Ce que l'on sait de l'attaque d'un commissariat à La Courneuve, quatre jours après la mort de Wanys lors d'une collision avec une voiture de police

Le préfet de police, Laurent Nuñez, a annoncé que neuf personnes soupçonnées d'avoir participé à cette attaque avaient été interpellées.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le commissariat de police de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 17 mai 2009. (MARC MENOU / LE PARISIEN / MAXPPP)

Situation tendue à La Courneuve. Cette ville limitrophe de Paris et d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a vécu des heurts dans la soirée du dimanche 17 mars, durant laquelle un commissariat a été pris pour cible par une cinquantaine d'individus qui ont lancé des tirs de mortiers d'artifices et de projectiles.

Ces incidents interviennent quatre jours après la mort d'un jeune homme de 18 ans, percuté à scooter par un véhicule de police après un refus d'obtempérer. Neuf personnes ont été interpellées, a annoncé lundi le préfet de police Laurent Nuñez. Voici ce que l'on sait à ce sujet.

Un commissariat visé par des projectiles

La situation s'est détériorée dans la soirée de dimanche "un peu avant 23 heures", quand "une cinquantaine d'individus ont attaqué le commissariat de La Courneuve avec essentiellement des tirs de mortier", a décrit lundi Laurent Nuñez, le préfet de police. Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par des riverains du commissariat, on voit plusieurs dizaines de personnes cagoulées et habillées en noir viser le bâtiment et tirer des mortiers d'artifice durant plusieurs minutes.

Seine-Saint-Denis : après la mort de Wanyss, plusieurs jeunes attaquent le commissariat de La Courneuve

"Dès 23h30, le calme est revenu" grâce à l'arrivée de "renforts locaux" et des "BAC [brigades anti-criminalité] nuit de Seine-Saint-Denis et de Paris", a poursuivi le préfet de police. Plusieurs "opérations de sécurisation" ont été menées, notamment pour éteindre des feux de poubelle et "disperser les petits groupes de jeunes" disséminés autour de l'édifice. Les forces de l'ordre ont fait usage de six grenades de désencerclement, de 17 grenades lacrymogènes et ont effectué une centaine de tirs de balles de défense, a annoncé la préfecture de police.

Par ailleurs, pour des raisons de sécurité, le trafic de la ligne T1 du tramway a été interrompu entre les stations La Courneuve - 8 Mai 1945 et Hôpital Delafontaine, a annoncé la RATP vers 23 heures dimanche sur le réseau social X. Le trafic a pu reprendre peu avant 2 heures du matin.

Neuf personnes interpellées

Le préfet de police s'est rendu sur place lundi en fin de matinée pour "saluer" et "témoigner son soutien aux effectifs" déployés la veille. Laurent Nuñez a annoncé que neuf personnes soupçonnées d'avoir participé à cette attaque avaient été interpellées. Sept majeurs âgés de 18 à 21 ans et deux mineurs figurent parmi les personnes arrêtées. Le parquet de Bobigny a déclaré lundi soir que les neuf gardes à vue allaient être prolongées.

Deux policiers ont été "légèrement blessés" lors de ces incidents, a précisé le préfet de police.

Une réaction à la mort de Wanys à Aubervilliers 

Cette attaque est survenue quatre jours après la mort à Aubervilliers d'un jeune homme de La Courneuve, Wanys R., lors d'une course-poursuite avec la police. "On peut faire un lien entre cette attaque du commissariat et le décès" car "manifestement les jeunes provenaient du quartier dont il est originaire", a estimé Laurent Nuñez sur BFMTV.

Mercredi soir, Wanys R., 18 ans, avait été poursuivi par la police après un refus de contrôle, alors qu'il se trouvait à scooter. Dans une avenue d'Aubervilliers, son deux-roues a été heurté par un véhicule d'une brigade anti-criminalité appelé en renfort, qui arrivait en sens inverse. Dans la collision, Wanys R. a été tué et son passager blessé. 

L'avocat de la famille a accusé vendredi les policiers de l'avoir "volontairement" percuté, l'avocat des policiers fustigeant une "contrevérité" et défendant la thèse de l'accident. Deux enquêtes ont été ouvertes : une enquête pour "refus d'obtempérer aggravé", confiée au service de traitement judiciaire des accidents ; une autre pour "homicide involontaire et blessures involontaires", visant les policiers, confiée à l'IGPN. 

Un dispositif policier renforcé

Lors de sa visite au commissariat, Laurent Nuñez a assuré du déploiement d'"un très gros dispositif" pour "sécuriser le commissariat [et] la ville de La Courneuve dans les heures et les jours qui viennent". "D'ores et déjà un escadron de la gendarmerie est présent" sur place, et "il sera relevé par deux unités mobiles des compagnies républicaines de sécurité", a précisé le préfet de police, qui a affirmé ne pas craindre "de nouvelles attaques". "Ces actes sont inqualifiables et rien ne peut excuser ces comportements criminels", a réagi le syndicat Alliance dans un communiqué.

De nombreuses réactions politiques

"Les incidents qui sont survenus ne sont pas acceptables", a dénoncé lundi Stéphane Troussel, le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, sur franceinfo, avant d'appeler au "calme et à la justice". "Même s'il y a de l'émotion – et elle est bien évidemment totalement légitime –, elle ne doit pas conduire à la violence", a encore insisté le responsable, qui, sur le réseau social X, a demandé à la justice d'"apporter des réponses à la famille de Wanys".

"La violence, ça ne rend pas justice."

Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis

à franceinfo

L'élu s'est réjoui de l'arrivée de renforts de police dans sa ville "pour sécuriser, protéger et faire en sorte que le calme revienne plus vite". Il a également rappelé que "La Courneuve est une ville qui a un maillage social très important, des dispositifs de prévention et de médiation et dont je sais qu'ils pourront être activés au plus vite".

"Bien que je partage l'émotion que suscite le décès [de Wanys] au sein de notre ville, je condamne fermement tous les actes de violences en réponse à ce tragique événement. La colère ne peut justifier ces incidents", a réagi dans un communiqué la députée communiste de Seine-Saint-Denis Soumya Bourouaha.

Ces incidents ont suscité de vives réactions à droite et à l'extrême droite. "Emmanuel Macron n'aura cessé d'affaiblir l'autorité de l'État, plongeant la France dans un chaos permanent", a écrit Marine Le Pen, la patronne des députés du Rassemblement national, sur X. Comme elle, le président du RN, Jordan Bardella, a fait part de son "soutien aux policiers de La Courneuve". "Pour nous, il n'y aura jamais d'excuse ou de circonstance atténuante au fait de s'en prendre à nos forces de l'ordre. La seule réponse : la fermeté totale", a-t-il écrit sur le réseau social X. Le président des Républicains, Eric Ciotti, a affirmé de son côté que "rien ne [pouvait] justifier le fait d'attaquer des policiers". "La République ne peut plus reculer, la sanction doit être implacable", a-t-il insisté.

A l'extrême gauche, l'ancien candidat à l'élection présidentielle du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou, a dit soutenir "une colère légitime". "Tout s'aggrave, racisme, discriminations, pauvreté, mal logement, violences répressives", a-t-il déploré sur X.

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