Mort de Federico Martin Aramburu : "La volonté de tuer est explicite", affirme l'avocat de la famille
Selon Maître Yann Le Bras, le "nombre de tirs" qui ont visé l'ancien rugbyman samedi soir à Paris, "montre une détermination".
Pour Maître Yann Le Bras, avocat de la famille de Federico Martin Aramburu, rugbyman argentin assassiné samedi 19 mars à Paris, "la volonté de tuer est explicite", affirme-t-il jeudi sur franceinfo. L’auteur présumé des tirs a été interpellé mercredi en Hongrie alors qu’il était en partance pour l’Ukraine. Il pourrait être remis aux autorités françaises dans un délai de 10 jours à deux mois, selon l’avocat. Un deuxième suspect a également été arrêté, dans la Sarthe cette fois-ci.
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Yann Le Bras a détaillé le déroulé de la soirée au bar le Mabillon dans le quartier de Saint-Germain. Selon lui, c’est une altercation entre "deux mondes qui ne sont pas sur les mêmes paradigmes et pas sur les mêmes valeurs".
franceinfo : L’arrestation des deux suspects est-elle un soulagement pour la famille ?
Yann Le Bras : C'est évidemment une avancée majeure pour la procédure et un soulagement pour la famille de savoir, tout d'abord, la mobilisation des services d'enquête. La formidable brigade criminelle du 36 de la police judiciaire parisienne et ensuite les arrestations des deux suspects principaux. C'est une étape importante. Il y a des funérailles samedi. Ça ne ramènera pas Federico, mais ça permet quand même d'avoir un moment de soulagement.
L’un des deux suspects, arrêtés en Hongrie, est Loïk Le Priol ancien militaire de carrière, membre du GUD, mouvement d'ultra droite. Est-ce que vous savez quand il pourrait être remis aux autorités françaises?
Nous sommes dans ce qu'on appelle la procédure du mandat d'arrêt européen qui passe d'État en État. La juge d'instruction parisienne fait remonter son mandat d'arrêt européen au ministère de la Justice, qui le passe au ministère des Affaires étrangères, qui fait le circuit inverse côté hongrois avec le ministère des Affaires étrangères, ministère de la Justice et un procureur ou un juge hongrois, avec des notifications. Si Loïk Le Priol accepte d'être remis immédiatement à la France c’est une dizaine de jours, s'il refuse et qu'il plaide là-bas qu'il ne veut pas être rendu à la France, le délai est à peu près de deux mois.
Savez-vous exactement ce qui s’est passé ?
Tout d'abord, Federico Martin Aramburu et son associé et ami, Shaun Hegarty, sont à Paris pour de multiples raisons. À titre principal, le match France-Angleterre, qui a eu lieu samedi soir, où ils emmènent avec leur agence de voyages un groupe de clients, comme le font certaines agences de voyages et de séminaires sportifs. Ils encadrent ce genre d'événements avec des places au stade. C’est une des raisons. Ils ont dans la nuit à la fois fêté les 40 ans d'un ancien joueur de rugby et la signature de contrats importants dans la perspective de la Coupe du monde de rugby de 2023 qui a lieu en France. Ils sont dans une ambiance festive, de retrouver des amis du rugby, d'avoir un événement qui lie l'ensemble de la famille du rugby, c'est-à-dire le match du Tournoi des 6 Nations et le Grand Chelem qui se profilait pour la France et qui s'est réalisé. Ils sont dans cette ambiance-là, dans un restaurant argentin en début de la soirée, puis ensuite quelques bars avant de se reposer à la terrasse du Mabillon.
Qu’est-ce qui déclenche l’altercation entre les deux groupes ?
Je crois qu'il y a un jeune homme qui passe et qui demande peut-être une cigarette au groupe composé de jeunes d'extrême droite et qui se fait rembarrer de façon un peu vindicative. Peut-être un peu humiliante. Et c'est la réflexion que font les deux rugbymen, en disant "Je pense que ce n’est pas comme ça qu'on parle aux gens", qui va déclencher une altercation entre les deux tables avec un moment d’intimidation. Alors, est-ce qu'il y a eu un brassard de police qui a été montré ? Est-ce qu'on vient en tête-à-tête se prétendre commando ? Tout cela est encore un peu à éclaircir.
Que se passe-t-il après ?
ll y a une scène d’altercation qui se passe au bar. Le personnel de sécurité et quelques serveurs arrivent à séparer ces deux groupes. Deux groupes de deux personnes. Une petite bagarre à quatre où on se met des coups, mais rien de grave. Au rugby, ça s'arrête là. On repart chacun de son côté.
Y a-t-il eu ensuite une volonté très claire de tuer ?
C’est quelqu'un qui est ancien militaire, qui sait se servir des armes. Vous avez deux personnages qui viennent et qui sortent dans Paris armés. Ils auront à s'expliquer là-dessus. Et vous avez un nombre de tirs qui montre une détermination et d’ailleurs un résultat qui est parfaitement atteint. L’un n’est pas touché, il est survivant, et l’autre est abattu sur place. La volonté de tuer est explicite.
Est-ce qu’il y a eu des échanges racistes ?
Je crois que tout d'abord, c'est une réflexion entre gens du rugby qui ont plutôt une vision conviviale des soirées, de la fête et des rapports humains et d'autres qui sont dans une version radicale, outrancière et qui ne peuvent pas s'arrêter à partir du moment où ça a commencé. C'est deux mondes qui ne sont pas sur les mêmes paradigmes et pas sur les mêmes valeurs.
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