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Délinquance : "La vidéosurveillance ne dissuade pas", estime un spécialiste des politiques de sécurité

Alors que Gérald Darmanin a déploré mardi le manque de caméras de vidéosurveillance dans certains quartiers, le spécialiste des politiques de sécurité Christian Mouhanna estime que ce dispositif "ne sert pas à grand chose" dans certains cas.

Article rédigé par franceinfo
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Une caméra de vidéosurveillance à Beausoleil (Alpes-Maritimes), le 4 février 2021 (illustration). (JEAN FRANCOIS OTTONELLO / MAXPPP)

"Dans certains quartiers où nous luttons contre les trafics de drogue, il n'y a pas de caméras de vidéo-protection", a déploré mardi 26 octobre Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur s'exprimait après les violences dans le quartier lyonnais de la Duchère, où trois policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) ont été pris pour cible lundi soir par des tirs sur un point de deal. 

>> Ce que l'on sait des tirs qui ont visé des policiers dans le quartier de La Duchère à Lyon

"La vidéosurveillance ne dissuade pas face à un certain nombre de délits", lui a répondu sur franceinfo Christian Mouhanna, sociologue spécialiste des politiques de sécurité au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), évoquant notamment des délits "qui arrivent spontanément" comme des bagarres de gens alcoolisées. "Pour ce qui est de la criminalité très organisée, cela pose aussi des questions parce qu'on sait que des gens peuvent se grimer, se maquiller et échapper de facto aux caméras", détaille le chercheur.

Remplacer les caméras par des policiers

Christian Mouhanna évoque aussi certains cas "où les caméras ont été détruites, endommagées par les trafiquants", comme à Viry-Châtillon (Essonne). "On avait donc mis des policiers pour protéger des caméras", rappelle-t-il alors que quatre policiers ont été blessés en octobre 2016, dont deux grièvement, par un groupe d'une quinzaine de personnes qui ont jeté des cocktails Molotov sur leurs véhicules. 

Ce système, selon lui, "pose question" : "Quelle utilité, quelle protection" amènent ces caméras ? "Est-ce qu'il ne vaudrait mieux pas remplacer les caméras par des fonctionnaires physiques ?", interroge-t-il. Et de rappeler : "Il y a toujours besoin d'une présence derrière la caméra. Seule, elle ne suffit pas."

Plus que des caméras de vidéo-protection, il faut selon lui "une présence physique dans certains quartiers". La présence policière doit être "permanente et acceptée dans ces quartiers", estime le chercheur. Venir à bout du trafic et de la criminalité organisée "demande une insertion auprès de la population pour s'appuyer dessus et du renseignement humain". Or, d'après lui, "cette présence policière est ponctuelle. Elle n'est pas permanente."

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