: Vidéo Racisme au dépôt du tribunal de Paris : le brigadier lanceur d'alerte sanctionné
Jusqu'à son témoignage en 2020, Amar Benmohamed était un brigadier-chef sans histoires. Dans "Envoyé spécial", il raconte ce qu'il a vu et dénoncé : des insultes racistes et des maltraitances envers les détenus du palais de justice de Paris.
En 2020, le brigadier-chef Amar Benmohamed a dénoncé les dérapages de certains de ses collègues envers les détenus du tribunal de Paris. Plusieurs d'entre eux auraient fait régner la terreur pendant deux ans dans la zone que l'on appelle "le dépôt" – il s'agit des cellules en sous-sol où les personnes déférées attendent, souvent dans la tension et l'angoisse, de comparaître devant le juge.
Des insultes racistes diffusées par haut-parleur
Selon son récit, de jeunes collègues tout juste sortis de l'école de police "se permettaient déjà des insultes, souvent sur les Maghrébins, les Africains… (...) ; des 'Ferme ta gueule, sale bougnoule', 'Va mourir, sale Négro'..." Une nuit, deux jeunes policières qu'il décrit comme particulièrement agressives sont allées jusqu'à réveiller les 200 détenus du dépôt, à coups d'insultes racistes diffusées dans les haut-parleurs.
"Vers 2h30 du matin, raconte Amar Benmohamed, il y a un appel général qui a été fait avec le micro, au haut-parleur qui touche les deux étages [du dépôt]. Et le message était : 'Debout les bougnoules et les négros, il est l'heure de se réveiller, on en a marre de vous.' Voilà, à deux reprises."
Suite à ses révélations, le parquet de Paris ouvre une enquête pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique. Tous les faits dénoncés par Amar Benmohamed sont confirmés par ses collègues devant les enquêteurs. Cette démarche, qui vaut au brigadier-chef des menaces sur les réseaux sociaux, s'apparente à celle d'un lanceur d'alerte. Sera-t-il soutenu par sa hiérarchie ?
Sanctionné pour avoir tardé à signaler les faits
Quelques jours plus tard, en commission parlementaire, son ministre de tutelle, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin évoque la possibilité de sanctions... contre lui, pour avoir tardé à signaler les faits.
Amar Benmohamed affirme pourtant avoir alerté ses supérieurs à plusieurs reprises. D'abord oralement, après avoir constaté les dérapages. Mais aussi par écrit, dans un rapport remis à son chef en mars 2019, qu'"Envoyé spécial" a pu consulter. Le brigadier-chef y livre les noms des deux policières accusées d'insultes et de maltraitances.
Ces deux policières ont été mutées et sanctionnées par un avertissement... mais pas révoquées. Quant à Amar Benmohamed, il a quant à lui écopé d'un avertissement. Dans un courrier daté de janvier 2021, sa hiérarchie lui reproche d'avoir manqué à son devoir d'obéissance, en n'ayant pas alerté ses supérieurs suffisamment tôt.
Extrait de "Police : les messages de la haine", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 22 avril 2021.
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