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Procès du 13-Novembre : le journal de bord d'un ex-otage du Bataclan, semaine 29

David Fritz-Goeppinger fait partie de la douzaine de personnes prises en otage par les terroristes au Bataclan. Photographe, il tient son journal de bord pendant toute la durée du procès des attentats du 13-Novembre.

Article rédigé par franceinfo - David Fritz-Goeppinger
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 24min
Au Palais de Justice de Paris, où se tient le procès des attentats du 13-Novembre. (DAVID FRITZ-GOEPPINGER POUR FRANCEINFO)

Depuis le 8 septembre 2021 le procès des attentats du 13-Novembre se tient à Paris. David Fritz-Goeppinger, victime de ces attentats est aujourd’hui photographe et auteur. Il a accepté de partager via ce journal de bord son ressenti, en image et à l'écrit, durant les longs mois que durent ce procès fleuve, qui a débuté le mercredi 8 septembre 2021 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Voici son récit de la 29e semaine d'audience, celle qui voit le début des réquisitoires. 

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Les plaidoiries de la défense

Mardi 14 juin. Pas d’audience pour moi, hier. J’ai décidé de ne pas y aller, trop à faire dehors et pas assez d’énergie à consacrer au procès cette semaine, pourtant primordiale. J’ai beaucoup pensé aux trois jours de réquisitions, aux mots des avocats généraux, à la façon avec laquelle ils ont présenté cet état de fait, simple et acide : “Pour le mal, vous paierez et voici comment.” Au fond, les réquisitions résonnent comme la voix de l’État demandant des comptes à la Justice. Ce week-end, je me demandais : qu’en pense Jean-Louis Périès ? Qu’en pensent les magistrats qui les ont longuement écoutés ? Réponse dans deux semaines.

Pour ma part, j’ai toujours du mal à me remettre de ces trois jours qui marqueront résolument ma vie. Aussi parce qu’il y a quelque chose que je n’ai pas mentionné dans mon billet de vendredi. Peu après la reprise de l'audience, Nicolas Le Bris a cité le nom de nombreuses parties civiles venues déposer en octobre et il y a quelques semaines. Les noms des victimes tombent comme un couperet, leurs préjudices sonnent comme le tonnerre dans la salle d’audience, jusqu’à ce que j’entende mon prénom. J’ai le souffle coupé. Que va-t-il dire ? La voix posée et assurée de l’avocat continue : “Le témoignage de David a été très significatif”. Ma propre voix elle, a complètement disparu. J’ai été véritablement choqué d’entendre que mon témoignage en octobre dernier a accompagné la réflexion des trois avocats généraux. Qu’il a alimenté l’immense machine judiciaire que je suis depuis le mois de septembre. Je ne m’y attendais pas. C’est peut-être pour cela que je ne pèse pas encore l’importance de ce moment qui est pourtant si court comparé aux semaines entières de déposition des enquêteurs belges. Aux semaines entières d’audition où des experts, des témoins importants sont venus à la barre.

Je repense aux heures de travail et de préparation pour le 19 octobre et je me souviens de moi, aux côtés de mon épouse, et du travail au compte-fils sur cette déposition. Des jours avant, des semaines avant, l’angoisse de venir ouvrir la boîte de Pandore de l’attentat, face à tous. Le seul objectif, au fond, était que ma déposition serve. Aux victimes, à la Cour, au parquet, à quiconque. Et une chose est sûre, c’est qu’elle a été utile au moins à trois personnes, et j’en suis honoré.

Je ne suis pas venu à l’audience hier et je n’ai même pas suivi le premier jour des plaidoiries de la défense. Les semaines me semblent désormais trop courtes pour réussir à caser toutes les choses que j’ai à faire, et j’en profite pour prendre un peu de temps pour moi et écrire quelques lignes. Dans mon esprit, l’audience reste au centre de tout, comme une colonne vertébrale d’un quotidien qui ne demande plus qu’elle ne disparaisse. Ce quotidien justement, complètement dénaturé et déstructuré après dix mois, ne veut plus rien dire. Je me lève trop tôt, mais jamais trop tard, et mes nuits ne sont plus qu’un clignement d’yeux. J’en viens à me demander ce qu’il restera de ma vie après les dix mois, ce qu’il restera de tout ça. Mais j’ai hâte, hâte que cela prenne fin, hâte de revenir au mois d'août dernier –enfin, au moins en apparence.

