L'imam de Saint-Etienne-du-Rouvray "effaré" par la mort de son "ami", le prêtre assassiné dans son église
Le prêtre et l'imam travaillaient ensemble au sein d'un comité interconfessionnel.
A la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray, "on est abasourdis" après l'assassinat, mardi 26 juillet, d'un prêtre lors de l'attaque d'une église de cette commune situées près de Rouen (Seine-Maritime), revendiquée par l'organisation Etat islamique. Le président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, en charge d'une mosquée située à proximité de l'église où s'est déroulée la prise d'otages meurtrière, s'est dit "effaré par le décès de [son] ami", le prêtre Jacques Hamel.
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"Je ne comprends pas. Toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique, a déclaré Mohammed Karabila. C'est quelqu'un qui a donné sa vie aux autres."
"Ils prennent pour prétexte notre religion, ce n'est plus possible"
Le prêtre et l'imam se sont, en effet, retrouvés à plusieurs reprises "lors d'interventions publiques dans des salles de fêtes". "Nous faisons partie d'un comité interconfessionnel depuis 18 mois. Nous discutions de religion et de savoir-vivre ensemble, a précisé Mohammed Karabila. Cela fait 18 mois qu'on [le groupe Etat islamique] s'attaque à des civils, maintenant ils visent des symboles religieux et prennent pour prétexte notre religion, ce n'est plus possible."
La mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray a été inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte par la paroisse catholique de la ville.
"Ca réveille la douleur", déclare la mère d'une victime de Merah, habituée de cette mosquée
C'est dans cette même mosquée qu'avait eu lieu une cérémonie funèbre en mémoire d'Imad Ibn Ziaten, le parachutiste de 30 ans tué le 11 mars 2012 à Toulouse par Mohamed Merah.
"C'est un choc total, ça réveille la douleur", a déclaré à l'AFP sa mère, Latifa Ibn Ziaten, qui a fondé une association à laquelle elle a donné le prénom de son fils, "Imad pour la jeunesse et la paix", afin de lutter contre la radicalisation islamiste.
Saint-Étienne-du-Rouvray "est une ville tranquille", a dit Latifa Ibn Ziaten, qui se rend fréquemment à la mosquée de la ville pour prier. "Ce sont des gens loyaux, qui travaillent très bien", a-t-elle souligné.
À Saint-Étienne-du-Rouvray comme dans d'autres communes de l'agglomération rouennaise, "il y a beaucoup de familles qui viennent me voir pour leurs enfants qui se radicalisent", a-t-elle. "Quand je vois un danger, j'essaye de le signaler."
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