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Depuis Aurora, le Colorado se rue sur les armes

ETATS-UNIS - Depuis la tuerie de vendredi dans un cinéma, les ventes d'armes ont explosé dans cet Etat du centre des Etats-Unis, mais aussi en Floride ou dans l'Oregon.

Article rédigé par franceinfo
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Des armes exposées lors d'un salon à El Paso, au Texas, le 13 mars 2011. (AFP)

Depuis la fusillade d'Aurora vendredi 20 juillet, les habitants du Colorado se ruent dans les armureries. Les vérifications de casier judiciaire, nécessaires pour cet achat selon les lois de l'Etat américain, ont explosé : 2 887 vérifications ont été demandées, soit 43% de plus que la semaine passée. Et cette hausse ne se cantonne pas au Colorado : +14% en Floride, +11% dans l'Oregon, +10% en Californie…

"C'est complètement fou", s'étonne dans le Denver Post Jake Meyers, un employé d'armurerie (lien en anglais). Quand il arrivé au travail le vendredi matin, quelques heures seulement après la tuerie, il y avait déjà quinze à vingt personnes à l'entrée du magasin, décrit le quotidien. D'ailleurs, près de la moitié des vérifications de casier judiciaire enregistrées depuis une semaine l'ont été ce jour-là. FTVi revient les surprenantes conséquences de ce fait divers.

• Pourquoi les ventes d'armes bondissent-elles après la fusillade ? 

"Beaucoup de gens m'ont dit : 'je pensais que je n'avais pas besoin d'un pistolet mais maintenant, si…", explique Jake Meyers. Cette réaction est assez classique, rappelle le Denver Post. Début 2011, après la tuerie de Tucson (Arizona), dans laquelle six personnes avaient perdu la vie, les ventes d'armes avaient bondi de 60% en quelques jours. Idem lors de la fusillade à l'université Virginia Tech, qui avait fait 33 morts en avril 2007.  

Pour Tom Mauser, dont le fils a été tué lors du massacre de Columbine en 1999 (13 morts, essentiellement des mineurs, plus les deux tireurs), et qui prône le contrôle des armes à feu, "c'est un synptôme de la peur des gens". Don Gallardo, responsable d'une armurerie interrogé par Bloomberg, complète : "Chaque fois qu'il y a un événement comme celui-là, surtout quand il est proche de chez soi, les gens ont tendance à acheter quelque chose pour protéger leur famille." 

• La tuerie d'Aurora peut-elle entraîner un durcissement des lois sur les armes ? 

Acheter des armes pour se protéger ou interdire les armes pour éviter les morts ? C'est un vieux débat aux Etats-Unis. Le droit de posséder une arme à feu est inscrit dans la Constitution depuis 1791. Ainsi, il est extrêmement facile d'acheter une arme à feu dans la plupart des Etats américains. Ce qui explique que James Holmes ait pu acheter, légalement, 6 000 balles et cartouches au cours des deux derniers mois. 

Mais, comme l'a rappelé vendredi à l'Agence France-Presse John Sugarmann, président du Violence Policy Center, "il y a des fusillades qui amènent les Américains à réfléchir à la violence par arme à feu, et celle [d'Aurora] pourrait en être une". Bien que, pour l'instant, la remise en question soit bien timide. Pour Didier Combeau, chercheur au Centre d'études urbaines dans le monde anglophone à l'université Paris IV-Sorbonne, interviewé par Le Point, les Etats-Unis n'interdiront jamais les armes à feu car "porter une arme, c'est être américain."

Pourtant, la Maison Blanche a fait savoir mardi que Barack Obama pourrait s'attaquer à la question du contrôle des armes. "Il est fort possible que le président aborde ces questions dans le futur, mais je n'ai pas de calendrier prévu pour vous", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney. Dans ce cas, le président en campagne prendrait un risque politique important. "En période électorale, les deux candidats seraient plus perdants de relancer le débat, surtout les démocrates", estime Didier Combeau.

Chaque année, environ 100 000 personnes, dont de nombreux enfants, sont blessées par arme à feu aux Etats-Unis et plus de 31 500 en meurent, selon des statistiques officielles.

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