"Il faut faire voir qu’on est forts contre eux, même s’ils nous ont pris un copain", témoigne Jacquy, rescapé de l'attaque de Trèbes
L'employé de la boucherie du magasin attaqué dans l'Aude témoigne lundi de sa volonté de rester "debout", malgré le choc et la douleur d'avoir perdu son chef de service dans l'attentat.
Les attaques de vendredi 23 mars dans l'Aude continuent de propager leur onde choc, en particulier à Trèbes, où Radouane Lakdim s'en est pris au personnel d'un supermarché, aux clients et au gendarme Arnaud Beltrame. Le chef du rayon boucherie du magasin fait aussi partie des quatre victimes du tueur. Son collègue, Jacquy, témoigne lundi de sa volonté de rester "debout", malgré le traumatisme.
La perte d'un chef, d'un copain
Jacquy ne donne pas de détails sur le huis clos tragique de vendredi dernier au Super U de Trèbes. Désormais, les autorités intiment aux employés du magasin de garder le silence. Ce boucher de 56 ans était le collègue de Christian, l’une des quatre victimes du tueur. Le chef de la boucherie est tombé sous ses yeux, abattu par l’assaillant. Très ému, toujours sous le choc, il souffle que "c’était très dur".
Jacquy dit avoir apprécié la solidarité, les hommages et les commémorations de ces derniers jours. Il en a besoin. "Depuis vendredi, on est tous ensemble", explique-t-il, précisant qu’il voit "tous les jours" les autres salariés du magasin. "On reste soudés", indique-t-il. Est-il imaginable de retourner travailler au Super U ? "On y pense, on en parle, mais on dit que ça va être dur."
On sera obligés d’y retourner un jour ou l’autre. Quand ? On ne sait pas, mais il faudra qu’on y retourne. On verra quand on y arrivera, mais ce sera dur.
Jacquy, boucher au Super U de Trèbesà franceinfo
L'émotion reprend le dessus quand on l'interroge sur son collègue Christian, 50 ans, le responsable de la boucherie du magasin, tué lors de l'attaque. "C’était surtout un copain. C’était mon chef, mais c’était un copain avant tout", insiste-t-il. Jacquy peine à contenir ses mots pour qualifier le terroriste qui lui a pris son ami. "C'est une saloperie qui tue des innocents, pas un terroriste. Pour moi c'est pas un humain, c'est une bête", lâche-t-il.
Jacquy veut se convaincre qu'il va tenir le coup, grâce à ses collègues, ses amis. "On se serre les coudes. On reste debout. On ne veut pas faire voir qu’on a peur de ces mecs-là", dit-il haut et fort. "On sera tout le temps debout, répète-t-il. Malheureusement, il y en a qui ne le sont plus, mais nous, oui. Il faut faire voir qu’on est forts contre eux, même s’ils nous ont pris un copain." "C’est un noyau, dit Jacquy pour désigner le groupe des employés du magasin, et on ne nous l’enlèvera pas."
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