L'ex-patron du FMI va déposer plainte pour "violation manifeste de ses droits"après la publication par "Le Monde" d'extraits de PV de sa garde à vue à Lille en février. Il y évoque des "filles", des "copines" et parle même de "matériel".
Dans une semaine judiciaire déjà chargée, Dominique Strauss-Kahn va déposer plainte pour "violation manifeste de ses droits", ont annoncé ses avocats mercredi 28 mars après la publication par Le Monde d'extraits de procès-verbaux de sa garde à vue fin février à Lille dans le cadre de l'affaire du Carlton.
• Pourquoi porte-t-il plainte ?
A la suite de la divulgation par Le Monde de ces extraits de PV, les avocats de DSK invoquent "une violation manifeste de ses droits alors même que lui a été retiré le droit de s'exprimer [dans le cadre de son contrôle judiciaire]" . Ils expliquent que leur client "entend que la lumière soit faite sur l'origine de ces fuites afin d'en éclairer les réelles motivations".
Leur client a été mis en examen lundi 26 mars à Lille pour "proxénétisme aggravé en bande organisée". Il est soupçonné d'avoir participé à des soirées libertines dont certaines participantes étaient, selon les juges d'instruction, des prostituées rémunérées. Ses avocats contestent, estimant que les "infractions reprochées sont inexistantes".
• Qu'apprend-t-on dans ces extraits de PV ?
"Matériel", "filles, "petites", un vocabulaire "pas très sophistiqué". Dans une partie de l'interrogatoire de DSK révélé par le quotidien, il est notamment fait référence aux SMS que l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) a échangés avec Fabrice Paszkowski, l'industriel du Nord-Pas-de-Calais soupçonné d'être l'organisateur de soirées libertines. "Filles", "copines", "petites", voire "matériel", voici quelques-uns des termes utilisés par Dominique Strauss-Kahn. Ou encore : "Veux-tu (peux-tu) venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi (et du matériel) le 4 juillet ?", écrit-il ainsi à son ami. Pour le quotidien, pas de doute, il parle de "femmes, et le plus souvent de prostituées".
DSK a admis que "le mot matériel (...) était inconvenant et inapproprié" et le vocabulaire des textos "effectivement pas très sophistiqué". Selon le quotidien, il a évoqué, lundi 26 mars devant les juges lillois, de nombreux rendez-vous en marge de ses déplacements officiels. Il s'agissait de "déjeuners ou de dîners qui parfois avaient des sujets plus intimes" ainsi que des "soirée(s) de couples (...) qui souhaitent avoir une activité sexuelle collective".
D'après Le Monde, les rencontres étaient organisées spécialement pour l'ancien ministre. "On était là essentiellement pour DSK. Les autres, on s'en fout", a ainsi raconté Estelle, une escort-girl.
Pas de relation contrainte ou imposée. Interrogé sur les déclarations à la police belge de l'une des prostituées affirmant s'être opposée en vain, au cours d'une soirée organisée en décembre à Washington, à certaines pratiques, DSK a répliqué qu'il n'y avait, lors de ces soirées libertines, "jamais eu de relation contrainte ou imposée". Il a donc qualifié de "mensonge", "erreur" ou "pression" les propos de la jeune femme qui n'a pas déposé plainte pour viol. Dominique Strauss-Kahn a également démenti d'autres déclarations de cette prostituée. Celle-ci avait avancé qu'il s'était enquis des tarifs d'une de ses collègues, ce qui aurait constitué une reconnaissance implicite de son activité.
DSK avoue avoir été naïf. Celui qui faisait figure de favori des socialistes à la présidentielle a dit aux enquêteurs avoir peu de souvenirs et n'a pas donné les noms des participantes "compte tenu de l'absence de secret de l'instruction dans cette procédure". Interrogé sur la présence de prostituées, il a répondu : "En ce qui me concerne, je n'interroge pas les gens sur leur vie privée.""En y réfléchissant maintenant, je pense que j'ai été naïf."
• Que risque DSK ?
Le proxénétisme est puni par l'article 225-5 du code pénal. Il est passible d'un maximum de sept ans de prison et de 150 000 euros d'amende. Lorsqu'il est commis en bande organisée, le proxénétisme est puni de vingt ans de réclusion criminelle et de 3 millions d'euros d'amende selon l'article 225-8.
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