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"Pour moi, ça touche à sa fin" : 17 ans après la mort de sa fille, le père d'Élodie Kulik espère que le procès lui apporte enfin la vérité

Élodie Kulik a été violée puis tuée en janvier 2002. Le procès se tient enfin à partir de jeudi, mais sans le principal suspect.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive, avec France Bleu Picardie
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jacky Kulik avec le portrait de sa fille, lors de la messe en sa mémoire, le 12 janvier 2014, à Monchy-Lagache (Somme). (FRED DOUCHET / MAXPPP)

C'est peut-être l'aboutissement d'une histoire qui remonte au début de l'année 2002 : plus de 17 ans après la mort d'Élodie Kulik, l'un de ses meurtriers présumés est jugé à partir de jeudi 21 novembre devant la cour d'assises de la Somme, à Amiens.

Willy Bardon est accusé d'avoir violé puis tué, dans la nuit du 10 au 11 janvier 2002, la jeune femme, surnommée à l'époque "la banquière de Peronne". Son corps, carbonisé, avait été retrouvé à six kilomètres de sa voiture, dans un terrain vague. Après des années et des années d'enquête, le procès de ce drame se tient enfin, mais sans le suspect n°1.

Aucune trace de l'accusé sur les lieux du crime

Le seul dont l'implication est clairement avéré, Grégory Wiart, est mort dans un accident de voiture, avant même que les enquêteurs n'aient pu remonter jusqu'à lui. Mais en interrogeant son entourage, les soupçons s'arrêtent sur l'un de ses amis : Willy Bardon, qui comparaît donc devant la cour d'assises.

À l'époque des faits, il est âgé de 27 ans. Il est décrit comme une grande gueule, misogyne, agressif. Il n'y a pourtant aucune trace de lui sur les lieux du crime. "On a quand même un cas d'école dans ce dossier, estime l'avocat de Willy Bardon, maître Stéphane Daquo. "Ceux qui ont leur ADN sur les lieux du crime ne sont pas dans le box. Celui qui n'a pas son ADN sur les lieux du crime se retrouve dans le box, c'est pour le moins singulier."

Un profil de "numéro deux" ?

Pas d'ADN, mais d'autres éléments suffisent à prouver la culpabilité de Willy Bardon, estime l'avocat du père d'Élodie Kulik, maître Didier Seban : "Son comportement violent, son habitude de faire peur en faisant une sorte de car-jacking [vol de voiture s'accompagnant de menaces ou de violence sur le conducteur]... Les propos qu'il a pu tenir, les déclarations de ses proches, tout montre un homme qui est un chef de bande, un peu un chef de meute, qui, au fond, correspond parfaitement au deuxième qu'il pouvait être avec Grégory Wiart."

Je ne vois pas comment Willy Bardon pourrait être innocenté, pour moi, c'est un barbare.

Le père d'Élodie Kulik

Le père d'Élodie Kulik, lui, attend que ce procès lui apporte enfin la vérité, presque 18 ans après la mort de sa fille. "Depuis, j'ai eu l'occasion de cogiter. Disons que je me prépare comme un sportif. Pour moi, ça touche à sa fin", confie-t-il à France Bleu Picardie.

Ce procès est effectivement la fin d'un épuisant marathon pour Jacky Kulik : "Dans cette affaire, j'ai tout perdu : j'ai perdu ma fille et j'ai malheureusement également perdu mon épouse, qui n'a pas supporté [elle s'est suicidée six mois après la mort de leur fille]. Mais j'en reviens à vouloir laisser la justice faire la justice. C'est-à-dire que je veux que Bardon passe le restant de ses jours en prison. J'espère qu'Élodie et sa maman pourront être fières de moi."

Le témoignage de Jacky Kulik

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