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Le renseignement français a envisagé de recruter Mohamed Merah avant son passage à l'acte

Un ancien responsable du renseignement a expliqué, lundi à Paris devant la cour d'assises spéciale, que sa direction avait envisagé de recruter le tueur au scooter.

Article rédigé par franceinfo
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Dessin d'Abdelkader Merah dans la salle d'audience, le 2 octobre 2017 à Paris. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Cinq ans après les faits, l'information prend un écho particulier. L'ancien responsable du renseignement intérieur toulousain a raconté, lundi 16 octobre, que sa direction avait envisagé de recruter Mohamed Merah un mois avant qu'il tue sept personnes, dont trois enfants juifs, en mars 2012 dans le sud de la France.

Le policier a fait cette déclaration devant la cour d'assises de Paris, où comparaît le frère du jihadiste, Abdelkader Merah, pour "complicité" dans les assassinats commis par celui qu'on surnomme "le tueur au scooter".

C'est après un voyage de Mohamed Merah au Pakistan, entre août et octobre 2011, que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a voulu voir le jeune Toulousain pour parler de son parcours afghan. 

Convoqué le 14 novembre pour un "débriefing préventif", Mohamed Merah est alors interrogé par deux spécialistes parisiens. L'entretien dure plus de deux heures, mais rien de suspect n'en ressort. "Son caractère dangereux n'est pas paru évident. Il leur a semblé naturel et ils ont jugé que l'on pouvait s'orienter, compte tenu de son esprit curieux et voyageur, vers un recrutement", a-t-il expliqué à l'audience. 

Les spécialistes parisiens emportent le dossier avec eux et promettent une note d'expertise. Elle sera sera remise le 21 février 2012, soit un mois avant le premier assassinat de Mohamed Merah. Il y est notamment écrit ceci : "Mohamed Merah a un esprit ouvert, malin. Il n'entretient aucune relation avec un réseau terroriste, il a un profil voyageur." La note se conclut par une demande de vérification de la fiabilité de Merah.

"Il restait trouble"

A la barre, le police assure ne pas avoir approuvé la démarche à l'époque. "Je n'étais pas choqué" par cette réaction mais "j'étais en désaccord complet" avec leur analyse. "Je n'imaginais pas approcher Mohamed Merah sans "une judiciarisation" préalable", "il fallait crever l'abcès" car "il restait trouble."  Son refus est "net et catégorique", au point d'en alerter sa hiérarchie.

La suite est connue. Après l'assassinat de deux militaires à Montauban (Tarn-et-Garonne) le 15 mars 2012, l'ancien patron du renseignement toulousain alerte sa hiérarchie pour lui dire sa conviction qu'il s'agit d'un acte jihadiste. Il donne les noms de douze suspects potentiels, dont celui de Mohamed Merah. Mais il n'est pas écouté. Il faudra attente les quatre assassinats de l'école juive, quatre jours plus tard, pour que la piste salafiste soit prise au sérieux. 

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