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Au premier jour de son procès, les larmes de Bilal Taghi, jugé pour avoir tenté d'assassiner deux surveillants de prison

Le Franco-marocain de 27 ans, auteur du premier attentat jihadiste en prison en France, en 2016, a laissé entendre à l'audience qu'il avait changé ces deux dernières années. Ce qui n'a pas semblé émouvoir l'avocat général.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Bilal Taghi, lors de son procès devant la cour d'assises de Paris, le 19 novembre 2019. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Longtemps, son seul regret fut de n'avoir pas réussi à tuer un gardien de prison au nom du groupe Etat islamique. Aux assises de Paris, face à ses anciens surveillants, le détenu radicalisé Bilal Taghi a tenté, mardi 19 novembre, de formuler des excuses, secoué de sanglots. "C'est ça qui me travaille, ce que j'ai fait... Putain j'suis vraiment désolé", a-t-il dit d'une voix étranglée.

Bilal Taghi s'est ensuite tourné vers les surveillants qu'il a violemment poignardés le 4 septembre 2016 dans un couloir de la prison d'Osny (Val-d'Oise). Il a réprimé un sanglot, puis a repoussé brusquement le micro devant lui et s'est assis dans le box. Il laisse entendre qu'il avait changé, ces deux dernières années, au contact d'un psychologue et d'un imam à la prison de Moulin-Yzeure (Allier) où il est incarcéré.

Premier attentat jihadiste en prison en France

La présidente de la cour d'assises spéciale de Paris, Emmanuelle Bessone, l'a ensuite ramené aux débats qui portent, en ce premier jour d'audience, sur sa personnalité, lui qui est l'auteur du premier attentat jihadiste en prison en France. Car pour comprendre le geste de Bilal Taghi, Franco-Marocain de 27 ans, pour analyser pourquoi la dangerosité de ce détenu, pourtant placé dans l'aire de "déradicalisation" d'Osny (Val-d'Oise), n'a pas été décelée, il faut replonger dans la trajectoire personnelle et familiale du gamin de Trappes (Yvelines) devenu jihadiste.

Bilal Taghi a grandi dans l'ombre de son aîné, qu'il admire, lui aussi combattant islamiste, donné pour mort en Syrie début 2015. A 24 ans il décide avec sa compagne et leur bébé d'à peine 2 mois de rejoindre la Syrie, quelques jours après l'attentat contre le journal Charlie Hebdo. Leur périple tourne court, après un accident de voiture en Turquie. Ils sont expulsés vers la France. Bilal Taghi, qui affirmait n'être parti en Syrie que pour ramener son frère, est condamné à 5 ans de prison, sa compagne à 3 ans.

"Comment peut-on pleurer et mentir ?"

Depuis sa cellule d'Osny, il décide de passer à l'acte au nom du jihad, pour tuer un "représentant de l'Etat français". Aux juges d'instruction, il dit à l'époque son impatience de tuer au nom de l'Etat islamique et son ancrage dans la radicalité : "Franchement, il y a des chances que je porte à nouveau atteinte aux intérêts de la France si j'en ai l'occasion." A l'audience, il affirme désormais que son adhésion était avant tout une façon "de ne pas trahir [ses] frères". Evoquant un "désir de vengeance" et le souhait de "soulager [sa] peine", il conclut : "Il n'y a rien qui justifie ce que j'ai fait." "J'ai bousillé ma vie, celle de ma famille", dit l'accusé, qui encourt la réclusion à perpétuité.

Ses sanglots ont laissé de marbre l'avocat général, qui représentait déjà l'accusation lors de son procès en correctionnelle. "Nous nous sommes vus au premier procès, j'ai requis contre vous. Je garde le souvenir de vous avoir vu pleurer pendant tout le procès en expliquant que vous aviez fait une grave erreur. Comment peut-on pleurer comme ça et mentir en même temps ?" assène le magistrat.

Le procès se poursuit jusqu'à vendredi.

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