait régulièrement, sonnant faux et incongru, dans le couloir des cellules", écrit Nicolas Hénin. 

Ses collègues et lui ont été "en contact de juillet à décembre 2013" avec Nemmouche, a-t-il précisé, lors d'une conférence de presse, organisée samedi après-midi. "Mehdi Nemmouche m'a maltraité", a-t-il aussi réaffirmé.

Un"personnage violent et provocateur au très grand ego"

Un "personnage violent et provocateur", c'est ainsi que le journaliste décrit Mehdi Nemmouche. "Il a une personnalité qui est caractérisée par un très grand ego" a poursuivi Nicolas Hénin lors de sa conférence de presse. 

Sur Le Point.fr, le journaliste raconte un échange glaçant, évoquant un individu qui travaille "devant témoins, son personnage de haine". "Tu sais comment ça se passe quand je rentre dans une maison chiite ?", interpelle un jour Nemmouche. Il enchaîne : "D'abord, je tombe sur la grand-mère. Elle n'est pas très intéressante, la grand-mère. Je ne m'en débarrasse que d'une balle, elle vaut pas plus. Après, je vois la femme. Là, ça commence à devenir plus marrant. D'abord, je la viole, et ensuite je lui coupe la gorge. Après ça, j'ai un creux, alors je vais au frigo, voir ce que j'y trouve pour me remplir l'estomac. Après, je tombe sur le bébé. Ah, un bébé ! Tu peux pas savoir, c'est un tel plaisir de couper la tête d'un bébé..."

Le jihad, un prétexte pour la notoriété

Nicolas Hénin décrit Nemmouche comme un geôlier "égocentrique et affabulateur pour qui le jihad n'est finalement qu'un prétexte pour assouvir sa soif maladive de notoriété. Un jeune homme paumé et pervers""Il n'était probablement pas parti en Syrie pour se battre pour un quelconque idéal mais, avant tout, sans doute par manque de reconnaissance, pour se réaliser, pour réaliser une sorte de cavalcade meurtrière dont il avait fomenté le dessein", ajoute le journaliste lors d'une conférence de presse tenue samedi après-midi.

Sur le site du Point, Nicolas Hénin raconte un échange éloquent qu'il a eu avec Abou Omar. "Le crime, c'était vraiment sa spécialité. Il connaissait les ténors du barreau, les jaugeait. 'Untel est excellent pénaliste, Untel n'est bon qu'en procédure' et finissait en nous apostrophant, provocateur : 'Toi, tu seras partie civile à mon procès ?' C'est alors que j'ai compris qu'il n'avait aucune envie de mourir en martyr (...) Il ne voulait qu'un beau procès. Faire la une, à l'image d'un Merah qu'il citait souvent en exemple. Et, pourquoi pas, couronnement suprême, faire lui aussi l'objet d'un 'Faites entrer l'accusé'..." Le journaliste précise aussi que son geôlier avait "téléchargé pratiquement toutes les émissions de 'Faites entrer l'accusé' et nous racontait avec un délice de détails l'épisode qu'il avait visionné la veille au soir".

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