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Ce que l'on sait de l'enquête ouverte après la diffusion de fiches de police sur Twitter

Trois fiches d’individus signalés pour radicalisation ont récemment été publiées sur le réseau social. Elles étaient pourtant uniquement destinées aux services de police.

Article rédigé par franceinfo
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L'entrée du palais de justice de Paris, le 27 février 2017. (ALAIN LE BOT / PHOTONONSTOP)

Comment ces documents confidentiels ont-ils atterri sur internet ? Pour remonter l'origine des fuites, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, mardi 9 mai, pour "violation du secret professionnel et recel". Depuis quelques jours, les fiches de police de trois individus activement recherchés circulent sur les réseaux sociaux. Franceinfo vous résume ce qu'il faut savoir sur ces investigations confiées à l'IGPN, la police des polices.

De quelles fiches s'agit-il ?

Il s'agit de fiches de diffusion d'individus recherchés. Elles sont destinées en interne aux services de police. Y figurent notamment la photo, le nom, le prénom, la date de naissance, la nationalité de trois personnes recherchées (deux ressortissants belges et un Afghan).

C'est samedi 6 mai qu'elles ont été publiées pour la première fois. Avant d'être relayées à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux. Elles ont notamment été largement partagées dans la nuit de lundi à mardi, alors que la police menait une opération de vérification dans la gare du Nord, à Paris. C'est en voyant ces fiches sur son compte Facebook qu'une guichetière de la SNCF a fait un signalement à la police. Selon les informations de franceinfo, cette personne aurait cru reconnaître l'un des trois hommes. Au final, les recherches effectuées pendant trois heures dans la gare n'auront rien donné.

Qui a diffusé ces fiches ?

D'abord, il faut comprendre que les fiches en question ont été envoyées à tous les commissariats de France. "N'importe quel policier y a alors accès, peu importe le grade, glisse à franceinfo une source policière. Ces documents ne sont pas sécurisés. C'est donc en interne qu'il faut certainement chercher les origines des fuites."  

Dans un second temps, plusieurs comptes Twitter les ont partagées à partir du samedi 6 mai. Parmi ces comptes, celui de Jean-Paul Ney, suivi par plus de 28 500 abonnés. Ce journaliste "aux méthodes controversées" comme l'écrit Le Monde, n'en est pas à sa première polémique. En octobre 2016, il avait été condamné à 3 000 euros d'amende pour "recel de violation du secret de l’enquête". Quelques heures après les attentats contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, il avait publié sur Twitter les avis de recherche des frères Kouachi. Il a depuis fait appel de cette décision.

Sept mois après sa condamnation, le voilà donc qui récidive. "Je me présenterai à toute convocation de justice pour m’expliquer", assure-t-il sur son compte Twitter. Au Parisien, il explique toujours croiser ses sources : "Je place le curseur entre sécurité publique et nécessité d'informer. Je garde pour moi 80% des informations dont je dispose."

Pourquoi la diffusion de ces fiches est dangereuse ? 

Parce qu'elles contiennent des données sensibles. Et qu'elles n'ont "aucunement vocation à être rendues publiques", explique au Monde une source judiciaire. La diffusion de ces documents dans les différents services de police "permet en principe d’organiser les recherches de manière discrète, de façon organisée, sans risquer de mouvements de panique", continue le journal.

Leur diffusion va forcément compliquer le travail des policiers. "Durant le week-end, les trois hommes ont en effet été signalés, à tort, en plusieurs endroits du territoire, notamment du côté de Marseille, en gare de Bordeaux-Saint-Jean et même dans le Cantal, à peu près au même moment…", rappelle Le Monde.

Beaucoup d'internautes n'ont d'ailleurs pas hésité à critiquer ceux qui ont partagé ces fiches sur internet. "Divulguer ou relayer ce genre d’informations d’une extrême sensibilité est irresponsable, particulièrement dans un contexte de menace terroriste qui n’a jamais été aussi élevée", indique de son côté le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet.

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