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Charlie Hebdo : 59% des Français pensent que les journaux ont eu raison de publier des caricatures du prophète Mahomet, selon une enquête

Les deux tiers de la population française en général ne comprennent pas que la publication de ces caricatures puisse susciter l'indignation, selon un sondage Ifop pour Charlie Hebdo publié le 1er septembre.

Article rédigé par franceinfo
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L'édition de Charlie Hebdo du 15 janvier 2015, juste après les attentats. (BORIS ROESSLER / DPA)

Selon un sondage Ifop pour Charlie Hebdo publié ce mardi 1er septembre alors que le journal a choisi de republier les cariactures de Mahomet qui en avait fait la cible des jihadistes, 59% des Français pensent que les journaux ont eu raison de publier des caricatures du prophète Mahomet au nom de la liberté d'expression. C'est 21 points de plus qu'un sondage réalisé en 2006 pour La Croix*Un tiers pensent qu'ils ont eu tort car c'était une provocation inutile.

Le directeur du pôle politique de l’Ifop, Français Kraus, explique cette évolution par le changement de contexte. En 2006, il y avait des tensions au Moyen-Orient et "nombre de voix s’étaient élevée – y compris au plus haut niveau de l’Etat comme Dominique de Villepin – pour critiquer le choix éditorial de Charlie Hebdo". Pour lui, "l’impact des attentats a sans doute contribué à faire évoluer l’opinion sur le sujet".

Les deux tiers de la population française en général ne comprennent pas que la publication de ces caricatures puisse susciter l'indignation. Seuls 29% d’entre eux partagent cette indignation, contre 36% en février 2006. Par ailleurs, huit Français sur dix trouveraient excessif que Charlie Hebdo soit jugé au tribunal pour de telles publications.

Selon l'enquête, qui fait un focus sur l'opinion des Français de confession musulmane, 69% de ceux interrogés par l'Ifop estiment que cette publication était "une provocation inutile". Seulement 19% des Français de confession musulmane pensent que les journaux ont bien fait de publier ces caricatures au nom de la liberté d'expression, et sept sur dix pensent qu'ils ont eu tort. 73% des musulmans français comprennent que ces dessins puissent susciter l'indignation et les deux tiers trouvent justifié un procès pour blasphème.

Mais l'étude précise que cette réaction n’est pas en soit spécifique à l’islam mais à tous ceux qui donnent à la religion une grande importance dans leur vie. Elle montre que la compréhension à l’égard de l’indignation suscitée par ce type de publications est plus forte chez les croyants de toute religion (32%, contre 25% chez les non-croyants), en particulier dans les rangs des protestants (46%) et des catholiques pratiquants réguliers (55%) où elle atteint des taux largement supérieurs à la moyenne.

Une condamnation majoritaire des auteurs des attentats

Toujours selon l'enquête de l'Ifop, 92% de la population française condamnent les auteurs de l'attentat contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo. C'est aussi le cas de 82% des Français musulmans. Selon l’institut de sondage, ce chiffre permet de "donner pour la première fois un aperçu de l’opinion des Français musulmans sur ces attentats", car aucune étude n’avait été faite auparavant auprès des musulmans. Selon l’étude, seulement 81% des protestants condamnent les attentats de janvier 2015, et cela s’explique, pour l’Ifop, par le nombre croissant d’évangélistes en France métropolitaine.

La proportion de personnes condamnant cet attentat est moindre chez les jeunes : le pourcentage de jeunes de 15 à 24 ans le condamnant est de 79% en général et de 74% chez les jeunes musulmans. Il baisse même à 67% chez les jeunes Français âgés de 15 à 17 ans. Les jeunes, en général, "se distinguent du reste de la population" en adoptant une positon plus "anglosaxone", dans laquelle il faut voir "l’influence des discours de 'respect' et de 'tolérance' à l’égard des autres qui se traduit chez les jeunes par une opposition de principe à tout contenu potentiellement offensant pour des minorités perçues comme 'dominées'", analyse le directeur du pôle politique.

Ce sondage a été réalisé, pour Charlie Hebdo, sur "un échantillon de 1 020 personnes représentatif de l'ensemble de la population vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus" et sur "un échantillon de 515 personnes, représentatif de la population de religion musulmane vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus." Leur représentativité a été assurée par la méthode des quotas en fonction de critères sociodémographiques et géographiques. Les interviews ont été réalisées par questionnaire sur internet du 6 au 17 août 2020.

En raison de l’absence de données statistiques officielles permettant d’établir les variables de quotas et/ou de redressement pour les personnes de religion musulmane, ces quotas ont été définis à partir des données de l’étude Ifop-Institut Montaigne de Hakim El Karoui, en septembre 2016.

*Sondage CSA pour La Croix réalisé par téléphone le 8 février 2006 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgées de 18 ans et plus. En raison des différences de mode de recueil, la comparaison avec les résultats de cette enquête doit être interprétée avec prudence.

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