Permis de conduire, antécédents judiciaires... Deux anciens policiers jugés pour avoir revendu des informations confidentielles via Telegram

Huit personnes au total sont jugées devant le tribunal correctionnel de Paris à partir de lundi. Une policière adjointe est notamment dans le viseur de la justice.
Article rédigé par franceinfo, Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un véhicule de la Police nationale. Image d'illustration. (XAVIER LEOTY / MAXPPP)

La pratique inquiète de plus en plus les autorités : les consultations de fichiers de police au profit de délinquants ou criminels. Deux anciens policiers adjoints sont jugés à partir de lundi 4 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, dont une femme qui était particulièrement active dans un canal Telegram intitulé "La Geneverie", qui proposait tous types d'informations et d'escroqueries. Elle fait partie des huit personnes jugées.

Séphora est policière adjointe depuis cinq ans et demi quand elle se fait arrêter au commissariat d'Ermont, dans le Val-d'Oise. Elle a alors 29 ans et reconnaît vite les faits. Ces "services" sont des consultations illégales de fichiers de police, la "tricoche" dans le jargon : permis de conduire, antécédents judiciaires, personnes recherchées... Celle qui se décrit devant les policiers comme une acheteuse compulsive est aussi une consommatrice assidue d'informations confidentielles.

"J'ai rendu beaucoup de services, parfois gratuitement, parfois contre de l'argent. Je sais que je n'avais pas le droit de le faire."

Séphora

policière adjointe

Exemple : en trois mois, elle a réalisé 996 consultations des antécédents judiciaires, 460 des personnes recherchées. Autant de demandes qui lui arrivent par messagerie, Snapchat, Signal, payées 50 euros l'information en général. C'est peu par rapport aux risques pris, mais beaucoup vu le volume pour la policière adjointe au salaire de 1600 euros par mois.

Deux enquêtes perturbées à cause des fuites

Des informations qu’elle transmettait à deux hommes : Karim, le principal commanditaire, qui se faisait appeler "Tanger". Il lui envoyait jusqu’à 15 demandes par jour sur Snapchat. Et Kevin, un ex-petit ami dont elle disait être toujours "follement amoureuse". Gérant d’une agence de location de véhicules de luxe nommée Go Fast Location. Il lui envoyait ses demandes sur la messagerie Signal. Elle affirme en revanche qu’elle ne connaissait pas l’existence de la chaîne Telegram "La Geneverie".

Devant les policiers, Sephora a justifié ses actes par des dettes qu’elle avait cachées à ses parents. Elle avait contracté plusieurs crédités pour un total de 40 000 euros et expliquait être constamment à découvert. Séphora assumait dans une conversation téléphonique interceptée par les enquêteurs "faire de l'argent avec son métier".

Ses informations transmises ont perturbé au moins deux enquêtes, dont l’une dans une affaire de stupéfiants. Un homme a pris la fuite la veille de son interpellation programmée sur un "go fast".

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