: Reportage "Libre, paix, égalité, écouter, choisir..." : la fresque d'une école élémentaire remporte le prix Samuel Paty sur le thème de la laïcité
Il y a quatre ans jour pour jour, Samuel Paty était assassiné à deux pas de son collège par un islamiste radicalisé. Le professeur d'histoire-géographie est mort dix jours après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet issues du journal Charlie Hebdo, lors d'un cours d'enseignement moral et civique sur la liberté d'expression.
Depuis, un prix a été créé en son nom par l'association des professeurs d'histoire-géographie, pour récompenser les projets pédagogiques liés aux principes et valeurs démocratiques, en lien avec les programmes d’éducation morale et civique. Une cérémonie récompensera les lauréats de l'année passée à la Sorbonne, samedi 19 octobre.
Dans la catégorie des écoles élémentaires, qui participent pour la première fois - jusqu'à présent ce n'était que pour les collèges et les lycées - c'est l'école des Bourguignons, à Ezanville dans le Val-d'Oise qui remporte cette édition 2023/2024, qui avait pour thème la laïcité. Une victoire grâce à une fresque composée par les élèves.
"Concrétiser un thème qui ne leur parle pas"
Elle trône dans le couloir de l'école : une fresque aux couleurs tricolores. Des mots sont inscrits sur des fleurs en papier. "Libre, paix, égalité, écouter, choisir...", énumèrent les élèves. "Différents mots qui ont été choisis par les enfants et ensuite on a construit des Mariannes qui se font face la main tendue, qui soufflent les mots et qui apportent protection et liberté", commente la directrice, Aurélie Lemoine.
Ce qui l'a motivée à se lancer dans le concours, avec une collègue, en début d'année dernière, c'est le souhait de rendre plus concrètes des notions pas simples à aborder avec leurs jeunes élèves de CM1/CM2 : "La laïcité, ça reste flou et passer par l'art visuel, ça a permis de concrétiser un thème qui ne leur parle pas et au final de se l'approprier. Ça permettait de travailler cette notion de façon plus parlante, plus vraie pour les élèves."
Les enfants se sont investis : "Ça nous intéresse d'en parler parce que ça nous a appris des choses, commente une élève. Comme sur la laïcité : qu'il n'y a aucune religion qui est meilleure que l'autre, qu'il ne faut pas dénigrer des personnes parce que ça les met mal à l'aise, qu'ils peuvent être tristes, rentrer chez eux et pleurer." Ils ont aussi apprécié œuvrer en groupe, relate une autre élève : "Le travail d'équipe ça m'a plu, on a échangé nos idées."
"Toutes les idées étaient prises en compte pour ne pas qu'il y ait de jaloux ou des élèves qui restent à part."
Une élève de l'école des Bourguignonsà franceinfo
Un élan relevé aussi par les deux professeurs qui ont, depuis, modifié en partie leur manière d'enseigner avec plus de projets collectifs. Le concours leur a aussi permis de se sentir plus à l'aise, dans l'apprentissage de la laïcité. Un thème particulièrement sensible pour les enseignants : "En général, ça reste une notion qu'on a du mal à enseigner sereinement. Depuis l'assassinat de Samuel Paty, on pèse chacun de nos mots en ayant peur de faire une erreur, de dire quelque chose qu'on ne devrait pas dire. Le travailler par ce projet permet un petit peu de libérer la parole et de le travailler de façon plus simple et évidente."
Grâce à ce prix, les élèves ont l'occasion de visiter, vendredi, le Sénat et le Panthéon.
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