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Un an après Lubrizol, "les incidents se multiplient sur les sites Seveso et on est extrêmement inquiets", déclare un inspecteur du travail

Gérald Le Corre est le responsable CGT des questions de santé au travail en Normandie. Il craint qu'un accident de même ampleur se produise à nouveau et réclame "une justice pénale impitoyable avec la délinquance des cols blancs". Mais, selon lui, "ce n'est pas le discours du gouvernement d'Emmanuel Macron".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La place du Vieux Marché plongée dans le noir à Rouen, le 26 septembre 2019, en raison de l'incendie à l'usine Lubrizol. (CORALIE MOREAU / RADIOFRANCE)

Il y a un an, le 26 septembre 2019, l'usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime) s'est embrasée, 10 000 tonnes de produits chimiques sont partis en fumée. Une manifestation à l'occasion de cet anniversaire à lieu à 13h30 à Rouen. "Les incidents se multiplient sur les sites Seveso et on est extrêmement inquiets", a déclaré samedi 26 septembre sur franceinfo Gérald Le Corre, inspecteur du travail, responsable CGT des questions de santé au travail en Normandie.

franceinfo : Pourquoi restez-vous mobilisés ?

Gérald Le Corre : On est inquiets que ça recommence. On s'aperçoit qu'après le 26 septembre les industriels n'ont pas pris le temps de vérifier leurs propres installations. Le 14 décembre, trois mois après Lubrizol, on a eu un terrible incendie à Total dans le département et quand les pompiers sont arrivés il n'y avait pas d'eau dans le réservoir à incendie. À Lubrizol, il y a de nouveau eu une petite explosion en janvier et la population n'a pas été informée. Il y a eu une explosion très importante à 10 km de Rouen. Les incidents se multiplient sur les sites Seveso et on est extrêmement inquiets parce que l'État a pris beaucoup de temps pour annoncer des mesures et les mesures annoncées par Barbara Pompili et Gérald Darmanin, avant-hier, ne sont pas suffisantes. Ils ne nous indiquent pas ce que l'État compte faire pour que les industriels respectent la réglementation. On a un risque de mini déroute.

La responsable de Lubrizol France assure que la reprise de l'activité est totalement sécurisée. Qu'en pensez-vous ?

On demande à Lubrizol de rendre public le rapport qui a été fait par le cabinet d'expertise à la demande des représentant du personnel. On demande à Lubrizol de rendre public les rapports internes sur la mini explosion du mois de janvier. Il faut qu'on nous explique. Lubrizol finit par reconnaître les incidents qu'il y a sur son site sans nous les expliquer. Donc, la confiance avec les industriels est rompue. On demande la possibilité pour les riverains d'avoir un expert tiers qui pourrait accéder aux locaux de Lubrizol, regarder en préservant le secret industriel tous les documents, qui pourrait discuter avec tous les salariés et les sous-traitants pour qu'on puisse avoir un expertise qu'on soumettrait au débat contradictoire par rapport aux experts de Lubrizol et aux experts de la Dreal (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) et de l'État.

Attendez-vous un engagement de l'État pour contraindre les industriels à plus de transparence ?

Oui et c'est ce qui manque dans les annonces de Barbara Pompili et de Gérald Darmanin. Avant même que le Sénat finisse son rapport le gouvernement faisait voter au Sénat une loi pour encore simplifier la réglementation en matière d'environnement.

Pire encore, Mme Belloubet proposait pour les infractions au code de l'environnement le fait qu'il n'y ait plus de procès public où les industriels s'expliquent, mais une transaction pénale qui s'apparente au fait de payer des amendes et à un droit à polluer. 

Gérald Le Corre, inspecteur du travail

à franceinfo

Si on veut une baisse des accidents sur les sites industriels il faut une justice pénale qui soit impitoyable avec la délinquance des cols blancs, mais ce n'est pas le discours du gouvernement d'Emmanuel Macron.

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