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Attentats de Paris : "La France est à la traîne en matière de secourisme"

Sommes-nous préparés à réagir rapidement sur les lieux d'un drame ? Pour Kamel Mohssni, formateur au sein du Comité français de secourisme, "les Français manquent de pratique".

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Céline Bernatowicz
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Un exercice de securite civile organise à Bordeaux, le 9 novembre 2015. (THIBAUD MORITZ / MAXPPP)

Avant les urgences, les premiers soins. Mais en situation de crise, les bons réflexes ne s'imposent pas toujours, surtout lorsque l'on ne détient aucun diplôme de secouriste. Selon Le Monde, Marisol Touraine aurait qualifié la prise en charge des victimes de "parfaite". Pourtant, pour beaucoup de témoins, il aura fallu faire face à leur impuissance. Des vies auraient-elles pu être sauvées lors des attentats de Paris si les Français avaient bénéficié d'une formation obligatoire ? L'avis de Kamel Mohssni, secouriste et formateur au sein du Comité français de secourisme, à Paris.

Francetv info : Depuis les attentats de vendredi 13 novembre, les Français se sont montrés davantage intéressés à l'idée de suivre une formation de secouriste, auraient-ils pu limiter le nombre décès en réagissant plus rapidement ?

Kamel Mohssni : Il ne faut pas avoir des regrets. Alerter les secours, c'est déjà un geste citoyen. Et vu la nature des événements, on ne peut pas reprocher le manque de réaction de certains témoins. Pour ce qui est des sollicitations, il y a eu un élan, c'est vrai, que ça soit pour devenir secouriste bénévole, ou pour suivre les leçons des premiers secours. Les Français ont toujours fait preuve de curiosité pour le secourisme... Sauf qu'ils ne passaient jamais vraiment à l'acte. Ces événements tragiques ont provoqué un déclic.

Maintenant, on ne va pas enseigner spécifiquement aux stagiaires comment réagir lors d'un attentat terroriste, sauf si les pouvoirs publics venaient à en décider autrement. La formation se calque sur un programme national. Le contenu que l’on délivre reprend les accidents du quotidien, par thématique.  Mais les formations se veulent avant tout interactives, on recherche l'échange et le partage pour un meilleur enseignement. Donc s'il y a des sollicitations de la part des stagiaires, les formateurs y répondront.

Les formations sont-elles adaptées à des évènements d'une telle ampleur ? 

Le stage de prévention et secours civique (PSC1) se déroule en sept heures seulement, sur une journée. L'essentiel, c'est que les participants soient formés pour affronter n'importe quelle conséquence, en l’occurrence : des hémorragies, des plaies graves, des personnes inconscientes qui respirent ou en arrêt cardiorespiratoire.

Maintenant, il y a le facteur "stress" qui joue. La gestion de l'adrénaline est difficile à enseigner et à cadenasser. Certaines personnes reviennent parfois en formation et me disent s'être figées face à un accident. La meilleure solution pour pallier un tel problème reste la répétition récurrentes des exercices, ce qui aura pour effet d'engendrer un automatisme, une spontanéité au niveau des gestes qui se manifestera en temps voulu. Si les automatismes et les connaissances sont suffisamment consolidés, on pourra alors espérer obtenir de meilleurs résultats. Le problème, c'est qu'une fois la formation achevée, elle n'est pas renouvelée. Les Français manquent de pratique, et leur savoir finit par s’effriter.

Que pourrions-nous mettre en place pour garantir une formation de qualité sur le long terme ?

Dans un premier temps, il devrait y avoir plus d'initiations, de stages ou de formations dans le cadre des cursus scolaires. Actuellement, la France est à la traine, par rapport aux pays scandinaves, par exemple. Et en essayant tant bien que mal de rattraper son retard, elle fait ce qu’on appelle de l’enseignement de masse qui ne permet, ni un approfondissement, ni un suivi. 

On pourrait ensuite imposer une mise à jour du diplôme de secouriste lors de l'examen pratique du permis théorique, avant de le revalider au sein de son entreprise, si le code du travail s'y applique. Ça permettrait un réel suivi du secourisme sur le long terme, de la petite enfance à la retraite. 

C'est un problème de budget, et de priorités. On investit davantage dans la sécurité routière, qui effectivement sauve des vies, que dans le secourisme, qui pourrait en sauver bien plus.

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