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Attentat sur les Champs-Elysées : "Nous sommes dans un État de droit et à partir de là, on laisse une grenade dégoupillée dans la nature"

"Tirer sur car de police est quelque chose de très fort, une atteinte à l'État", estime Charles Pellegrini, ex-chef de l'Office central de la répression du banditisme, au lendemain de l'attentat contre les forces de l'ordre aux Champs-Elysées. 

Article rédigé par franceinfo
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L'avenue des Champs-Élysées fermée par les forces de l'ordre après l'attentat contre des policier, le 20 avril 2017. (BENJAMIN CREMEL / AFP)

Un policier a été tué et deux autres blessés dont un grièvement dans une fusillade sur les Champs-Elysées à Paris jeudi 20 avril. L'assaillant a été abattu. "Dans cette guerre que nous menons, il y a dans notre population des gens qui, à un moment ou à un autre, passeront à l'attaque", a déclaré Charles Pellegrini, ancien chef de l'Office central de la répression du banditisme, vendredi sur franceinfo. "C'est en cela que la menace est très élevée". Pour lui, "tout le problème de nos pays démocratiques est là. Comment mener la guerre dans un État de droit ? Il faut revoir peut-être l'arsenal juridique" car "tirer sur car de police est quelque chose de très fort, une atteinte à l'État".

franceinfo : Les policiers sont-ils devenus des cibles prioritaires des terroristes ?

Charles Pellegrini : Ils ne le sont pas devenus, ils l'ont toujours été. Quand on dit que la menace est permanente et élevée, cela veut dire qu'il y a plusieurs cibles. Il y a les foules dans les gares, dans les aéroports, comme à Orly au mois de mars. Il y a pour les terroristes des objectifs qui doivent être faciles à atteindre, qui doivent provoquer l'émotion, la terreur. Les policiers en faction, statiques, dans un car ou devant une ambassade, sont des cibles. Les terroristes choisissent soit le nombre, en tirant sur la foule, soit le symbole, en tirant sur la police. Tirer sur un car de police est quelque de chose de très fort. C'est une atteinte à l'État.

Que faut-il faire, revoir l'organisation des patrouilles, du dispositif Vigipirate, la surveillance des sites sensibles ?

Non, je crois que beaucoup de choses ont été faites. Dans cette guerre que nous menons au terrorisme, il y a dans notre propre population des gens qui, à un moment ou un autre, passeront à l'attaque. Nous en avons un certain nombre sur notre territoire. Nous en avons un certain nombre qui reviendront après les combats qui sont menés au Moyen-Orient. On ne sait pas quand, à quel moment et de quelle façon ces gens vont agir. C'est en cela que la menace est très élevée et que la riposte ne peut être qu'une permanence dans le combat, c'est-à-dire, une permanence des services de renseignements. Nous sommes dans une drôle de guerre.

Que pensez-vous du profil de l'assaillant ? Un Français de 39 ans connu des services de police et condamné pour une tentative d'homicide sur une élève gardien de la paix. Il avait été arrêté en février dernier car il avait manifesté son intention de tuer des policiers, mais relâché faute de preuves.

Nous sommes dans un État de droit et nous sommes en guerre, c'est une contradiction absolue. En toute logique, il y aurait dû y avoir un moyen de retenir cet homme dont on savait qu'il était potentiellement dangereux, mais il n'y a pas de moyens juridiques. Tout le problème de nos pays démocratiques est là. Comment mener la guerre dans un État de droit ? Je suis incapable de vous donner la réponse. On estime à quelques milliers – on n'est pas à mille unités près – le nombre de gens qui sont susceptibles de passer à l'attaque. On ne pouvait pas garder cet homme, il a été entendu et il n'y avait pas de preuve. Imaginons qu'on l'ait retenu, vous imaginez le tollé : on ne le retient pas parce qu'on n'a pas le droit de le retenir. Nous sommes dans un État de droit et à partir de là, on laisse une grenade dégoupillée dans la nature. Il faut peut-être revoir l'arsenal juridique. Sur le plan technique et des moyens, je ne crois pas qu'on puisse faire beaucoup d'autres choses, si ce n'est améliorer ce qui existe.

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