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Incendies en Gironde : pourquoi les feux qui ravagent le département sont historiques

Les feux qui détruisent Landiras, La Teste-de-Buch et Vensac depuis plusieurs jours sont exceptionnels à de nombreux égards au XXIe siècle. Mais ils n'ont heureusement fait aucune victime, un fait rare pour des incendies de cette taille.

Article rédigé par franceinfo
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La forêt en feu à proximité de Landiras, en Gironde, le 18 juillet 2022. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Un feu "hors-norme""l'incendie du siècle"... Les pompiers qui luttent depuis une semaine en Gironde contre les feux de Landiras, La Teste-de-Buch et Vensac n'ont pas de mots assez forts pour qualifier l'ampleur de l'événement dans le département. Franceinfo vous explique pourquoi ces incendies ont un caractère exceptionnel.

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Leur taille : plus de 19 000 hectares brûlés, près de deux fois la taille de Paris

"On n'a jamais vu deux feux de cette taille sur un même département", a confirmé lundi matin à franceinfo Marc Vermeulen, directeur départemental et chef de corps du Service départemental d'incende et de secours (Sdis) de Gironde. A 8 heures, mardi 19 juillet, 19 370 hectares avaient brûlé entre Landiras (12 800), La Teste-de-Buch (6 500) et Vensac (70), selon le dernier bilan communiqué par les pompiers à France Bleu Gironde. Soit quatre fois la taille de la ville de Bordeaux (4 900 hectares) ou Lyon (4 700 hectares) et presque deux fois celle de Paris (10 500 hectares).

C'est deux fois plus que lors de l'ensemble des incendies français de l'été dernier, où 9 630 hectares avaient brûlé entre le 21 juin et le 21 septembre 2021. Et ces feux restent historiques même en prenant une échelle plus grande : lors des quinze dernières années, le cumul des surfaces brûlées par l'ensemble des incendies de l'année atteignait en moyenne 6 100 hectares au 16 juillet, selon les données du Système européen d'information sur les incendies de forêt (Effis) de l'observatoire Copernicus. 

Or, à la même date cette année, les feux de Gironde, à eux seuls, avaient détruit plus de 10 000 hectares. Au total, notamment en raison des incendies dans ce département, l'année en cours est marquée par un quadruplement des surfaces incendiées par rapport à la moyenne des années précédentes.

Pour autant, la France a déjà connu des incendies plus importants... au siècle dernier. Le 19 août 1949, un terrible incendie parti d'une scierie à Saucats, au sud de Bordeaux, avait lui ravagé en quelques jours 50 000 hectares de pins, tuant sur son passage 82 personnes. A l'été 1976, marqué par une forte sécheresse, les incendies avaient brûlé 80 000 hectares en France, un record.

Les moyens engagés : "mobilisation générale" avec 2 000 pompiers et 9 bombardiers d'eau

Pas moins de 2 000 pompiers sont mobilisés pour lutter contre les feux de Landiras, de La Teste-de-Buch, et de manière plus limitée de Vensac. Un appel "à la mobilisation générale" a été lancé, avec "un plan de rappel des pompiers de Gironde" qui concerne "près de 3 000 personnes", et "des renforts venus de toute la France" de "plus de 1 520 personnes", selon Alain Thirion, directeur général de la Sécurité civile, qui s'exprimait mardi sur franceinfo.

Les soldats du feu sont appuyés par neuf bombardiers d'eau (six Canadair et trois Dash), soit la moitié de la flotte dont dispose la Sécurité civile pour l'ensemble du territoire. Et "entre vendredi et dimanche, deux Canadair grecs étaient présents en renfort", indique Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile.

A Landiras, les pompiers professionnels sont, en outre, aidés par des centaines de bénévoles de la DFCI, l'association locale de défense contre les incendies, qui intervient en deuxième ligne, notamment pour traquer les reprises de feu.

Le nombre de personnes évacuées : 37 000 

La mission principale des pompiers est de protéger les vies humaines, puis les bâtiments. Cinq campings ont déjà été détruits par le feu, ainsi qu'un restaurant et deux maisons, a rapporté France Bleu Gironde vendredi. Par précaution, 37 000 personnes ont été évacuées de leur lieu de résidence ou de vacances ces derniers jours.

C'est bien plus qu'en août 1976, lorsque le geste d'un pyromane combiné à la sécheresse avaient transformé la forêt de La Palmyre (Charente-Maritime) en brasier instantané, forçant l'évacuation par bateaux de centaines de personnes. En 2003, des incendies d'origine criminelle avaient ravagé le massif des Maures (Var), causant la mort de quatre personnes et entraînant l'évacuation de 6 000 vacanciers et résidents. En juillet 2017, les flammes menaçaient la station balnéaire de Bormes-les-Mimosas (Var) et 10 000 personnes avaient dû être évacuées. En 2021, ce sont de nouveau 10 000 personnes qui ont été évacuées de l'arrière-pays de Saint-Tropez, alors qu'un violent incendie attisé par un vent tourbillonnant avait embrasé une partie du massif des Maures, entre Cogolin et Le Luc, peu après le 15 août.

Les incendies qui ravagent la Gironde n'ont, à ce jour, fait aucune victime. Un fait rare pour des feux de cette taille. Outre le "grand incendie" meurtrier de l'été 1949 dans la région bordelaise (82 morts), à l'été 2003, à Cogolin (Var), trois pompiers avaient péri dans leur camion cerné par les flammes. En 2021, deux corps calcinés avaient été retrouvés dans une maison sur la commune de Grimaud, après un violent incendie.

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