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Mort de Cédric Chouviat : un an après, l'avocat de la famille dénonce "une volonté de protéger systématiquement les auteurs des faits"

Ce livreur est mort lors d'un contrôle de police, le 3 janvier 2020 à Paris. Un an après, ses proches tentent toujours d'obtenir justice. Une marche blanche est organisée dimanche.

Article rédigé par franceinfo
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L'avocat Arié Alimi, en novembre 2014. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Systématiquement dans les dossiers de violences policières, il y a une volonté de protéger les fonctionnaires de police auteurs des faits", dénonce sur franceinfo maître Arié Alimi, l'un des avocats de la famille de Cédric Chouviat. Le 3 janvier 2020 à Paris, ce livreur de 42 ans est décédé après un contrôle policier. Un an après, une marche blanche est organisée dimanche 3 janvier à Paris.

Alors que trois des fonctionnaires impliqués ont été mis en examen pour homicide involontaire et une quatrième placée sous le statut de témoin assisté, "aucune suspension de ces policiers n'a été prononcée" de la part de leur hiérarchie, regrette l'avocat.

franceinfo : Serez-vous présent à cette marche blanche, et quel message voulez-vous porter ?

Arié Alimi : Oui, je serai présent aux côtés de la famille, mais également aux côtés des collectifs de victimes de violences policières, qui sont malheureusement de plus en plus nombreux, ainsi que de la coordination "Stop loi sécurité globale". Plutôt qu'un message, je porterai plutôt des interrogations. Quelle est cette société dans laquelle le calendrier se remplit de dates de commémoration de victimes de violences policières un peu plus chaque jour ? Quelle est cette société qui tente de dissimuler à chaque fois qu'il y a une victime de violences policières ? On l'a vu pour Cédric Chouviat après que la préfecture, juste après son décès, ait tenté de dissimuler les raisons de sa mort en disant qu'il avait eu un simple malaise cardiaque.

Quelle est cette société qui refuse aux victimes de violences policières une reconnaissance et dont la parole n'a plus véritablement de sens ? On le voit avec le ministre de l'Intérieur, qui nous avait reçus avec la famille Chouviat au tout début, en disant que s'il y avait des informations véritable sur les raisons de sa mort, les policiers seraient suspendus. Et aujourd'hui encore, alors même que nous savons les raisons pour lesquelles il est mort, c'est-à-dire une fracture du larynx, aucune suspension de ces policiers n'a été prononcée. Voilà toutes les questions et les raisons pour lesquelles nous serons là.

Estimez-vous que ces policiers soient couverts ?

Ils ne sont pas couverts par l'institution judiciaire, puisqu'il y a des juges d'instruction indépendants qui font parfaitement bien leur travail, qui ont fait une instruction importante. Malheureusement, dans la hiérarchie policière, c'est trop souvent le cas, lorsqu'il y a des victimes de violences policières, il y a une volonté de dissimulation. Dans le dossier de Cédric Chouviat, c'est assez révélateur. Le conjoint d'une des fonctionnaires de police, ça a été révélé par Médiapart, a organisé le mensonge.

Un mensonge qui va être prorogé par la préfecture de police dans un communiqué de presse en disant qu'il n'y avait eu qu'un simple malaise cardiaque, alors qu'on sait dès l'origine que c'est une fracture du larynx et un étouffement qui l'a tué, avec un plaquage ventral. Systématiquement dans les dossiers de violences policières, il y a une volonté de protéger les fonctionnaires de police auteurs des faits.

Trois de ces policiers mis en cause ont été mis en examen, est-ce que cela veut dire que, selon vous, l'enquête avance et qu'elle progresse bien ?

Bien sûr qu'elle progresse. Elle progresse très bien. J'ai rarement vu une instruction menée tambour battant à ce point, avec une précision et une rigueur d'enquête. Donc la famille est satisfaite du déroulement de l'enquête. Elle attend bien évidemment l'issue, c'est-à-dire un procès, pour qu'il y ait une vérité judiciaire qui soit dite. Mais elle a aujourd'hui une autre ambition. C'est aussi celle de toutes les victimes de violences policières. Et c'est la raison pour laquelle elle s'est associée à tous les collectifs de familles, au collectif "Stop loi sécurité globale", pour dire qu'il faut que cela cesse et qu'il n'y ait plus de victimes de violences policières.

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