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Procès Lelandais : quand son meilleur ami tente de le convaincre "d'expliquer l'inexplicable"

Au 2e jour de son procès devant la cour d'assises de l'Isère, pour le meurtre de la petite Maëlys, le frère et d'anciens amis de Nordahl Lelandais ont témoigné mardi 1er février. L’audience s’est terminée par la déposition du meilleur ami de l’accusé.

Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nordhal Lelandais écoutant les témoignages lors de son procès devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble, le 31 janvier 2022 (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Nazim a 40 ans, il est chef entreprise et c’est le meilleur ami de l’homme qui est dans le box, Nordahl Lelandais, emmuré dans ses secrets. Il a livré, mardi 1er février devant la cour d'assises de Grenoble, 18 minutes d’un témoignage coup de poing, ponctué de longs silences, de mains qui tremblent, de poings serrés pour ne pas craquer. 

Quand il arrive, il regarde celui qu’il appelle encore son ami, malgré tout, malgré le pire. "Je pense et je repense tous les jours à ce qui s'est passé. Je me pose des questions. Qu’est-ce qui fait qu’un gars comme Nordahl a pu basculer du jour au lendemain du coté de la barrière où on ne peut pas le récupérer ? C’est inconcevable et pourtant on est là."

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Comme ses deux autres amis avant lui à la barre, Nazim évoque un autre Nordahl Lelandais, "un super copain, bienveillant, serviable, avec qui j’ai passé des moments agréables. C’est ça qui est fou, se tourmente Nazim, c’est de ne pas arriver à comprendre, à mettre une explication logique… La petite fille n’est plus là, murmure d’un ton doux le père de famille, et c’est à cause de mon pote."

"Ce que je connais de lui, ce n’est pas ça. Je reste persuadé qu’en fait il y a quelque part une explication. Parce que ce n’est pas possible autrement."

Nazim

devant la cour d'assises de l'Isère

Long silence, la salle retient son souffle. À ce moment, Nordahl Lelandais agrippe le box, des larmes dans les yeux.

"Nordahl, l’implore Nazim, tu as une seule chance d’être condamné en homme compris, c’est maintenant. Même si c’est dur à dire, dur à entendre, tout le monde doit pouvoir comprendre pourquoi notre pote à nous a basculéParce que, rappelle son ami, avant d'être le meurtrier de Maëlys et d'Arthur [Noyer], c’était un simple citoyen, notre pote Nono."

"C'est sans doute la dernière fois qu'on se voit"

"Aujourd’hui, Nordahl, tu as la chance de pouvoir avoir un temps de parole précieux. Et tu peux parler, expliquer l’inexplicable, conclut Nazim en le regardant dans les yeux. Je te dis ça, Nordahl, parce que c’est sans doute la dernière fois de notre vie qu’on se voit."

Ces 18 minutes de témoignage rendent une part d’humanité à l’accusé. Aucune question n’est ensuite posée au témoin, qui pleure. Puis arrive un moment incroyable, dans la salle d'audience, de dignité et de réparation : Nazim et la mère de Maëlys se parlent, la famille de la petite fille le remercie… C’est cela aussi la justice.

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