Scandale de la viande de cheval : réunion sous tension avec les ministres
Alors que le chef de l'Etat réclame des sanctions, les artisans bouchers se disent étrangers à la polémique et les associations de consommateurs montent au créneau.
"Des sanctions devront être prononcées, administratives et pénales si le dossier le justifie", a averti le président François Hollande lundi 11 février en plein scandale des plats surgelés à la viande de cheval au lieu de bœuf. En déplacement en banlieue parisienne pour l'inauguration du nouveau bâtiment des Archives nationales, le président a déploré des "manquements", des "profits" et "des comportements inadmissibles".
Il s'est prononcé quelques heures avant une réunion de crise à Bercy entre le gouvernement et la filière agro-alimentaire française. Accompagné du ministre chargé de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, et de celui de la Consommation, Benoît Hamon, Stéphane le Foll, ministre de l'Agriculture, doit recevoir l'ensemble de la filière pour une réunion à Bercy à 16h30. Benoît Hamon s'entretiendra dans la foulée, à 18h30, avec les associations de consommateurs. Ce qui ne plaît pas à tout le monde.
Boycott des artisans bouchers
Les artisans bouchers réunis au sein de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) ont décidé de boycotter la réunion à Bercy. Ils estiment ne pas être concernés par le problème. "Les artisans bouchers regroupés dans la CFBCT achètent eux-mêmes leur viande et respectent strictement les règles de traçabilité. Ils sont totalement étrangers au mécanisme qui vient de provoquer ce nouveau scandale", indiquent-ils, dans un communiqué.
Le président de la CFBCT, Christian Le Lann, a estimé que "la tromperie révélée ces jours-ci n'est qu'une tromperie de plus". Il a affirmé n'avoir "cessé de dénoncer les pratiques de l'industrie de la viande" depuis son arrivée à la tête de la confédération en 2010. "Je ne dénonce pas les entreprises industrielles mais un système qui entraîne fatalement des dérives ou des accidents."
Colère des associations de consommateurs
L'UFC-Que choisir, elle, goûte peu le fait d'être convoquée séparément des industriels et de la filière viande. Alain Bazot, son président, y voit même "une discrimination". "On a des questions à poser aux professionnels et aux ministres, et on voudrait être autour de la table avec eux", a-t-il déploré. "Les associations ne sont pas vues comme des acteurs. Mais on voit ce que ça donne quand on laisse (les industriels) en autorégulation : ce sont bien eux qui pilotent les yeux fermés." Il laisse également la porte ouverte à une éventuelle plainte "pour tromperie ou pratiques commerciales trompeuses".
C'est aussi ce que prévoit l'association de consommateurs CLCV. "Dès que les premiers éléments d'enquête seront disponibles, la CLCV saisira la justice pour que les responsables soient sanctionnés", précise cette dernière dans un communiqué où elle exige "des sanctions exemplaires".
"Cette tromperie d'une ampleur considérable n'est pas sans rappeler les pratiques douteuses du Moyen Age : 'mouillage' du lait, ajout de cendres dans la farine ou fraude sur la viande", estime la CLCV. L'association demande "aux pouvoirs publics français et européens de faire toute la lumière sur cette affaire" et "d'en tirer les conséquences au plan réglementaire". Elle réclame aussi une "réelle harmonisation" en Europe des pratiques des professionnels et des autorités de contrôle.
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