Se tiennent cet après-midi plusieurs plaidoiries d’avocats de la défense, dont maîtres Haeri et Nogueras, qui défendent Mohamed Amri. J’avais photographié Negar Haeri il y a quelques semaines et à ce moment-là je me demandais comment elle défendrait son client face à la Cour. Alors que je retouche des photographies prises ce matin, j’écoute attentivement la plaidoirie de maître Sorrentino qui défend Abdellah Chouaa. L’avocat défend ardemment son client, plaidant sans relâche. Sur l’écran de retransmission on peut voir son client, l’un des trois accusés libres à l’audience, ému. À la fin de sa plaidoirie, le président annonce une suspension.

À la reprise de l’audience, maître Haeri s’avance à la barre pour plaider. Devant elle, d’épaisses notes imprimées sont posées sur le pupitre. L’avocate de la défense n’use pas de formules compliquées et ne pousse pas la voix, ce qui contraste avec maître Sorrentino. Negar Haeri démontre, à grand renfort d’exemples et textes de loi, que son client n’est pas radicalisé et n’est pas acquis à l’idéologie de Daesh. J’ai le sentiment que c’est l’axe de défense principal, avec en toile de fond : “Tous les accusés sont-ils de probables terroristes ? Étaient-ils au courant de tout ? Soupçonnaient-ils où, tout cela allait-il mener ?” Le rôle des avocats de la défense est compliqué et malgré leur maîtrise du dossier, leur éloquence, j’ai l’impression qu’ils ont collectivement accepté une mission impossible. Voix posée, Negar Haeri poursuit en faisant référence au “dol spécial” et au “dol général”. Deux notions de droit impératives pour retenir la responsabilité et l’intention des agissements qui enfreignent la loi. Les faits étaient-ils prémédités ? Mais encore, étaient-ils irrévocablement intentionnels voire profondément désirés ? Sans dol, pas d’intention me glisse Alexia, une proche amie élève-avocate.

J’ai rendez-vous à l’extérieur et je dois m’arracher de l’audience et de la plaidoirie de maître Haeri, pourtant fascinante.

À demain.

Au Palais de Justice de Paris.  (DAVDI FRITZ-GOEPPINGER POUR FRANCEINFO)


Réquisitions, en conséquence et au bénéfice

Jeudi 9 juin. Ce matin, je cours partout, et je ne parle pas de sport. La journée d’hier fut particulièrement rude et j'accuse le coup de deux courtes nuits de sommeil. Régulier, je continue à faire mes séances d'entraînement, qui sont devenues un véritable pilier de ma stabilité dans ces dix mois d’audience. Je traîne des pieds mais j’ai rendez-vous avec Aurore, chercheuse aux Archives nationales, qui m'attend dans le dispositif réservé à la presse, micro à la main.

Aujourd’hui, le parquet continue son exposé du réquisitoire. En quittant le Palais hier, j’ai réalisé que cette étape du procès ne nous était pas destinée, et j’ai même l’impression qu’elle nous écarte (de façon bienveillante) pour mieux s’exprimer. Grâce à l’écran de retransmission, je peux regarder les accusés de près. Ils sont tous silencieux et écoutent attentivement chacun des avocats généraux. À la reprise de l’audience, je comprends tout de suite que je ne veux pas être là. Je sors une première, une deuxième puis une troisième fois de la salle des criées. Je crois que c’est sans doute le moment de l’audience le plus difficile à vivre et toutes les parties civiles que je croise me le disent. Mais ce retour aux “faits” est nécessaire dans le mécanisme de la justice. Du coup, j’observe et essaye de suivre comme je peux. Le ton somme toute monocorde du parquet traduit une véritable dissection du dossier, millimètre après millimètre. Les avocats de la défense s’activent, notent, discutent entre eux. Lundi démarre l’avant dernier chapitre de ce grand procès. Et moi, j’ai l’impression d’avoir couru un marathon sur dix mois.

