: Vidéo Procès Fiona : après le verdict, retour sur dix jours d'audience où la vérité n'a pas éclaté
Le procès devant la cour d'assises de Riom s'est achevé, vendredi soir, avec la condamnation à 5 ans de prison de la mère de la petite fille et à 20 ans pour son beau-père.
Le verdict est tombé dans la soirée du vendredi 25 novembre. La mère de Fiona a été condamnée à cinq ans de prison, et son ex-compagnon, seul reconnu coupable des coups mortels, à 20 ans de réclusion criminelle. Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf étaient jugés depuis le 14 novembre pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur Fiona, âgée de 5 ans au moment des faits en 2013. L'épilogue d'un procès confus, qui a laissé entrevoir des moments de sincérité, mais n'a pas permis de faire éclater la vérité.
Au fil de débats tendus et parfois houleux, les rôles respectifs des deux accusés dans le drame semblent s'être inversés. Qui ment ? Qui dit la vérité ? Qui manipule qui ? "Fiona a lourdement été victime de ce couple infernal." L'avocat général avait renvoyé dos à dos les deux accusés et requis trente ans de réclusion criminelle. Tandis que la défense de la mère de Fiona avait demandé à la cour d'assises du Puy-de-Dôme de ne pas céder à l'"émotion" et à la "colère. Celle-ci l'a entendue, puisque Cécile Bourgeon a été acquittée partiellement. Elle s'est toutefois vu infliger un retrait total de l'autorité parentale pour ses deux autres enfants.
"La petite bête, vous la cherchez et vous allez la trouver !"
En 2013, Cécile Bourgeon avait d'abord fait croire à l'enlèvement de sa fille Fiona, avant d'avouer sa mort quatre mois plus tard. Ni la date de sa mort, ni la cause exacte n'ont été éclaircies. Le sort réservé à la dépouille de l'enfant de 5 ans, enterrée en lisière d'une forêt ou jetée aux ordures, reste aussi une énigme.
Cécile Bourgeon a montré deux visages au cours des dix jours d'audience. La frange relevée par une pince, une paire de lunettes sur le nez et un foulard rose fuchsia noué sur un pull gris, cette femme de 29 ans, à la barre, a d'abord exprimé des regrets : "Je veux rejoindre ma fille. Elle me manque." Et puis, quand une avocate des parties civiles l'interroge, elle s'est emportée : "J'ai le droit d'être enceinte, je fais ce que je veux. (...) La petite bête, vous la cherchez et vous allez la trouver ! Je ne vais plus répondre à vos questions."
"Elle est où la vérité là-dedans ?"
Il y a aussi eu ce revirement, mercredi 23 novembre. Il est 21h30. Le président de la cour d'assises vient de rappeler à Cécile Bourgeon qu'en garde à vue, elle avait imputé à Berkane Makhlouf des coups au thorax de la fillette, la veille du drame. Il insiste.
- "Vous comprenez ce que vous êtes en train de dire, là ? C'est vrai ou c'est pas vrai ?
- Oui. Berkane dit aussi des mensonges.
- Donc c'est un mensonge lorsque que vous avez voulu accabler M. Makhlouf ? Donc même devant la cour d'assises, vous dites des mensonges ?
- Oui. Il arrêtait pas de m'accabler. Je l'ai très mal vécu, j'ai voulu l'accabler un peu plus."
Le lendemain matin, la mère de Fiona, déterminée, annonce qu'elle va garder le silence... avant de détailler ses grossesses, "les beaux yeux" de Fiona et de charger à nouveau son ex-compagnon. Deux heures d'un affrontement verbal inédit entre les deux accusés.
- "Arrête Cécile, tu vois bien que c’est grave ce que tu racontes ! On est en cour d’assises. (...) Je ne suis pas un bourreau d'enfants, faut arrêter !"
- Quand j'ai menti, je le reconnais. Les bleus, c'est à vélo qu'elle est tombée ?
- Tu m'as vu mettre un coup à Fiona ? Sois sincère. Elle est où la vérité là-dedans ?"
Cette question, centrale, est posée. Ni la cour d'assises, ni le public, venu en nombre chaque jour et toujours prompt à réagir, ni la France entière, mobilisée quand Cécile Bourgeon avait fait croire à l'enlèvement de sa fille, n'ont obtenu de réponse. Le verdict n'en apporte pas davantage : il a été accueilli avec colère par une cinquantaine de personnes, qui attendaient la sortie du fourgon pénitentiaire et ont injurié copieusement la mère de Fiona.
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