Dammartin-en-Goële : "Ils sont dans l'état de bêtes acculées" (Christian Prouteau)
Que se passe-t-il dans la tête des frères Saïd et Chérif Kouachi ? Comment envisagent-ils l'épilogue, alors que les deux suspects sont traqués depuis deux jours et maintenant encerclés dans la zone industrielle de Dammartin-le-Goële ? Sont-ils vraiment des jusqu'au-boutistes ? Difficile pour le moment d'établir un profil précis des deux assassins. Il est néanmoins possible que l'on soit, au moins pour l'un des deux, face à un suicidaire, selon Christian Prouteau, fondateur du GIGN.
"Il y a dans toutes ces opérations un invariant : ces gens qui ont le mépris de la vie d'autrui, ont forcément le mépris de la leur. On est vraisemblablement, au moins pour l'un deux, dans ce schéma-là ", juge Christian Prouteau.
"Le problème, c'est qu'ils sont deux"
Un élément diffère néanmoins ici : ils sont deux. Et ce n'est pas négligeable, selon l'ancien chef du GIGN. "Il y en a forcément un qui est dominant et peut-être que si l'un faiblit, l'autre le poussera à agir ".
Un profil particulier pour ces deux hommes qui ont fait preuve d'un sang-froid hors-norme, y compris lorsqu'ils ont croisé Didier à l'entrée du bâtiment dans lequel ils sont enfermés. Le commercial, qui avait rendez-vous ce vendredi matin sur les lieux, est tombé nez-à-nez avec l'un des terroristes, qui lui a calmement demandé de partir. "Il m'a dit 'je suis la police. Partez, on ne tue pas les civils '".
Pas impossible donc que "la pression de violence " soit "tombée ", explique Christian Prouteau. "Il y a une sorte d'excitation au moment où vous faites couler le sang ". Puis quand la tension tombe, les gens peuvent retrouver un comportement normal. Un cas qui s'est déjà vu, d'après le fondateur du GIGN. "Au-delà d'un certain délai, après cet excès d'adrénaline sécrété sous l'excitation et le bruit des balles, il peut y avoir une chute ."
Quelle issue ?
Dans cette configuration particulière, à quel scénario peut-on s'attendre ? Pour Christian Prouteau, même s'il y a encore un doute sur leur détermination, il est probable que les deux suspects veuillent aller au bout de leur logique de martyr. "Ils sont dans l'état de bêtes acculées. Donc c'est soit une réaction extrême, ce qui ne semble pas être le cas à travers le témoignage de la personne qu'ils ont croisée, qu'ils n'ont pas tuée. Ou ils se trouvent dans une situation qui fait qu'ils vont essayer de résister et d'aller jusqu'au martyr suprême ".
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