Cet article date de plus de deux ans.

Refus d'obtempérer à Paris : "Est-ce qu'on arme des gens correctement formés ?", s'interroge l'avocate de la passagère dont l'amie est morte

Maître Marie Violleau, avocate de la passagère arrière de la voiture visée par des tirs des forces de l'ordre à Paris samedi, estime que des policiers qui font usage de leur arme "à 10 heures du matin, dans un quartier bondé, cela pose question sur la sécurité des gens en France."

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des policiers ont ouvert le feu sur une voiture ayant refusé un contrôle de police, le 4 juin 2022 à Paris. (PAULINE DARVEY / MAXPPP)

On entend que "le seul son de cloche policier", regrette mardi 7 juin sur franceinfo Maître Marie Violleau, avocate de la passagère arrière de la voiture visée par des tirs de policiers samedi, après un refus d'obtempérer dans le 18e arrondissement de Paris. Ces quatre derniers jours, "on a entendu un tas de choses mais ça reste un seul son de cloche", présenté par "une partie des syndicats de police" et des responsables politiques, insiste l'avocate.

>> Paris : ce que l'on sait de la mort de la passagère d'une voiture, tuée par balle par des policiers dénonçant un refus d'obtempérer

La passagère avant de la voiture, une femme de 21 ans a été tuée. Le conducteur âgée de 38 ans est grièvement blessé. La cliente de Me Violleau, âgée de 21 ans également, n'a pas été blessée mais elle est choquée. Les deux jeunes femmes avaient rencontré le conducteur et son ami, quelques heures seulement avant le drame.

"Voir sa copine sur le siège juste devant se prendre une balle dans la tête et se rendre compte que cette balle a été tirée par un fonctionnaire de police censé protéger les citoyens, je pense qu'on est choqué effectivement."

Me Marie Violleau, avocate de la passagère arrière

à franceinfo

Les trois policiers qui ont été placés en garde à vue dans les locaux de l'IGPN la police des polices pour, "violences avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique", ont été libérés ce mardi, sans poursuite à ce stade. Toutefois, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire. Cela signifie que l'enquête va se poursuivre et que des poursuites restent possibles.

Ils étaient "dévastés", "en larmes" et "complètement abasourdis par ce qui leur arrive", affirmait lundi soir à franceinfo l'avocat des fonctionnaires, Laurent-Franck Liénard. Selon lui, "ils ont tous exprimé leur profond regret du décès de la passagère". Il raconte également que ces trois policiers "sont révoltés d'avoir été contraints de tirer et d'aboutir à ce résultat à cause d'un imbécile qui refuse de s'arrêter." Me Violleau regrette que son confrère ait "livré un certain nombre d'éléments de la garde à vue à la presse qui sont normalement couverts par le secret. Cela peut aussi poser question."

La question de la sécurité

Sur le fond de l'affaire, l'avocate estime que des policiers fassent usage de leur arme "à 10 heures du matin, dans un quartier bondé, pose question sur la sécurité des gens en France". Selon elle, "il faut se poser la question de qui est-ce qu'on arme. Et est-ce qu'on arme des gens correctement formés ?"

Elle rappelle que "la légitime défense et l'usage des armes sont extrêmement réglementés. Depuis 2017, la loi a été élargie et les tirs sont beaucoup plus fréquents". Puis, Me Violleau ajoute : "Il me semble que la loi a été élargie pour pouvoir se protéger contre les attentats terroristes, pas contre des gens qui refusent d'obtempérer."

Le témoignage de Me Marie Violleau, avocate de la passagère arrière

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.