Ce que l'on sait sur la fusillade à Brest, qui a fait deux blessés
Deux personnes, dont l'imam de Brest, ont été blessées par balle jeudi devant une des mosquées de la ville.
Il était environ 16 heures lorsque plusieurs coups de feu ont retenti devant une mosquée de Brest, jeudi 27 juin. Deux personnes, dont l'imam Rachid El Jay, ont été blessées par balle, tandis que le suspect a été retrouvé mort d'une balle dans la tête. La Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes a été saisie de l'enquête.
Le parquet de Brest a indiqué, vendredi, que cette fusillade n'était pas un acte terroriste : "Les éléments recueillis à l'heure qu'il est ne permettent pas de considérer qu'il s'agit d'un attentat", a assuré le procureur de la République de Brest, Jean-Philippe Récappé. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait des circonstances de cette attaque.
Deux personnes blessées, dont l'imam de Brest
D'après Hosny Trabelsi, adjoint au maire de Brest, l'imam sortait de la mosquée avec l'un de ses amis lorsqu'"une personne s'est présentée, voulant faire une photo avec l'imam, ce que l'imam a accepté". Cette personne "lui a tiré dessus et aussi sur son camarade (…) deux ou trois balles aussi", a-t-il raconté à l'AFP sur place.
"L'imam a reçu quatre balles, deux dans l'abdomen, deux dans les jambes. Le fidèle a reçu deux balles dans les jambes. Ils sont pris en charge et leurs jours ne sont pas en danger", a précisé le Conseil français du culte musulman (CFCM).
Selon le pharmacien brestois Thierry Ropars, qui a porté les premiers secours aux blessés, "tout s'est passé très vite". "J'ai entendu six ou sept coups de feu et quand je suis sorti de la pharmacie, j'ai vu deux personnes au sol, non loin de l'entrée de la mosquée, blessées aux jambes et à l'estomac", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les faits se sont déroulés dans la cour de la mosquée. Une tache de sang était visible au sol, juste à l'entrée de la petite cour. Les deux blessés ont été conduits aux urgences. Leur pronostic vital ne serait pas engagé, selon la préfecture.
Le suspect retrouvé mort
L'homme soupçonné d'avoir tiré sur les victimes, inconnu des services de police, a fui les lieux à bord d'une Clio grise, qui disposait du logo du département de la Manche sur sa plaque d'immatriculation. Une soixantaine de militaires ont été mobilisés pour le retrouver. Il a été retrouvé mort, une balle dans la tête, à environ 500 mètres de sa voiture, dans une zone boisée de Guipavas, aux portes de Brest, a indiqué le colonel Nicolas Duvinage, commandant du groupement de gendarmerie du Finistère.
"Tout laisse à penser qu'il se soit suicidé", a indiqué le procureur de la République de Brest, Jean-Philippe Récappé. Avant les faits, le suspect avait adressé une lettre, accompagnée de la photocopie de sa carte d'identité, justifiant son passage à l'acte. "Il avait envoyé un courrier à l'imam de Lille, qui lui-même l'avait retransmis à l'imam de Brest, mais la police n'était pas au courant", a expliqué Jean-Philippe Récappé.
L'imam de Brest avait déjà reçu des menaces
"Rachid El Jay a déjà été menacé par Daech car il a des discours en phase avec les valeurs de la République. S'il était pour le fondamentalisme, Daech l'aurait félicité", a commenté le délégué général du CFCM.
Selon Romain Caillet, spécialiste du salafisme contemporain, Rachid El Jay "est aussi bien la cible de gens pro-jihad que de groupes d'ultradroite avec ses vidéos qui ont défrayé la chronique". L'imam s'était en effet fait connaître en 2015 avec la diffusion de prêches sur YouTube où il tenait des propos polémiques, en associant par exemple la musique à une "créature du diable" qu'il déconseillait aux enfants. Mais, depuis, son attitude sur les réseaux a changé, et il a suivi une formation à l'université de Rennes intitulée "Religions, droit et vie sociale", relève Le Parisien. "Toutes les hypothèses sont possibles. Il y a dix ans, cet imam était sur une ligne salafiste non jihadiste, mais pro-saoudienne, et il s'est rangé progressivement sur une ligne traditionnelle marocaine", précise Romain Caillet.
Sur ces 4 photos on peut voir l'évolution de l'Imam de Brest Rachid Eljay, anciennement appelé Rachid Abou Houdeyfa, d'abord partisan du courant salafiste, puis d'un islam malékite et enfin la dernière étape de son parcours avec la remise de son diplôme "laïcité". pic.twitter.com/gOQj1Th8pI
— Romain Caillet (@RomainCaillet) December 21, 2017
"Aujourd'hui, il est dans une logique de pratique de l'islam qui n'est pas en rupture avec son environnement, sa barbe est de plus en plus courte et son style vestimentaire a changé", ajoute Romain Caillet. Mais, selon lui, "bien qu'il ait changé de discours, il était toujours assimilé aux yeux de l'opinion publique et dans les médias à un islam radical, donc un ennemi de l'intérieur."
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