Meurtre d'Iris C. dans le Morbihan : ce que l'on sait du suspect mis en examen et déjà condamné pour viol
"A bien des égards, cette enquête, pour nous, commence véritablement (...) avec l'arrestation du suspect numéro un." Lors d'une conférence de presse sur le meurtre d'Iris C., 23 ans, dans le Morbihan, lundi 12 juin, les responsables de l'enquête ont fait savoir que le parcours de l'homme de 49 ans, mis en examen pour enlèvement, séquestration, meurtre et viol, était au centre des investigations.
Ils vont désormais tenter de "retracer l'itinéraire" de ce dernier et d'identifier d'autres victimes potentielles du suspect, qui nie les faits qui lui sont reprochés dans cette affaire. Voici ce que l'on sait de son profil et de ses déclarations.
Un homme repéré en train de charger la victime "sur son épaule"
Iris C. aurait dû avoir 24 ans le 17 juin, a rappelé en préambule le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberger. Mais dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 mai, "l'indicible s'est produit". Il est 4h25 quand la jeune femme est filmée par les images de vidéosurveillance de la ville de Lorient. Elle sort d'un bar avec "un proche" et "peine à rester assise sur le muret de la sous-préfecture". Alors que celui qui l'accompagne tente de "l'aider" comme il peut, un homme surgit sur les images et commence à "rôder" autour d'Iris C., rapporte le magistrat.
Sur la vidéo, on voit cet individu "en train de s'approcher, de repartir, de revenir". Entre-temps, le proche de la jeune femme, également ivre, est allé "plus loin pour s'étendre". Alors qu'Iris C., "en difficulté visible", chute au sol, l'homme "la charge littéralement sur son épaule" et l'emporte hors du champ de la caméra. Son corps dénudé sera retrouvé le lendemain matin, flottant dans les eaux du Blavet à Lanester.
Son fourgon a "tourné en ville" cette même nuit
Après l'enlèvement d'Iris C., d'autres caméras de surveillance captent "quelques secondes plus tard un fourgon de type Master", roulant "tous feux éteints" avant qu'ils soient rallumés un peu plus tard devant le commissariat, poursuit le procureur. Selon l'exploitation de la "vidéoprotection", ce même fourgon a commencé à tourner en ville aux alentours de 3h15.
Les enquêteurs découvrent le 7 juin que ce véhicule appartient à un homme de 49 ans, né en 1973, qui habite à Hennebont, le long du Blavet. "Outre le fait d'avoir tourné en ville, il semble que cette nuit-là, il ait fréquenté un certain nombre de débits de boissons du centre", précise Stéphane Kellenberger. A-t-il repéré Iris C. à cette occasion ? "Rien n'est impossible, cela fait partie des pistes envisagées", répond le représentant du parquet. La jeune femme a-t-elle ingéré une substance de type GHB (dit "drogue du violeur") contre son gré ce soir-là ? Des analyses sont en cours pour identifier l'éventuelle présence de "telles substances".
Le suspect affirme avoir voulu "venir en aide" à Iris C.
Lors de sa garde à vue, les déclarations du suspect ont été "minimalistes, changeantes et contradictoires", résume le procureur. Il prétend d'abord "ne plus du tout se rappeler ce qu'il a pu faire la nuit des faits", puis confirme "être sorti avec son fourgon", mais nie "avoir croisé la victime".
Confronté à la découverte de son ADN sous les ongles d'Iris C., il admet finalement l'avoir vue "ivre et inanimée" et l'avoir "chargée" dans son fourgon pour "lui venir en aide". Comme "elle ne se comportait pas bien", selon sa version, il lui aurait dit de partir et l'aurait abandonnée ainsi. Selon le magistrat, le mis en cause reconnaît seulement qu'elle a pu le griffer et s'être débarrassé de sa veste.
Les résultats de l'autopsie pratiquée sur Iris C. révèlent notamment des "lésions traumatiques et des hématomes au niveau de la tête et du visage causés par des objets contondants" et "des traces de strangulation causées par un lien". Mais la découverte d'un peu d'eau dans ses poumons témoigne qu'elle "respirait encore, au moins faiblement" lors de son immersion dans le Blavet. Les analyses démontrent également que des "actes sexuels récents" ont "occasionné des lésions traumatiques" chez la victime.
Libéré en 2018 après une condamnation pour un viol trois ans plus tôt
En se penchant sur le parcours judiciaire de cet homme, les enquêteurs ont découvert quatre condamnations sur son casier : deux pour infractions routières, une pour vol et surtout une pour un viol commis en 2001 à Lorient. Confondu par son ADN dix ans après, il n'est formellement mis en cause pour ces faits qu'en 2012 et jugé en juin 2015.
Dans son compte-rendu du procès, le Télégramme décrit un mode opératoire qui comporte des similitudes avec l'affaire Iris. "Le 24 janvier 2001, vers minuit, une jeune femme, âgée de 21 ans, avait été agressée dans une rue du centre-ville. L'homme, surgissant derrière elle, lui avait passé une cordelette autour du cou. Il l'avait ensuite entraînée à l'abri des regards dans un jardinet situé derrière le Cinéville où il l'avait violée et délestée de ses bijoux", écrit le quotidien local, précisant que lors des perquisitions effectuées à son domicile, les policiers avaient "découvert une cordelette, des bijoux et des sous-vêtements féminins". L'intéressé avait nié les faits à l'audience.
Soumis à un suivi socio-judiciaire d'une durée de cinq ans, le quadragénaire était évalué régulièrement par des experts-psychiatres depuis sa libération en 2018. Dans leur dernier rapport, datant de mai 2023, ils "n'avaient relevé aucun élément quant à un éventuel risque de récidive", signale le procureur. Depuis sa sortie de prison, il "ne leur donnait à voir que l'image d'un homme apparemment respectueux de ses obligations", évoluant dans un "cadre stabilisant", avec un emploi, une épouse et un enfant.
Placée pendant un temps en garde à vue, sa femme a confirmé qu'il était sorti du domicile cette nuit-là pour ne revenir qu'au matin. Elle a également précisé qu'il "pouvait avoir des pulsions, les situant toutefois dans le registre du vol et de la cleptomanie", détaille Stéphane Kellenberger.
Un parcours passé à la loupe pour identifier d'éventuelles autres victimes
L'homme n'a fait l'objet d'aucune autre procédure pénale après sa condamnation de 2015. Il n'a pas été mis en cause pour des violences de nature sexuelle entre le viol de 2001 et son interpellation dans l'affaire du meurtre d'Iris C.
Toutefois, comme l'a souligné le commissaire Amaury Le Neel, de la police judiciaire de Rennes, lors de la conférence de presse, les enquêteurs vont s'attacher, dans le cadre de l'information judiciaire, à retracer son itinéraire depuis sa libération. Ainsi, "il va y avoir tout un processus de croisement et de recoupements potentiels avec un certain nombre de victimes recensées et d'autres qui ne le sont probablement pas encore".
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