Attaques à Bruxelles : l'histoire belge marquée par plusieurs vagues terroristes
Depuis le début du XXe siècle, le pays a connu plusieurs vagues de terrorisme meurtrier.
La Belgique n'avait pas connu d'attentat terroriste depuis l'attaque du Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014. Moins de deux ans après, mardi 22 mars, des explosions simultanées ont retenti dans la capitale belge, faisant au moins 13 morts et 35 blessés.
Qualifiée de "base arrière" notamment pour les terroristes responsables des attentats du 13 novembre à Paris, la Belgique a découvert tardivement la menace jihadiste. Mais l'histoire du pays a été marquée par plusieurs vagues d'attentats meurtriers.
>> Suivez la situation à Bruxelles dans notre direct
Au début du XXe siècle : des attentats contre le pouvoir
En 1902, la toute jeune Belgique, qui a obtenu son indépendance vis-à-vis des Pays-Bas en 1830, connaît un attentat manqué, perpétré contre le roi Léopold II par l'anarchiste italien Gennaro Rubino. Mêlé à la foule qui assistait au retour du roi vers le Palais, en plein cœur de Bruxelles, l'Italien, repoussé derrière les barrières par les forces de l'ordre, tire sur la troisième berline du cortège, alors que Léopold II se trouvait dans la première, raconte La Libre Belgique.
Quarante-huit ans plus tard, le pouvoir est à nouveau visé par un attentat terroriste. Le 21 juillet 1950, Léopold III est la cible d'un attentat à l'explosif dans la région de Mons. "Le début d'une longue série", explique Le Vif (article pour abonnés). "Plus d'une dizaine visèrent les voies de chemin de fer et les centrales électriques au moment de la Question royale [grave crise politique déclenchée par l'annonce, à la libération, du retour du roi en Belgique, après plusieurs mois de captivité en Allemagne], sans faire de victimes."
Les années 1970 : vague d'attentats antisémites
Entre 1969 et 1982, les attentats visant spécifiquement la communauté juive se multiplient en Belgique. Le 8 septembre 1969, deux personnes sont blessées dans un attentat à la grenade visant les bureaux d'une compagnie aérienne israélienne à Bruxelles. Trois ans plus tard, en pleine rue, un fonctionnaire de l'ambassade d'Israël est touché par trois balles de revolver.
En 1979, l'aéroport de Zaventem est frappé pour la première fois, le lundi de Pâques. Trois Palestiniens attaquent à la grenade des passagers qui débarquaient du vol El Al en provenance d’Israël : douze personnes sont blessées.
En 1980, "un commando terroriste jette deux grenades vers un groupe d'une soixantaine d'enfants montant dans un autocar, rue Lamorinière à Anvers", raconte Le Vif. Un Français de 15 ans trouve la mort, tandis qu'une quinzaine d'enfants sont blessés. Un an plus tard, deux personnes meurent dans cette même ville lors d'un attentat à la voiture piégée, garée devant une synagogue.
Enfin, le 18 septembre 1982, un peu plus d'un mois après l'attentat antisémite de la rue des Rosiers à Paris, "un homme armé d'un pistolet-mitrailleur ouvre le feu à l'entrée de la synagogue, rue de la Régence [à Bruxelles]. Il y a quatre blessés", détaille encore le quotidien belge.
1982-1987 : des années "de plomb"
La décennie est sanglante en Belgique. Des criminels, notamment des braqueurs, tuent 28 personnes au cours d' actions menées entre 1982 et 1985 : ils sont les "tueurs fous du Brabant wallon". Mais les années 1984 et 1985 sont particulièrement marquées par les attaques terroristes des Cellules communistes combattantes (CCC), un groupuscule d’extrême gauche. Par dizaines, les attentats s'enchaînent pendant deux ans contre des sièges d'entreprises.
Cette vague sans précédent (14 attentats recensés) a essentiellement fait des dégâts matériels — jusqu'au 1er mai 1985. Ce jour-là, des pompiers sont appelés pour intervenir sur une camionnette garée rue des Sols, qui dégage de la fumée. Le véhicule est piégé. Deux pompiers sont tués dans l'explosion et trois sont blessés.
En 1987, les CCC sont immédiatement soupçonnées quand une bombe explose dans le palais de Justice de Liège, tuant un étudiant en droit. Les auteurs sont en fait "un avocat en délicatesse avec le monde judiciaire, Jean-Michel Systermans, et un complice, Francis Reynders, fonctionnaire", explique La Libre Belgique.
Depuis 2014, la menace jihadiste
Le 24 mai 2014 marque le début des attaques jihadistes sur le sol belge. Quatre personnes sont assassinées à l'entrée du Musée juif de Bruxelles. Le principal suspect, Medhi Nemmouche, un Français soupçonné d'être passé par la Syrie où il aurait surveillé des otages dans les geôles de l'organisation Etat islamique, est arrêté le 30 mai lors d'un contrôle de routine à la gare de Marseille. Quelques mois plus tard, en janvier, des investigations permettent de démanteler des cellules terroristes à Verviers, Bruxelles et Vilvorde. Elles révèlent au grand public l'existence de réseaux terroristes jihadistes opérant depuis la Belgique.
Le 21 août de la même année, une attaque est évitée de justesse dans le Thalys reliant Bruxelles à Paris. L'assaillant, Ayoub El-Khazzani, est neutralisé par des passagers. Il a vécu en Belgique, notamment dans le quartier de Molenbeek, à Bruxelles, présenté comme un foyer de l'islamisme radical.
L'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris mènent tout droit à ce quartier populaire de la capitale belge. Plusieurs des auteurs et complices présumés des terroristes y ont vécu. Bruxelles est alors placée en alerte. Le 22 mars, quatre jours seulement après l'arrestation de Salah Abdeslam, des explosions retentissent à l'aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek. En interpellant le suspect-clé des attaques parisiennes, les autorités belges avaient nuancé leur satisfaction : "La guerre contre le terrorisme n’est pas terminée", avait prévenu le Premier ministre belge, Charles Michel, invité de la chaîne de télévision flamande Een.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.