: Reportage "L'incendie ne pourra pas passer" : un pare-feu géant déployé pour épargner Biscarrosse des flammes
Cette bande de terre intégralement défrichée ces derniers jours s'étend sur près de cinq kilomètres pour empêcher le feu d'atteindre la commune landaise.
Raser la forêt à coups de bulldozers et de tronçonneuses pour empêcher à tout prix que le feu n'atteigne Biscarrosse (Landes). C'est l'objectif du pare-feu géant mis en place à la frontière entre le département des Landes et celui de la Gironde et dont la construction est toujours en cours mercredi 20 juillet. L'emplacement est stratégique : à l'Est, se trouve le lac de Sanguinet. A l'Ouest, l'océan Atlantique. Entre les deux, la végétation est réduite à néant pour empêcher d'éventuelles flammes de progresser.
La route pour s'y rendre, fermée à la circulation ces derniers jours, a vu les flammes ravager la forêt de La Teste-de-Buch (Gironde) depuis le 12 juillet. Partout, des troncs calcinés toujours debout, dans un paysage partiellement dévasté, jalonné de fumerolles. Sur les bords de la route, des dizaines de pompiers, allongés dans l'herbe en rang d'oignon, reprennent des forces. Puis la végétation disparaît brusquement. C'est le début du pare-feu de 300 mètres de large sur près de 5 km de long, créé pour empêcher l'incendie de ronger un peu plus cette partie de la pinède qui appartient au domaine public. Dans toutes les têtes, un impératif : protéger Biscarrosse, troisième ville la plus peuplée des Landes avec ses 14 000 habitants.
"Ça me donne la chair de poule"
"C'est rassurant, [avec le pare-feu] on se sent protégé", fait valoir Frédéric, coprésident de l'association des commerçants de Biscarrosse plage, présent sur les lieux mercredi. Le Biscarrossais est venu sur le chantier pour ravitailler les forces vives, à l'œuvre durant la canicule pour freiner l'incendie. Au menu : axoa de veau, une spécialité basque faite maison par Alex, lui aussi coprésident d'une association de Biscarrosse plage. Leur véhicule tout-terrain s'arrête au milieu du pare-feu, où la forêt est à nu, pour effectuer la distribution des repas. "Ça me donne la chair de poule", reconnaît Alex, adossé à la voiture. "C'est notre forêt. La voir abattue, même si c'est pour la bonne cause, c'est étrange."
"On aurait préféré ne pas avoir à couper ces arbres", concède Rémi, tronçonneuse à la main, arrivé sur le chantier à 6 heures mercredi matin. Cet élagueur, également originaire de Biscarrosse, est mobilisé depuis lundi pour renforcer les équipes du chantier, alors que le travail s'est transformé en course contre-la-montre face à la progression rapide des flammes.
"C'est simple : le sable doit être mis à nu pour qu'il n'y ait pas d'étincelle", résume Mathieu Desmartis, responsable de l'unité production à l'Office nationale des forêts (ONF). C'est cet organisme qui gère la coordination depuis samedi, date du début des travaux, entre les entreprises privées et les acteurs publics qui travaillent ensemble sur la cinquantaine de machines mobilisées.
Abattre, broyer, ratisser
Techniquement, il faut d'abord abattre les pins à l'aide d'engins, parfois à la tronçonneuse lorsque le terrain est trop accidenté. Les branches des troncs d'arbre sont ensuite découpées. Intacts, ces derniers seront envoyés à la trituration pour être utilisés en papeterie. Les branches, elles, sont broyées. Les bulldozers finissent enfin de ratisser la surface du sol pour dégager toute la végétation et ne garder que le sable et la terre. Le but : empêcher la moindre de flamme de prendre. Aux manettes de l'un des deux engins appartenant à l'armée, Eric, treillis militaire kaki et rangers aux pieds, se félicite du travail accompli.
"Avec le pare-feu, l'incendie ne pourra pas passer", commente-t-il, alors que le feu à La Teste-de-Buch a déjà ravagé 7 000 hectares de forêt sans être pour l'heure circonscrit. Les flammes ont cependant offert un peu de répit avec "une progression fortement limitée" dans la nuit de mardi à mercredi, selon la préfecture de Gironde.
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