: Vidéo "Il a raconté l'intervention chirurgicale comme une relation sexuelle avec l'enfant", témoigne le psychiatre qui a donné l'alerte sur Joël Le Scouarnec
Le psychiatre Thierry Bonvalot, qui exerçait dans le même hôpital que Joël Le Scouarnec, dit avoir été choqué par une conversation avec le chirurgien. Au point qu'il lui aurait alors demandé de démissionner. Il en a fait le récit aux journalistes d'"Envoyé spécial".
L'ancien chirurgien comparaît les 13, 16 et 17 mars devant la cour d'assises de Charente-Maritime, à Saintes, pour viols et agressions sexuelles sur quatre mineures. Mais il pourrait avoir fait 349 victimes. Comment Joël Le Scouarnec, 69 ans, aurait-il pu sévir pendant des décennies jusque dans les hôpitaux ?
En 2005, le médecin avait pourtant écopé de quatre mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, mais aucune obligation de soins ni interdiction d'exercer n'avaient été prononcées.
"Je me suis dit : 'Il est hyper dangereux, ce mec'..."
A l'hôpital de Quimperlé où il exerce, c'est par hasard qu'un psychiatre l'apprend. Au printemps 2006, alors qu'il interroge le chirurgien sur une opération de l'appendicite qui s'est mal déroulée, Thierry Bonvalot dit avoir été choqué par ses propos. Il a accepté d'en parler avec une équipe d'"Envoyé spécial", mais n'a pas souhaité être filmé. Il est enregistré à son insu.
Voici son récit. "Il a raconté l'intervention chirurgicale comme une relation sexuelle avec l'enfant. Je me souviens de deux mots : 'Je l'ai pénétré', 'Je me suis retiré'... Clairement, ses fantasmes avaient interféré de manière grave avec la réalisation d'une prestation chirurgicale sur un enfant. Je me suis dit : 'Il est hyper dangereux, ce mec'."
"Je lui ai dit : 'Ta place n'est pas à l'hôpital, démissionne' !"
Le psychiatre aurait alors demandé à Joël Le Scouarnec de démissionner. "Je lui ai dit : T'as un problème, t'es dangereux, ta place n'est pas à l'hôpital. Démissionne !" Le chirurgien n'aurait "absolument pas contesté" et aurait répondu : "Vous ne pouvez pas m'y obliger."
Thierry Bonvalot affirme avoir mis au courant plusieurs de ses collègues, dont l'anesthésiste Daniel Le Bras. Celui-ci était alors une figure de l'établissement, également maire de Quimperlé. Il a travaillé aux côtés de Joël Le Scouarnec, qu'il considérait comme un "bon chirurgien" qui avait "la patte chirurgicale" et ne posait "pas de problèmes particuliers". L'anesthésiste nie quant à lui avoir été informé de la dangerosité possible de Joël Le Scouarnec…
Extrait de "Affaire Le Scouarnec : un silence coupable ?", une enquête à voir dans "Envoyé spécial" le 12 mars 2020.
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