Je quitte le Palais, je n’arrive plus à suivre.

Vendredi 10 juin. Retour au Palais après une courte nuit. J’ai hâte que la semaine prenne fin, hâte de pouvoir enfin me reposer. Ce matin j’étais dans le studio de franceinfo, interrogé sur le procès, sur le journal et mon ressenti global. Après avoir quitté la Maison de la Radio, je m’arrête photographier la statue de la Liberté, comme un signe.

Le ciel à Paris, le 10 juin 2022, à quelques heures des réquisitions dans le procès des attentats du 13-Novembre. (DAVID FRITZ-GOEPPINGER POUR FRANCEINFO)

Je retrouve Delphine Gotchaux et Mathilde Lemaire* place Dauphine pour débriefer rapidement l’interview de ce matin et pour partager un court moment au soleil avant l’obscurité de l’audience. Ces deux derniers jours furent durs. Durs techniquement, durs à vivre, à écouter et à suivre. J’ai désormais la certitude que ce moment de l’audience ne nous est pas destiné mais que les lumières de la salle d'audience sont désormais braquées sur les 14 accusés présents. Cette restructuration de l’audience me fait penser à un Rubik’s cube dont les faces terminent les derniers mouvements, couleur après couleur.

J’ai l’impression de tenir debout grâce à la caféine qui coule dans mes veines. Mon épouse me rejoint avant l’ouverture de l’audience. Les bancs sont pratiquement pleins, la sonnerie retentit et Jean-Louis Périès, comme le chef d’un orchestre qui se produit depuis le mois de septembre, relance l’audience.

Nicolas Le Bris reprend la parole, stoïque et incisif à la fois. Il commence : “Pour revenir plus en détail sur cette soirée d'épouvante du vendredi 13 novembre 2015...” Et il développe ensuite chacune des actions enregistrées et versées au dossier. Bien que nous ayons entendu ces moments de la soirée de la bouche de nombreux acteurs, témoins, victimes venues à la barre, jamais le Parquet n’avait autant eu la parole. L’avocat général livre force détails avec une voix posée mais puissante. En le détaillant, je me souviens avoir lu que Nicolas Le Bris était de permanence le soir du 13-Novembre, que c’est lui qui est saisi dès lors que les premières explosions ont lieu au Stade de France. En y pensant, je n’ose même pas imaginer à quel point ces trois jours sont importants pour les trois magistrats du parquet antiterroriste. Comme s’il avait lu dans mes pensées, l’avocat général raconte : “Avec mes collègues, nous travaillons sur ces attentats quasiment depuis les premières minutes. Pourtant, je dois dire qu'avant d'entendre ces récits, nous n'avions pas pris toute la mesure de cette douleur.” Comme les deux précédents jours, le retour à l’origine est percutant : tout le monde sort sa loupe. Nicolas Le Bris, jusqu’ici monotone, marque l’histoire de l’audience en plaçant nos mots en son cœur. De la BRI au Raid, de la BAC 75N aux soignants, l’avocat général rend un hommage solennel à toutes les actions des intervenants : “La lâcheté pourrait être la devise de cette organisation terroriste. Ou même peut-être plutôt lâcheté et perversion. Quel contraste avec la bravoure et le courage des forces de l'ordre.” Face à la Cour, aux avocats de la défense et des parties civiles, il décortique ensuite les faits reprochés à Salah Abdeslam et en même temps, démonte point par point la stratégie de défense mise en place par ses avocats à l’audience. Je fais un rapide aller-retour avec la salle principale. Dans la grande pièce, aucun bruit, tous les regards sont vissés sur la robe noire de l’avocat général. Je m’assieds près de Bruno, Gwendal et Séb. Si les deux derniers jours ont été difficiles, c’est tout l’inverse aujourd’hui, j’ai même du mal à écrire en suivant le réquisitoire des avocats généraux. Nicolas Braconnay poursuit l’exposé du réquisitoire. Même force, même fluidité remarquable, même décorticage des faits dans toute leur longueur.

