Attaque raciste contre des Kurdes à Paris : que sait-on de l'homme soupçonné d'être le tireur ?
Il est soupçonné d'avoir tué trois personnes et d'en avoir blessé trois autres, vendredi 23 décembre, dans le 10e arrondissement de Paris, près d'un centre culturel kurde. "William M.", un conducteur de train à la retraite âgé de 69 ans, a été interpellé immédiatement après les faits. Il a déclaré avoir agi parce qu'il est "raciste" et avoir voulu s'en prendre à la communauté kurde. Après avoir été conduit samedi à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de Paris, il a finalement été replacé en garde à vue, avant d'être présenté à un juge d'instruction lundi. Franceinfo récapitule les éléments connus sur lui à ce stade de l'enquête.
Il a été blessé au cours de l'interpellation
Cet homme de nationalité française est un ancien conducteur de trains, retraité de la SNCF. Soupçonné d'être le tireur, il a été interpellé et placé en garde à vue peu après les faits, a déclaré le parquet de Paris. "Blessé au visage", lors de son interpellation, il a été hospitalisé "en état d'urgence relative", a précisé la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, qui s'est rendue sur place vendredi en début d'après-midi. Mais son état de santé a, dans un premier temps, été déclaré compatible avec la garde à vue.
Lors de son interpellation, il était armé d'un pistolet et de plusieurs munitions, a appris franceinfo d'une source proche de l'enquête. "L'arme est un Colt 45 mm de 1911 US army (...) d'apparence usée, de couleur noire", précise l'un des premiers policiers sur place dans son procès-verbal. Son domicile a également été perquisitionné.
Il se dit "raciste" et a expliqué avoir voulu s'en prendre à la communauté kurde
"William M." a déclaré en garde à vue qu'il visait la communauté kurde, selon une source proche du dossier contactée par franceinfo, confirmant une information de BFMTV. Consulté par franceinfo, le procès-verbal d'un des premiers policiers à être intervenus rue d'Enghien souligne que le suspect a tout de suite déclaré être "raciste" pour justifier son acte. "Je lui demande si ce porte-monnaie est à lui, ce qu'il confirme, je lui demande le motif de ses actes, et il m'indique qu'il est raciste", rapporte ainsi le policier.
Samedi, le parquet de Paris a ajouté "le mobile raciste des faits" à l'enquête ouverte pour assassinats, tentatives d'assassinats, violences avec arme et infractions à la législation sur les armes. S'appuyant sur les premiers éléments de l'enquête et les déclarations du sexagénaire, le parquet a considéré que les faits avaient été commis "en raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, des victimes à une prétendue race, ethnie, nation ou religion déterminée". "L'ajout de cette circonstance ne modifie pas la peine maximale encourue, qui demeure la réclusion criminelle à perpétuité", a précisé le parquet.
Il était déjà connu de la justice
L'homme interpellé est connu des services judiciaires, a confirmé la procureure de la République de Paris. Dans un communiqué, vendredi en fin d'après-midi, elle précise qu'il a été condamné par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) le 29 juin 2017 à six mois d'emprisonnement assortis d'un sursis simple et à une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans.
Plus récemment, le 30 juin, il a été condamné par le même tribunal à 12 mois de prison pour des faits de violences avec arme commis en 2016. Il avait alors porté des coups de couteau à un autre individu à son domicile. Mais il a fait appel de cette condamnation, selon la procureure de la République de Paris. La procédure est donc toujours en cours.
Enfin, le 8 décembre 2021, il s'en était pris à une dizaine de migrants dans un camp à proximité du parc de Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris. Muni d'un sabre, il avait asséné plusieurs coups aux migrants, qui avaient répliqué en lui occasionnant également des blessures. Cinq jours plus tard, il a été mis en examen pour violences avec arme, avec préméditation et à caractère raciste et dégradations. Il a également été placé en détention provisoire. C'est dans le cadre de cette information judiciaire, toujours en cours, qu'il a été libéré le 12 décembre et placé sous contrôle judiciaire, avec notamment obligation de soins psychiatriques. Il était en effet arrivé au terme du délai maximal de détention provisoire prévu par la loi, d'une durée d'un an pour les faits qui lui sont reprochés.
Il faisait du tir dans un club sportif
D'après le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui s'est rendu vendredi après-midi dans la rue où ont eu lieu les tirs, le suspect n'était pas fiché "comme quelqu'un d'ultra-droite". "Il n'est pas certain que cette personne ait un engagement politique quel qu'il soit", a-t-il ajouté. Il n'était pas non plus connu des services de renseignements, selon le ministre. Il était tireur dans un club sportif et avait déclaré de nombreuses armes, a détaillé Gérald Darmanin. Néanmoins, dans le cadre de son contrôle judiciaire, il lui était interdit de détenir et de porter une arme. Cet homme a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers", a souligné le ministre.
Il a été conduit à l'infirmerie psychiatrique
Le suspect a été examiné samedi, en fin d'après-midi, par un médecin. Ce dernier a déterminé que l'état de santé du sexagénaire n'était "pas compatible avec la mesure de garde à vue", a annoncé le parquet de Paris à franceinfo. "Le mis en cause a été conduit à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police", précise le parquet. Compte tenu du rapport du médecin, "la mesure de garde à vue a été levée dans l'attente de sa présentation devant un juge d'instruction lorsque son état de santé le permettra".
Finalement, il a été de nouveau placé en garde à vue dimanche, a appris franceinfo auprès du parquet, qui a précisé que l'homme âgé de 69 ans sera présenté à un juge d'instruction lundi.
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