Crash en Argentine : "En cas de collision en vol, la capacité d'en réchapper est très faible"
Thierry Couderc, délégué général de l'Union française de l'hélicoptère, revient sur les conditions dans lequelles dix personnes, dont huit Français, ont trouvé la mort.
Nouveau drame de l'aviation, en Argentine. Dix personnes, deux Argentins et huit Français, dont les trois sportifs Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine, sont mortes, lundi 9 mars, dans une collision d'hélicoptères, lors du tournage de l'émission de télé-réalité "Dropped", qui devait être diffusée cet été sur TF1.
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Cet accident n'est pas sans en rappeler un autre : en 1986, un crash d'hélicoptère lors du Paris-Dakar coûtait la vie au chanteur Daniel Balavoine et à quatre autres personnes. Plus récemment, un autre accident d'hélicoptère avait eu des répercussions médiatiques : en décembre 2013, un homme d'affaires chinois, son fils et l'ancien propriétaire du château de la Rivière, dans le bordelais, s'écrasaient en Dordogne. Bilan : quatre morts.
Les accidents de ces appareils d'aviation légère sont-ils plus mortels ? Réponse avec Thierry Couderc, délégué général de l'Union française de l'hélicoptère.
Francetv info : Le journaliste et pilote Michel Polacco a affirmé mardi matin sur France Info qu'un crash d'hélicoptère, "ça ne pardonne pas". Faites-vous le même constat ?
Thierry Couderc : Ce qu'il a voulu dire, c'est qu'en cas de collision en vol, la capacité d'en réchapper est très faible, à moins de bénéficier de sièges éjectables. Les appareils partent dans tous les sens avant de se désintégrer, et de tomber comme des pierres. Dans d'autres types d'accidents, il est plus facile de poser un hélicoptère en détresse qu'un avion à ailes fixes. En cas de panne, le rotor se met en auto-rotation et l'appareil se pose comme une graine de tilleul.
Dans le cas du crash en Argentine, les appareils ont pris feu. Est-ce fréquent ?
Il y a dû y avoir une fuite de carburant, et cela a fini par s'enflammer. Mais ce n'est pas ce qui se produit dans la majorité des cas. Sur les appareils récents, les réservoirs sont mieux conçus et mieux protégés. En cas d'accident, les décès résultent davantage de la chute et des traumatismes qui s'en suivent.
Les vols en formation sont-il particulièrement risqués ?
Quand on vole à plusieurs, cela doit être soigneusement préparé. Si l'on respecte les consignes, tout se passe bien. Deux aéronefs qui volent à 30 secondes l'un de l'autre sont déjà loin. Mais la difficulté peut survenir d'un élément extérieur : un essaim d'oiseaux à éviter, un objet qui tombe d'un hélicoptère sur l'autre... L'enquête devra déterminer les circonstances exactes de l'accident.
Lors des accidents, l'erreur humaine est-elle la cause la plus fréquente ?
La défaillance mécanique est devenue très rare avec les nouveaux appareils. Mais nous n'avons aucune information sur le modèle et l'ancienneté des hélicoptères utilisés en Argentine. En France, les causes les plus fréquentes d'accidents sont des collisions avec des lignes électriques ou des antennes de relais téléphoniques. Car cet appareil, qu'on appelle le couteau suisse de l'aviation, est souvent utilisé pour des interventions techniques sur des sites en hauteur.
Les crashs d'hélicoptères sont-ils plus courants que ceux d'autres appareils d'aviation légère ?
Ce n'est pas une activité particulièrement accidentogène. Les statistiques de la Direction générale de l'aviation civile le prouvent [aucun accident mortel en 2014 contre 15 pour les ULM].
(DGAC)
Il ne faut pas oublier que l'hélicoptère est l'une des ambulances les plus performantes qui soit. Comme le disait le pionnier russo-américain de l'aviation Igor Sikorsky, "l'hélicoptère est une machine volante qui a sauvé beaucoup plus de vies qu'elle n'en a prises".
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