Après une suspension d’une demi-heure, c’est à Camille Hennetier que revient la lourde tâche de conclure ces trois jours de réquisition. L’avocate générale, qui porte une robe rouge et noire, s’exprime avec le calme et la pondération des deux derniers jours. Dans la salle des criées, les claviers des journalistes résonnent. L’avocate générale cite déclaration après déclaration des accusés à l’audience et va jusqu’à répondre directement à Salah Abdeslam au sujet de ses citations de Voltaire. Au sujet des peines de prison, Camille Hennetier précise que "nous savons parfaitement que la prison n'est pas le gage d'un désengagement immédiat (désengagement de la radicalisation.)” Mais elle estime que c’est “pour autant la seule réponse sociale acceptable pour protéger la société”.

Malgré ma fatigue et mon manque de concentration à l’audience, je sais que se déroule, face à moi, face à la cour, face à tous mes amis parties civiles l’un des moments les plus importants et profonds de notre histoire. Je dis "profond" car cet instant en l’espace d’un clin d'œil qui a duré trois jours touche à tous les sujets qui font de nous des victimes. Un jour par avocat général, dix mois pour ausculter à la loupe tous les maillons de cette chaîne mortifère. Les mots des magistrats du parquet national antiterroriste s'inscrivent dans nos frises chronologiques traumatiques avec fracas et puissance. Bien que je ne comprenne pas tout ce qu’ils disent, je sais que le droit et son apparente obscurité s'expriment au nom de la lumière, de la vérité. J’écris ces mots alors que Camille Hennetier entame la dernière partie du réquisitoire, les conclusions. Pédagogue, elle explique : “Le maximum encouru doit être prononcé du fait de l’exceptionnelle gravité des faits reprochés, le crime est d’une telle gravité que la sanction ne doit être qu’en adéquation avec cette gravité.”

J’écoute la suite avec attention. L’air est électrique, les peines requises tombent, s'égrènent et me donnent l’impression qu’elles chutent lourdement sur le parquet de la salle d’audience et résonnent dans le box. Grâce à l’écran de retransmission, je peux observer une partie du box et tenter de lire la moindre réaction de leur part. J’admets ne pas vraiment voir de différence comparé à aux autres jours. Peut-être se disent-ils que ce ne sont “que” les réquisitions, peut-être réalisent-ils enfin le mal qu’ils ont commis, j’ai peut-être tort sur toute la ligne. Les trois accusés libres à l’audience ne laissent rien transparaître non plus.

À la fin de sa réquisition, l’avocate générale cite le docteur Thierry Baubet, psychologue intervenu à l’audience. Et conclut, en direction de l’ensemble des participants à l’audience : “Ici c’est la justice et le droit qui ont le dernier mot.” Doucement, le temps dans la salle d’audience, du Palais de Justice même, reprend.

J’arrête l’écriture ici pour aujourd’hui, je suis fatigué et je vais me laisser le week-end pour essayer de soupeser la puissance des mots que j’ai entendus ces trois derniers jours.

À lundi.

*Delphine Gotchaux et Mathilde Lemaire sont toutes deux journalistes au service police justice de franceInfo.


Réquisitions - premier jour

Mercredi 8 juin. Après quelques cafés rapidement échangés place Dauphine avec Gwendal, nous nous engouffrons dans le Palais via l’entrée dédiée, rue du Harlay. Bien qu’il y ait beaucoup de journalistes et beaucoup de victimes, ce n’est pas la cohue que j’imaginais. À vrai dire, je me demande si la webradio est pleine.

Voilà, nous y sommes. Nous sommes à ce moment où le ministère public va s’exprimer sur les faits ainsi que sur les dix mois d’audience. Curieux, je cherche le mot “réquisitoire” dans le Larousse : “1. Plaidoirie du ministère public devant le juge répressif afin de requérir l'application ou non de la loi pénale envers le prévenu ou l'accusé.” Comme à chaque fois qu’un nouveau volet s’ouvre à l’audience, je vais dans la grande salle. La douce cohue qui y règne me rappelle les premiers jours. Les accusés sont tous occupés à échanger avec leurs avocats, la scène me donne l’impression d’être dans un film. Je discute avec Aurélie Silvestre et un ami avocat lorsque la sonnerie retentit. Le silence qui suit est sans équivoque : l’audience avance et nous avec.

