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Bas-Rhin : ce que l'on sait de la profanation d'un cimetière juif à Westhoffen

Depuis plusieurs mois, l'Alsace est confrontée à une multiplication de graffitis à caractère antisémite ou raciste. Franceinfo fait le point sur ces nouvelles profanations qui s'inscrivent dans une longue série.

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Plusieurs tombes profanées dans le cimetière de Westhoffen (Bas-Rhin), le 3 décembre 2019.  (PATRICK HERTZOG / AFP)

Consternation à Westhoffen. Dans le cimetière de la commune du Bas-Rhin, 107 tombes juives ont été profanées, mardi 3 décembre, recouvertes de tags représentant des croix gammées. "Nous ferons en sorte que les auteurs soient condamnés", a assuré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, mercredi, lors d'une visite sur place.  

Depuis plusieurs mois, l'Alsace est confrontée à une multiplication de graffitis à caractère antisémite ou raciste. Où en est l'enquête sur cette dernière affaire ? Quelles sont les pistes ? Quelles ont été les réactions ? Franceinfo fait le point sur ces nouvelles profanations qui s'inscrivent dans une longue série.

Que s'est-il passé ? 

Mardi 3 décembre, des inscriptions antisémites et des croix gammées ont été découvertes sur une centaine de tombes. Au total, 107 pierres tombales ont été profanées à l'aide de bombes de peinture dans ce cimetière, qui en compte 700 au total. Le nombre "14", considéré comme un symbole suprémaciste blanc, a par ailleurs été retrouvé sur l'une des tombes, a précisé la préfecture.

Le lieu abrite les sépultures de la famille de Jean-Louis Debré, l'ex-président du Conseil constitutionnel. Les tombes de membres des familles de Karl Marx ou de l'ancien président du Conseil socialiste Léon Blum s'y trouvent aussi. 

Plus tôt, d'autres tags antisémites avaient été observés dans une commune voisine. Pierre Geist, le maire de Westhoffen, a dit son écœurement : "Ce cimetière est là depuis des siècles. Il ne s'est jamais rien passé et aujourd'hui, on le profane avec des croix gammées. C'est honteux, c’est lamentable." 

Où en est l'enquête ? 

Quelques heures après la découverte des tombes profanées, une enquête préliminaire a été ouverte, a indiqué le parquet de Saverne (Bas-Rhin). Les investigations ont été confiées à une cellule spécialisée de la gendarmerie, a précisé le parquet de cette ville au nord-ouest de Strasbourg, dont dépend judiciairement Westhoffen. De leur côté, les gendarmes ont lancé un appel à témoignages.

Pour le moment, l'enquête n'en est qu'à son commencement. Fait étrange, Westhoffen a été évoqué à deux reprises, à plusieurs jours d'intervalle, dans d'autres tags antisémites dans une autre commune du Bas-Rhin. Ce sont d'ailleurs des tags trouvés mardi matin à Schaffhouse-sur-Zorn, selon la préfecture, qui ont conduit les gendarmes à se rendre à Westhoffen, où ils ont découvert la profanation.

Selon le parquet, cette profanation s'inscrit dans un "phénomène sériel", avec plusieurs actes similaires perpétrés les semaines précédentes dans des villages du secteur. Des croix gammées et inscriptions hostiles aux réfugiés ont été signalées à Reutenbourg il y a deux semaines. Le 26 novembre, d'autres tags antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie-école de Rohr, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen. 

Ces profanations rappellent aussi d'autres faits : les tags retrouvés sur les mairies de Thal-Marmoutier et Haegen en juillet 2018, sur la maison du maire de Brumath en novembre 2018, sur la permanence du député Bruno Studer à Schiltigheim en janvier 2019, sur un centre de demande d'asile strasbourgeois en janvier 2019 également et sur la mairie de Schirrhoffen en juillet 2019. France 3 Grand Est évoque aussi un probable lien avec la profanation du cimetière juif d'Herrlisheim en décembre 2018 et les dégradations commises à la synagogue de Mommenheim en mars 2019. 

Quelles ont été les réactions ?

Cette nouvelle profanation a provoqué une vague d'indignation. "L'antisémitisme est un crime et nous le combattrons, à Westhoffen comme partout, jusqu'à ce que nos morts puissent dormir en paix", a tweeté le président Emmanuel Macron dans la soirée de mardi. 

"Les communautés ici ont toujours vécu en harmonie, je suis consterné quand je vois ça, s'est indigné Pierre Geist, le maire de Westhoffen. Ici ont vécu des gens célèbres, des gens qui sont issus de cette terre d'Alsace qui ont façonné la France, des gens reconnus au niveau national. Et quand je vois l'état de leur tombe, ça me fait mal au cœur, je suis déçu qu'il existe des gens aussi misérables qui puissent salir la mémoire des hommes de cette façon-là, c'est honteux."

Interrogé par France Bleu Alsace, Jean-Louis Debré a dit sa "colère devant ces gestes ignobles, scandaleux et révoltants". "Il n'y a pas de nom pour qualifier ce qu'ont fait ces personnes, a-t-il poursuivi. C'est une insulte à la mémoire, une insulte à ces femmes et à ces hommes qui ont honoré la France et sont enterrés à Westhoffen". 

Ce qui s'est passé est un coup de poignard, j'ai honte et j'ai vraiment envie de pleurer.

Jean-Louis Debré

à France Bleu Alsace

Avec Jean-Louis Debré, Christophe Castaner s'est rendu sur place mercredi. En marge de son déplacement, il a annoncé la création d'un "Office national de lutte contre la haine" qui sera "chargé de coordonner pour la gendarmerie nationale à la fois cette enquête pour que tous les moyens nationaux soient mobilisés mais aussi l'ensemble des enquêtes pour les actes antisémites, antimusulmans, antichrétiens". 

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