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Procès des attentats du 13-Novembre : l'avocate de Salah Abdeslam dénonce les approximations et "les fantasmes" du parquet

Les avocats de Salah Abdeslam, seul membre des commandos du 13-Novembre encore en vie, ont pris la parole vendredi 24 juin. L'accusé numéro un du procès risque la perpétuité incompressible sans espoir de libération.

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les avocats de Salah Abdeslam, Martin Vettes et Olivia Ronen, arrivent à la cour d'assises spéciale de Paris, le 24 juin 2022 (YOAN VALAT / MAXPPP)

C'est la fin d'un marathon judiciaire entamé en septembre dernier devant la cour d'assises spéciale de Paris. Vendredi 24 juin, les avocats de Salah Abdeslam, Martin Vettes et Olivia Ronen, ont plaidé pour tenter d'éviter à leur client la perpétuité incompressible, "la peine la plus sévère du Code pénal".

Ce fut une audience bouleversante, complexe et rageante. À la barre, face à une salle bondée, Olivia Ronen a la lourde tâche de clore les plaidoiries de la défense. Elle dénonce les approximations, les fantasmes du parquet. "Bien entendu, nous nous attendons à une sanction lourde. Il a accepté de faire partie du commando. Salah Abdeslam n'était pas prévu pour le 13-Novembre. Il était une recrue de dernière minute. Je sais que c'est difficile à croire et c'est pour suivre son frère Brahim". Elle insiste sur son renoncement à se faire exploser dans un café du 18e arrondissement. "Il a expliqué avoir renoncé par humanité, poursuit l'avocate. Non pas par lâcheté. Une morsure de la conscience. Alors, qu'une perpétuité soit requise, on perd tout sens de la mesure !" affirme-t-elle.

Et l'avocate revient sur les conditions de détention de Salah Abdeslam depuis six ans : "Neuf mois sans contact, sans dire un seul mot. L'homme est un animal social, dit Olivia Ronen. Vous lui enlevez le social et ce n'est plus qu'un animal. Un plexiglas sur sa fenêtre, deux caméras sur lui, il sera scruté à chaque minute qu'il mange, qu'il se douche, qu'il se soulage. Cela fait six ans, 2 250 jours et 54 000 heures de film. Tout ça pour qu'il arrive vivant à son procès, monsieur le Président !"

"Une peine terrible, une peine de mort lente"

Puis elle en vient à la peine requise par le parquet contre Salah Abdeslam, "la plus sévère qui existe dans le Code pénal. Peut-on donner la même peine à l'exécutant et aux commanditaires de Daech ? demande-t-elle. Ces dix mois n'auraient servi à rien."

"Vous n'avez pas vu l'armure se fendiller ? poursuit Olivia Ronen. Salah Abdeslam avait l'habit du combattant de Daech, il a trouvé de quoi s'habiller autrement, au terme de neuf mois d'audience. Et pourtant, la perpétuité incompressible... Pourquoi on mettrait un double verrou à sa peine ? C'est une peine terrible, une peine de mort lente, une mort blanche. Alors je vous demande d'appliquer le droit. Si vous suivez le parquet, c'est le terrorisme qui a gagné et tout ceci n'aura été qu'une farce", conclut l'avocate. Le verdict sera rendu le 29 juin.

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