Ce que l'on sait de la mort d'un gendarme percuté par un conducteur après un refus d'obtempérer dans les Alpes-Maritimes
La gendarmerie nationale a partagé sur X "sa douleur et sa vive émotion". Un gendarme est mort après avoir été percuté par un conducteur qui refusait de se soumettre à un contrôle routier et a pris la fuite, lundi 26 août, à Mougins (Alpes-Maritimes). Le suspect "a été interpellé à Cannes" dans la nuit, a annoncé mardi matin le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin. Voici ce que l'on sait de ce drame.
Le gendarme a été mortellement percuté lors d'un contrôle
Le conducteur d'une BMW noire, refusant un contrôle routier, a violemment percuté un adjudant membre du peloton motorisé, vers 20h40 lundi soir, le blessant mortellement, a fait savoir la gendarmerie. Les faits se sont produits à Mougins, près de Cannes (Alpes-Maritimes), à la sortie de l'autoroute A8.
Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur précise que le gendarme tué, Éric Comyn, était âgé de 54 ans, marié et père de deux enfants de 12 et 16 ans. Il était engagé depuis plus de 30 ans dans la gendarmerie comme sous-officier, et avait rejoint le peloton de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) en 2007.
Le suspect a été interpellé dans la nuit, une enquête ouverte
Un important dispositif a été mis en œuvre pour retrouver le fuyard, mobilisant notamment un hélicoptère et des gendarmes des départements voisins. Des contrôles ont notamment été réalisés sur les carrefours de circulation, et toutes les informations nécessaires ont été partagées avec les autorités italiennes, dans l'hypothèse où le fugitif tenterait de franchir la frontière, a souligné la gendarmerie.
Le suspect a finalement été retrouvé dans la nuit à Cannes, a annoncé à l’aube Gérald Darmanin sur X, remerciant les "forces de l’ordre pour leur mobilisation". Il a été interpellé vers 4h30 du matin, "alors qu’on avait très peu d’éléments", a précisé le ministre de l'Intérieur démissionnaire sur BFMTV. Il "avait été géolocalisé grâce à la téléphonie, notamment. Il y avait des hélicoptères qui quadrillaient avec une centaine de gendarmes le terrain, les communes aux alentours. De ce que je comprends, il allait se rendre à la brigade de gendarmerie."
L'homme a été placé en garde à vue. Une enquête pour "meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique" a été ouverte, a appris franceinfo auprès du parquet de Grasse.
Il a été testé positif à l'alcool et était déjà connu pour des délits routiers
Sur BFMTV, Gérald Darmanin a présenté le suspect interpellé comme un "Capverdien en situation régulière" qui avait commis par le passé "de nombreux délits routiers, notamment des refus d'obtempérer". Cet homme de 39 ans compte 10 condamnations à son casier judiciaire, pour "des infractions à la circulation routière" mais aussi "des atteintes aux personnes", a détaillé le parquet de Grasse dans la matinée. Une source proche du dossier affirme à franceinfo qu'il est notamment connu de la justice pour délit de fuite, conduite sans permis et conduite en état d'ivresse.
Le suspect a fait l'objet d'un dépistage d'alcoolémie positif, ajoute le parquet. Son véhicule, retrouvé dans un box situé à Vallauris, présente "des traces de ripage sur le capot", précise le communiqué.
La gendarmerie et la classe politique ont exprimé leur émotion
Après la mort de cet adjudant, la gendarmerie nationale a adressé sur X ses "sincères condoléances et tout [son] soutien à sa famille, à ses proches et à ses camarades." "Nous pleurons, une fois de plus, un de nos camarades qui a payé de sa vie son engagement pour la sécurité de tous", écrit le directeur de la gendarmerie nationale, Christian Rodriguez, sur son propre compte.
"Je partage la peine profonde de sa famille et de ses camarades du peloton autoroutier de Mandelieu-la-Napoule", a écrit Emmanuel Macron sur X dans la nuit. "La Nation se tient à leurs côtés et exprime sa gratitude aux gendarmes qui la protègent."
"Nous partageons la détresse et le chagrin de sa famille, de toute la gendarmerie, et du pays tout entier", a déclaré Gabriel Attal, sur le même réseau social. "Ceux qui s'en prennent à ceux qui nous protègent ne doivent jamais connaître le répit", a ajouté le Premier ministre démissionnaire.
Des politiques de tous bords ont réagi. Le maire de Nice (Alpes-Maritimes), Christian Estrosi, a fait part de sa "profonde tristesse et immense colère", tout comme Renaud Muselier, président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ajoutant que "ceux qui agitent la haine du flic, ceux qui agitent la culture de l’excuse face à la désobéissance, portent une lourde responsabilité". Le maire Les Républicains de Cannes, David Lisnard, a partagé son "émotion et exaspération", dénonçant "un énième refus d’obtempérer".
"Ce drame rappelle l'immense courage de ceux qui ont fait profession de protéger les Français", a réagi Eric Ciotti, président contesté de LR et député des Alpes-Maritimes, désormais allié au Rassemblement national. Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, a appelé à "créer une présomption de légitime défense pour les policiers et gendarmes" et a dénoncé "le laxisme à l'égard des délinquants, en particulier étrangers".
A gauche, le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a regretté "un drame, un crime atroce contre un gendarme dans l’exercice de ses fonctions." Le député écologiste de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a déploré une "terrible nouvelle" et dit toute sa "solidarité avec la famille du gendarme tué en faisant son devoir".
Gérald Darmanin a déploré environ 25 000 refus d'obtempérer par an
Il y a environ "25 000 refus d'obtempérer par an", a affirmé Gérald Darmanin. "Il y a eu des pics. Jusqu'en 2021, c'était 27 000-28 000, même si ça a un petit peu baissé, entre 20 000 et 23 000 ces trois dernières années", a précisé le ministre de l'Intérieur démissionnaire. Parmi ces conducteurs, environ "5 000 touchent directement des policiers, des gendarmes ou des citoyens sur des passages piétons à côté."
Près d'un refus d'obtempérer sur cinq est un délit "aggravé", c'est-à-dire qu'il expose "directement d'autres personnes à un risque de mort ou d'infirmité", avait déjà précisé le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure en avril. En 2022, 13 morts consécutives à des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers avaient été recensées.
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