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Attentats de Paris : qui est Samy Amimour, le jeune homme "sérieux et apprécié" de Drancy, devenu kamikaze ?

Dans sa jeunesse, il était bon élève, discret, "très gentil", issu d'une famille banale, laïque et éduquée. Pourtant, après s'être radicalisé, il était parti en Syrie le 11 septembre 2013, pour faire le jihad. 

Article rédigé par franceinfo
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L'immeuble de Drancy (Seine-Saint-Denis) où a vécu Samy Amimour, l'un des terroristes du Bataclan, photographié le 16 novembre 2015. (ELIOT BLONDET / AFP)

Samy Amimour est mort vers 00h20, samedi 14 novembre, tué dans l'assaut de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) dans une petite pièce située au premier étage du Bataclan. L'attaque de la salle de spectacle parisienne, à laquelle il a participé avec au moins deux complices, a fait 89 morts et des dizaines de blessés. Beaucoup de jeunes Parisiens, comme Samy Amimour lui-même, né le 15 octobre 1987 dans la capitale.

Le jeune homme, présenté comme "très gentil" par des proches, s'était radicalisé en France, avant de quitter sa famille et leur domicile de Drancy (Seine-Saint-Denis), le 11 septembre 2013, pour faire le jihad en Syrie. Francetv info dresse son portrait.

Samy Amimour, 28 ans, fait partie des terroristes qui ont attaqué la salle de spectacle parisienne, Le Bataclan, vendredi 13 novembre 2015.  (HO / AMIMOUR FAMILY)

"Quelqu'un de bien, quelqu'un comme nous"

Libération décrit une "en enfance banale : école, club de judo, potes." Enfant, Samy Amimour se fait plutôt remarquer pour ses qualités, notamment au collège Paul-Bert de Drancy, où il est scolarisé. "C'était quelqu'un de bien, bon élève. Quelqu'un comme nous, très naturel" témoigne un ancien camarade de classe. "Samy était bien éduqué, il avait du vocabulaire, c'était pas un de ceux qui font les cons dans le quartier", renchérit une voisine. Une proche de la famille, citée par l'AFP, garde le souvenir d'un jeune apprécié. "Tout le monde l'aimait", dit-elle, décrivant "un mec en or".

Pour le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde (UDI), Samy est un "jeune homme bien élevé, poli, sportif, habillé à la mode. La famille Amimour, ce n'est pas la famille Merah, ce sont des gens parfaitement normaux." A la maison, où il grandit avec ses deux sœurs, on fête "Noël autant que l'Aïd", et on pratique peu sa religionSa mère, féministe, raconte Le Monde et "parfaitement laïque", selon Jean-Christophe Lagarde, était très engagée dans la vie associative locale, notamment via l’association culturelle berbère. "Comme sa plus jeune fille, [elle] avait été employée par la mairie de Drancy comme auxiliaire de vie scolaire", poursuit Le Monde. Quant à la sœur ainée de Samy, qui vit désormais à Dubaï, elle sort le soir avec des amis, faire la fête dans des boîtes de nuit parisienne.

A l'époque, le jeune homme ne connaît pas l'arabe. "Je l’ai emmené à Dubaï, en voyage, en 2006. Il venait de commencer à faire la prière presque en cachette, parce que personne ne la faisait à la maison", se souvient son père, Azzedine, interrogé par le quotidien. Ce dernier, un homme "lettré et polyglotte", vendeur de vêtements en Seine-Sans-Denis, "l'accompagnait à la mosquée, lui traduisait des textes, histoire de partager quelque chose avec lui", raconte sous couvert d'anonymat une amie de la famille.

"Il donnait l'accolade aux salafistes"

Après avoir décroché un bac littéraire, Samy Amimour signe en 2011 un contrat à la RATP, où il reste 15 mois. Il prend le volant du bus 148 qui relie Bobigny à Dugny, en Seine-Saint-Denis. Selon l'AFP, c’est à cette période qu'il se radicalise, essayant d’imposer le voile à sa mère et à ses deux sœurs, passant des heures sur internet devant des vidéos en arabe. Cités par Libération, ces anciens collègues disent ne s'être aperçus de rien et décrivent à nouveau un jeune homme discret. En 2012, il quitte son emploi et change de look : il porte la djellaba et le bouc. "Un jour du ramadan, je l’ai accompagné à la mosquée du Blanc-Mesnil, qu’il fréquentait. Il donnait l’accolade aux salafistes… " se souvient son père, cité par Le Monde.

En septembre de la même année, il est interpellé par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), accusé d'avoir planifié un voyage au Yémen. Mis en examen pour "association de malfaiteurs" et placé sous contrôle judiciaire, il pointe chaque semaine au commissariat de Drancy, explique Libération. Son interpellation, menée sous les yeux de ses parents et de sa jeune sœur, a été "traumatisante", explique sa famille. "Quand ils l'ont ramené à la maison, il m'a dit : 'Papa, j'ai rien fait'. Il allait sur des sites islamistes. C'est pas interdit", affirme son père.

Quelque mois plus tard, le 11 septembre 2013, il raconte à son père qu'il part en vacances dans le sud de la France. En réalité, il part faire le jihad. "La veille, alors que je m'apprêtais à partir, il m'a fait la bise. D'habitude, c'était 'Salut, bonne route'", raconte son père dans Le Monde. Quelques jours plus tard, Samy Amimour téléphone à ses parents : "Ne me cherchez pas, je suis en Syrie." Un mandat d’arrêt international est alors lancé contre lui. 

"Je ne veux pas qu’il reste toute sa vie là-bas"

Le cauchemar commence pour la famille Amimour. A Drancy, sa petite sœur, Mouna, qui travaille dans une école maternelle, frappe à toutes les portes, y compris à celle du maire et de l'imam Hassen Chalghoumi, sans résultat. C'est "une famille qui a vu son fils lui échapper et qu'on n'a pas aidée", a déploré Jean-Christophe Lagarde, député-maire (UDI) de Drancy. "Comment quelqu'un à qui on a retiré son passeport, qui est théoriquement surveillé, peut-il franchir la frontière ?"  s'est-il encore interrogé lors d'une conférence de presse.

Pour tenter de faire revenir son fils, Azzedine Amimour se rend en Jordanie, où il rencontre un "émir haut placé de Daech" : "Ton fils, je peux te le sortir en 48 heures. A une condition: qu'il me le demande", lui dit-il. En juin 2014, il parvient enfin à voir son fils : il va à sa rencontre à Mambij, à quelques kilomètres d'Idleb (Syrie). Et il retrouve son fils transformé, froid, raconte-t-il à un journaliste du Monde, rencontré à son retour. "Je ne veux pas qu'il reste toute sa vie là-bas", lui dit-il.

Or, Samy se dit "heureux", en Syrie. Il y a épousé une Française, avec qui il a fait un enfant. Il se fait désormais appeler Abu Hajia, ce qui signifie "la guerre". Mi-octobre, Azzedine se préparait à un ultime voyage pour récupérer son fils. Sa mère insistait pour y prendre part, espérant pouvoir le convaincre. Samy est finalement rentré sans les prévenir pour commettre, avec six autres kamikazes, les attentats les plus meurtriers de l'histoire de France.

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