Nous sommes assis près du prétoire, au quatrième rang. Je crois que je n’ai jamais été aussi près de la Cour. Le président arrive, solennel, et annonce la reprise de l’audience et après une constitution en partie civile, invite Camille Hennetier à démarrer ce que nous attendions tous depuis des mois, des années. L’avocate générale (difficilement reconnaissable puisque sans masque) commence par revenir sur les faits, les auditions de parties civiles, en cite même. À travers ce propos introductif, on sent que les trois avocats généraux ont été particulièrement touchés par nos témoignages à la barre et aussi, et simplement, touchés par le procès. Malgré mon envie d’écouter, j’ai du mal à suivre tant le propos est dense et contraste avec les interventions minutées des dernières semaines.

Après une intervention d’une demi-heure, l’avocate générale donne la parole à son collègue, Nicolas Braconnay, qui poursuit le propos introductif au réquisitoire. La projection en salle des criées rencontre quelques problèmes techniques, je cours dans la salle principale pour continuer à suivre son intervention. Les bancs sont noirs de monde, la salle s’est remplie au fur et à mesure. Nicolas Braconnay revient sur le profil psychologique des accusés et leur vécu. Il revient également sur un point intéressant, peu abordé durant l’audience : l’idéologie. Pour illustrer son propos, il cite Hannah Arendt (et précise qu’elle a souvent été citée à l’audience) : “La logique d’une idée, une idée qui se détache de ce qu’est le fonctionnement des idées, et qui finit par adopter sa propre logique, qui devient folle au sens où elle ne reconnaît plus de choses qui peuvent l’arrêter.” Et de préciser : “De quelle idéologie parle-t-on? Celle qui nous occupe est clairement identifiée. Elle s'affiche complaisamment dans les textes, les vidéos, les nasheeds.” Nicolas Braconnay continue sa véritable présentation sur la radicalisation et sur l’idéologie jihadiste. Au sujet de l’islamisme jihadiste, il donne une définition d’une justesse assez rare (en tout cas pour moi) : “Cette doctrine qui entend soumettre l'intégralité de l'espace social aux règles les plus rétrogrades (...) qui impose la religion par la violence, le combat, afin d’éliminer tout élément considéré comme impur.” Peu après, l’avocat demande au président de suspendre l’audience, demande acceptée par Jean-Louis Périès.

En colère, je m’extrais de la salle des criées. Pourquoi de la colère ? Parce que je voudrais avoir la force et le professionnalisme de pouvoir retranscrire mot par mot ce que j’entends des réquisitions. Mais comme à chaque fois, je n’y parviens pas, ou pas totalement. Pourtant, je sais que je ne suis pas journaliste, je le sais. Je n’ai pas de bouclage, je n’ai pas de chef de la rédaction. Ce n’est pas mon métier. Mais bien que j’en ai conscience, il y a des jours où cette bouée de sauvetage (qui est en fait un mirage), qui me permet de tenir les rênes, est inatteignable. C’est dans ces moments-ci que je goûte amèrement la chance de tenir ce journal. Journal qui me donne l’occasion de m’exprimer librement et sans contraintes sur ce que je vis, sans devoir quoi que ce soit à quiconque, même à moi. Pour passer le temps, je me balade dans le Palais et tente d’éloigner ma colère.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce début est particulièrement dense et que je ne suis pas le seul à éprouver des difficultés à suivre l’audience. Les lectures, comme celle de Nicolas Le Bris, qui poussent la technicité du dossier à son paroxysme sont difficiles à suivre, encore plus pour des oreilles profanes comme les miennes.

Il est 19h30 et Nicolas Le Bris continue de lire son réquisitoire. Je reste, mais stoppe là l’écriture de ce billet.

À demain.

Au Palais de Justice de Paris. (DAVID FRITZ-GOEPPINGER POUR FRANCEINFO)

David Fritz-Goeppinger. (FAO WARDSON)

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