Dans un téléphone, "rien ne disparaît vraiment" : comment la police scientifique analyse les "traces technologiques"
Clémence Mermet, commissaire de police, chef du pôle central d'analyse des traces technologiques, a expliqué, jeudi sur franceinfo, que le travail de son service permettait d'orienter les enquêteurs et les magistrats dans leurs investigations.
"On peut retrouver un nombre d'informations très importantes" dans un téléphone, affirme sur franceinfo Clémence Mermet, jeudi 21 décembre. Le travail de la commissaire de police, chef du pôle central d'analyse des "traces technologiques" est devenu primordial, alors que les données téléphoniques de Nordahl Lelandais vont être analysées.
Le principal suspect dans l'enlèvement de Maëlys à Pont-de-Beauvoisin (Isère) est désormais mis en examen dans une deuxième affaire. Il est aussi le principal suspect de l'assassinat d'Arthur Noyer, ce jeune militaire disparu à Chambéry (Savoie) en avril et dont le crâne a été retrouvé et identifié comme étant le sien. Nordahl Lelandais est également mis en examen dans le cadre de la disparition de Maëlys. Plusieurs autres enquêtes irrésolues sur des disparitions vont être réétudiées pour trouver un éventuel lien avec Nordahl Lelandais.
franceinfo : Comment procède-t-on dans ces enquêtes et de quels outils dispose-t-on ?
Clémence Mermet : Notre rôle est d'analyser de manière extrêmement précise toutes les données issues de téléphones, d'ordinateurs, d'objets connectés. Ensuite, on fait une analyse précise et fine pour que les enquêteurs puissent faire éventuellement des rapprochements, confirmer ou non des dires des personnes mises en cause. Ce sont tous les objets qui ont été saisis dans le cadre de l'enquête. Il s'agit d'un travail extrêmement précis fait par des ingénieurs ou des scientifiques qui vont arriver à chercher le moindre détail possible dans cet objet qui, souvent, a été connecté pour trouver le maximum d'indices. C'est une recherche exhaustive qui pourra permettre d'orienter les enquêteurs et les magistrats dans leurs investigations.
Qu'est-ce qu'on regarde ? L'historique des recherches, les appels passés ?
La téléphonie est absolument omniprésente dans notre vie, c'est un objet connecté extrêmement intime. Dans le téléphone, on peut retrouver un nombre d'informations très importantes qui concernent toute la personne, sa vie privée, sa vie sociale, sa vie professionnelle et énormément d'éléments. Le but de mon service est de récupérer l'ultime information. Rien ne disparaît vraiment. Tous les indices contenus dans l'objet restent dans l'objet. Et à partir de ces éléments, on peut tirer la ficelle pour arriver à trouver un parcours ou des connexions. On a un personnel extrêmement formé qui permet de rechercher au plus fin.
Est-ce que les affaires classées changent la manière de travailler ?
Notre travail est toujours aussi précis, que ce soit une affaire classée ou actuelle. Notre capacité scientifique permet d'arriver à des résultats parfois plus performants qu'il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui, il n'y a aucune enquête qui ne peut se passer d'analyses de téléphonie ou d'informatique. Tout est lié à l'informatique ou la téléphonie. C'est un axe absolument primordial d'enquête.
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