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Propos de Gérald Darmanin sur les violences policières : "Je l'ai pris en plein cœur", témoigne la veuve de Cédric Chouviat

Le ministre de l'Intérieur "fait preuve d'un cynisme incroyable et d'une méchanceté gratuite", estime Doria Chouviat, qui a choisi franceinfo pour réagir.

Article rédigé par franceinfo
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Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, à l'Assemblée nationale, le 28 juillet 2020. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Doria Chouviat, la veuve de Cédric Chouviat, mort lors d'une interpellation par des policiers en janvier à Paris, explique mercredi 29 juillet à franceinfo avoir "pris en plein cœur" les propos du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin mardi devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale, quand il a déclaré que "quand j'entends 'violences policières', je m'étouffe". Cédric Chouviat a répété "J'étouffe" à sept reprises pendant l'interpellation avant de mourir.

"Je l'ai pris en plein cœur. Ça m'a fait mal au cœur, vraiment, a-t-elle réagi. Je ne pense pas que ce mot ait été choisi au hasard. (…) C'est une manière de nous mépriser parce que le fait que les policiers n'aient pas été suspendus, c'est déjà un premier mépris. Et à son échelle, par rapport aux décisions qu'il peut être amené à prendre, et là carrément jouer avec les mots, c'est décevant."

Je ne comprends pas comment, en tant que ministre, on peut s'amuser comme ça. Il fait preuve d'un cynisme incroyable et d'une méchanceté gratuite.

Doria Chouviat

à franceinfo

"Je pense que c'est une manoeuvre. C'est peut-être sa manière à lui de faire un clin d'oeil aux membres des forces de l'ordre - du moins aux mauvais parce qu'ils existent - et de cautionner d'une certaine manière", pour Doria Chouviat. Elle pense aussi que c'est une façon de "faire diversion", "comme il a des problèmes", déclare-t-elle en faisant allusion au fait qu'il est visé par une enquête pour viol et que de nombreuses féministes dénoncent sa nomination sur les réseaux sociaux et lors de manifestations.

"C'est décevant venant d'un ministre"

"C'est décevant venant d'un ministre, surtout vis-à-vis d'une famille endeuillée, en sachant qu'il y a des enfants. Cédric, c'est un père, c'est un frère, c'est un mari, c'est un ami. C'est Monsieur tout le monde", continue-t-elle, en demandant à Gérald Darmanin de se mettre "ne serait-ce qu'un peu à notre place" et imaginer ce que cela lui ferait "si son père ou son fils, un être qui lui est cher, était mort de la même manière que mon époux en étant étranglé par un policier en toute impunité pour l'instant."

Le mot "j'étouffe" a fait pas mal de vagues, même au-delà des frontières, et on ne devrait pas s'amuser avec ça. Un minimum de décence.

Doria Chouviat

à franceinfo

"Je suis contente qu'il ne fasse pas partie des juges qui traitent l'affaire" de la mort de son mari", lance-t-elle, rappelant qu'il y a des "faits avérés" de violences policières et que la mort de son mari est un "flagrant délit" puisqu'elle est filmée par des caméras de vidéosurveillance.

"Je le laisse avec sa conscience", conclut-elle, en estimant ses propos "honteux" mais que Gérald Darmanin "ne se fait du tort qu'à lui-même".

Ecoutez la réaction de Doria Chouviat au micro de Stéphane Pair

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