Dunkerque : ce que l'on sait du meurtre d'un professeur d'université, après les aveux de son épouse
Que s'est-il passé dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 septembre, dans une maison bourgeoise près de Dunkerque ? Un professeur d'université de 51 ans, Patrice Charlemagne, y a été poignardé à mort. Son épouse, également enseignante et élue locale, avait d'abord alerté la police en affirmant que son mari avait été victime de cambrioleurs. Placée en garde à vue mercredi, elle a finalement avoué l'avoir tué, ont appris jeudi franceinfo et France Bleu Nord de sources concordantes. Voici ce que l'on sait, à ce stade, de cette affaire.
Le quinquagénaire retrouvé poignardé à son domicile
Dans la nuit de dimanche à lundi, vers 4 heures du matin, une femme de 37 ans appelle la police. Elle affirme avoir été réveillée avec son époux par des cambrioleurs, qui se sont introduits dans leur domicile, quai aux Fleurs, dans le quartier résidentiel de Rosendaël, dans l'agglomération dunkerquoise (Nord). Elle déclare avoir fui les lieux avec sa fillette de 20 mois, laissant son époux dans le pavillon. Lors de l'intervention des forces de l'ordre, le quinquagénaire est retrouvé dans une chambre au premier étage, frappé de plusieurs coups de couteau. Malgré l'intervention rapide des secours, il succombe à des blessures au niveau de la carotide, du thorax et de l'abdomen, rapporte France 3 Hauts-de-France.
Deux couteaux ensanglantés, une paire de gants, une lampe torche et un ordinateur portable sont saisis à proximité du domicile, fait savoir une source policère à France Bleu Nord.
"La femme et l'enfant ont été pris en charge. L'identification du ou des auteurs est en cours", déclare la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet, annonçant lundi l'ouverture d'une enquête pour homicide volontaire, confiée à la police judiciaire. "Les investigations en cours ne permettent pas de privilégier la piste du cambriolage qui aurait mal tourné ", précise-t-elle alors.
Un couple d'enseignants très investis dans la vie locale
L'identité de la victime est rapidement connue. ll s'agit de Patrice Charlemagne, chef du département techniques de commercialisation de l'IUT de l'université du Littoral Côte d'Opale (Ulco). Son épouse, maîtresse de conférences en littérature, est également enseignante dans cette université. Lundi, le président de l'Ulco informe par mail l'ensemble du personnel, soit un petit millier de personnes. Une cellule d'accompagnement psychologique est mise en place pour les enseignants et les étudiants.
La mort de Patrice Charlemagne, très investi dans la vie locale, suscite une pluie d'hommages sur les réseaux sociaux, et des messages de condoléances à son épouse. "Notre ville a été touchée cette nuit par un terrible drame qui a coûté la vie à un Dunkerquois. Je veux dire ma profonde émotion et mon choc", réagit notamment sur Facebook le maire de la ville, Patrice Vergriete, présentant ses "plus sincères condoléances" aux proches.
L'épouse de la victime, conseillère municipale de Dunkerque, avait été élue en 2020 sur la liste de Patrice Vergriete, devenu depuis ministre délégué au Logement. Sur sa page Facebook, cette "auteure jeunesse", qui dirigeait également une association culturelle de promotion de la lecture, annonçait en janvier 2022 la naissance de leur fille, par PMA, rapporte l'AFP.
Des éléments matériels suspects, l'épouse placée en garde à vue
L'enquête rebondit mercredi : l'épouse de Patrice Charlemagne est placée en garde à vue. Dans un communiqué, la procureure explique qu'"après examen des témoignages, déclarations, constatations techniques et scientifiques", il est nécessaire de "confronter sa version des faits aux éléments recueillis dans l'enquête".
Selon une source proche du dossier consultée par France Bleu Nord, plusieurs éléments matériels suspects ont été identifiés. Parmi eux, notamment, "une entaille" sur la "main gauche" de cette femme, qui "correspond à celle d'un gant retrouvé sur place", au domicile, et "l'analyse des smartphones qui laisse supposer des tensions dans le couple", ainsi que "des incohérences dans le récit des faits".
La femme de Patrice Charlemagne passe aux aveux
En garde à vue, l'enseignante avoue et reconnaît avoir tué son mari. Dans un communiqué, la procureure fait seulement savoir que sa garde à vue "va être prolongée". "Les auditions ne sont pas achevées. Afin de préserver les investigations en cours et afin de garantir le respect de la présomption d’innocence, le parquet de Dunkerque communiquera à l’issue de la mesure de garde à vue", précise Charlotte Huet.
"Ça nous a tous surpris, comme tout Dunkerque", réagit auprès de l'AFP Guillaume Vittu, directeur de cabinet du maire. "On se côtoyait peu, elle était conseillère municipale déléguée", ajoute-t-il.
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