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Paris : ce que l'on sait de l'attaque dans le 10e arrondissement, qui a fait trois morts et que le parquet a qualifiée de raciste

Les faits se sont déroulés vendredi à la mi-journée rue d'Enghien, au niveau d'un centre culturel kurde. Un homme a été interpellé et placé en garde à vue. Le mobile raciste a été retenu par l'enquête, a annoncé le parquet samedi.
Article rédigé par franceinfo
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Un dispositif de sécurité autour de la rue d'Enghien dans le 10e arrondissement de Paris, où une fusillade a eu lieu, le 23 décembre 2022. (THOMAS SAMSON / AFP)

Des coups de feu en plein centre de Paris. Trois personnes sont mortes après avoir été touchées par des tirs, vendredi 23 décembre, vers midi, dans le 10e arrondissement de Paris. Un homme de 69 ans, conducteur de train à la retraite, a été interpellé et placé en garde à vue, a annoncé le parquet de Paris. Cette garde à vue a été prolongée, samedi 24 décembre, tandis que le mobile raciste de l'attaque a été retenu par l'enquête, a annoncé le parquet. Franceinfo résume ce que l'on sait de cette attaque.

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Un bilan de trois morts et trois blessés

Un premier bilan faisait état vendredi de deux personnes mortes, mais il s'est rapidement alourdi à trois morts. Les trois victimes décédées sont une femme et deux hommes, a précisé la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué publié vendredi à 17h30. Les identités des victimes ont ensuite été dévoilées. Il s'agit d'Emine Kara, une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, selon le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F). Elle avait fait une demande d'asile politique "rejetée par les autorités françaises", a précisé le porte-parole du mouvement, Agit Polat. Les deux hommes sont Abdulrahman Kizil, "un citoyen kurde ordinaire", et Mir Perwer, un chanteur kurde reconnu comme réfugié politique et "poursuivi en Turquie pour son art", selon le CDK-F. Un homme a également été sérieusement blessé et deux hommes moins grièvement, selon le dernier bilan. 

Une enquête ouverte, le mobile raciste retenu

Une enquête a été ouverte vendredi après-midi des chefs d'assassinats, tentatives d'assassinat, violences avec armes et infractions à la législation sur les armes. La direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) a été saisie pour poursuivre ces investigations, a précisé la procureure. La Brigade criminelle est saisie comme service coordonnateur. Samedi à la mi-journée, le parquet a annoncé avoir ajouté le mobile raciste à l'enquête. "L'ajout de cette circonstance ne modifie pas la peine maximale encourue, qui demeure la réclusion criminelle à perpétuité", a précisé le parquet. La garde à vue du suspect a par ailleurs été prolongée samedi. 

Vendredi après-midi, la maire du 10e arrondissement a annoncé à franceinfo l'ouverture d'une cellule psychologique sur les lieux du drame.

Coups de feu à Paris : la déclaration de la mairie du 10e arrondissement
Coups de feu à Paris : la déclaration de la mairie du 10e arrondissement Coups de feu à Paris : la déclaration de la mairie du 10e arrondissement

Le récit des témoins de la fusillade

Les faits se sont déroulés aux alentours de midi, rue d'Enghien, au niveau d'un restaurant, d'un salon de coiffure et d'un centre kurde, dans un quartier commerçant et animé. Le centre, baptisé Ahmet-Kaya, en hommage à un chanteur populaire, est l'épicentre de la cause kurde à Paris, qui concerne les Kurdes en Turquie, en Syrie, en Irak, mais aussi en Iran.

Ali, trentenaire, un habitué des lieux qui se trouvait à l'intérieur du centre au moment des faits, décrit à franceinfo des tirs très forts et brefs : "C'était comme des gros pétards." "On était dans la rue, on a entendu des coups de feu, témoigne un autre riverain auprès de franceinfo. On a vu des gens qui couraient à droite à gauche." Le témoin dit être "rentré dans le salon de coiffure" quelques minutes plus tard, puis avoir vu des "des gens interpeller" un individu "un peu âgé" et "grand".

Fusillade à Paris : "On a entendu des coups de feu, on a vu des gens qui courraient"

"On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté. On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés", a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue où a eu lieu la fusillade, joint par téléphone par l'AFP.

Depuis le triple assassinat des militantes kurdes de janvier 2013, dans le 10e arrondissement également, le centre culturel Ahmet-Kaya était sur le qui-vive, mais il n'y avait pas de dispositif de sécurité renforcé ces dernières années. Ce sont "sans doute des camarades, des gens qu'on connaît", ont témoigné des habitants à franceinfo. 

Le suspect dit avoir voulu s'en prendre à la communauté kurde

Un homme de 69 ans, de nationalité française, soupçonné d'être le tireur, a été interpellé dans le salon de coiffure et placé en garde à vue peu après les faits. "Blessé au visage", il a été hospitalisé, "en état d'urgence relative", a précisé la procureure de la République de Paris, qui s'est rendue sur place vendredi d'après-midi. Franceinfo a pu prendre connaissance du procès-verbal dressé par l'un des premiers policiers arrivés sur place. Ce dernier identifie le suspect, "William M.", grâce à une "carte SNCF". "Je lui demande si ce porte-monnaie est à lui, ce qu'il confirme, je lui demande le motif de ses actes, et il m'indique qu'il est raciste", peut-on lire dans le procès-verbal. 

Le suspect a, par ailleurs, déclaré en garde à vue qu'il visait la communauté kurde, selon une source proche du dossier contactée par franceinfo, confirmant une information de BFMTV. Cet homme est aussi connu des services judiciaires, a confirmé la procureure de la République de Paris. Il était sorti de prison le 12 décembre et était sous contrôle judiciaire, a appris franceinfo d'une source proche de l'enquête.

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