Attentat de Nice : "Le terroriste a repéré son parcours et calculé ses trajectoires"
Mediapart a publié cette semaine, un article sur l'attentat de Nice en juillet dernier. D'après le journaliste Matthieu Suc, le terroriste avait bien effectué plusieurs repérages sur la promenade des Anglais avant de passer à l'acte.
Christian Estrosi, le premier adjoint (LR) à la mairie de Nice et président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, veut déposer plainte en diffamation contre Mediapart après la diffusion d'une enquête sur la préparation de l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016 qui a fait 86 morts. Le site d'information a eu accès à des extraits de vidéosurveillance datant des jours précédant l'attaque. On y voit le camion de 19 tonnes conduit par Mohammed Lahouaiej Bouhlel passer à plusieurs reprises sur la promenade des Anglais, en enfreignant les règlements municipaux, pour y effectuer des repérages glaçants.
Une enquête qui pose question sur l'efficacité du système de vidéosurveillance mis en place par l'ex-maire de Nice, comme l'explique l'un de ses co-auteurs. Matthieu Suc répond à franceinfo.
franceinfo : Que peut-on voir sur ces extraits de vidéosurveillance ?
Matthieu Suc : Il apparaît que le terroriste, en trois jours, va faire onze passages, essentiellement entre 6 heures et 7 heures du matin et qu'il fait ces passages sur la promenade des Anglais, sur la chaussée, ce qui est déjà interdit par le règlement municipal. Par ailleurs, il va monter sur le trottoir sur l'esplanade de la promenade et il y passe trois fois, cumulées sur une demi-heure. Il va repérer en fait, son parcours, calculer ses trajectoires.
Le terroriste va faire onze passages en trois jours [sur la promenade], essentiellement entre 6 heures et 7 heures du matin
Matthieu Suc, journaliste à Mediapart
On explique d'ailleurs, qu'il essaye de voir s'il peut passer sous une pergola qui se situe en face de l'hôtel Le Negresco, mais il constate qu'il ne peut pas y aller. Ce qui est terrible, c'est que le soir de l'attentat, il fauche des gens sur le trottoir de la promenade et quand il arrive au niveau de la pergola, il fait un écart, va sur la route et dès qu'il a passé la pergola, il retourne sur le trottoir pour re-faucher des gens. Donc ces repérages ont eu des conséquences malheureusement dramatiques en terme de vies humaines. Il ne s'agit pas de faire porter le chapeau à tel ou tel individu mais de voir ce qui n'a pas marché, comme dans chaque attentat, pour essayer d'éviter le prochain.
Il y a déjà eu beaucoup de polémiques autour de la sécurisation de la promenade des Anglais. Votre article arrive déjà dans un contexte très sensible...
Encore une fois, que les hommes qui étaient derrière les caméras de vidéosurveillance aient pu avoir une absence, ce n'est pas le problème. Ça arrive à tout le monde. Il ne s'agit pas de faire de mauvais procès. En revanche, au lendemain du drame, Christian Estrosi va instrumentaliser un certain nombre d'informations pour mettre en cause l'État, alors qu'en fait, il y a eu un rapport de l'IGPN par la suite, qui établit qu'il n'y a pas eu de faillite ni de faute de l'Etat. Donc, il s'agissait de remettre tout ça un peu en perspective.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.