Procès de Monique Olivier : le verdict "apporte une forme de soulagement", réagit Eric Mouzin, le père d’Estelle Mouzin

"Au bout des trois semaines de procès, nous commencions à ressentir les effets de la fatigue et d'être plongés dans toutes ces horreurs successives, c’était très éprouvant", a raconté Eric Mouzin, mercredi 20 décembre sur franceinfo.
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Eric Mouzin, le père d’Estelle Mouzin, le 14 décembre 2023 à la cour d'Assises des Hauts-de-Seine, à Nanterre. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Ça apporte une forme de soulagement", a réagi mercredi 20 décembre sur franceinfo Eric Mouzin, le père d’Estelle Mouzin, après le verdict au procès de Monique Olivier. L’ex-femme de Michel Fourniret a été jugée pendant trois semaines et reconnue coupable de complicité dans les enlèvements suivis de meurtre de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.

"Au bout des trois semaines de procès, nous commencions à ressentir les effets de la fatigue et d'être plongés dans toutes ces horreurs successives, c’était très éprouvant", a-t-il expliqué.

franceinfo : comment accueillez-vous ce verdict ?

Eric Mouzin : Comme un grand soulagement parce qu'effectivement, au bout des trois semaines de procès, nous commencions à ressentir les effets de la fatigue et d'être plongés dans toutes ces horreurs successives, c'était très éprouvant. Ce sont d'autres familles qui ont attendu depuis 35 ans, 30 ans et 20 ans pour nous, pour savoir ce qui était arrivé de leur enfant. Nous avons bien sûr des réponses incomplètes, mais nous avons un jugement qui entérine la responsabilité et la culpabilité de Monique Olivier dans ces faits criminels. Cela apporte une forme de soulagement.

Comment allez-vous quelques heures après ce jugement ?

Pour l'instant, tout va bien. Il faut bien sûr essayer d'imaginer comment va être la suite. Je note quand même que la justice nous propose un délibéré sur les peines civiles le 6 mai 2024. On voit que le temps de la justice s'est réintroduit dans notre vie. Il faudra attendre six mois pour avoir un délibéré.

Monique Olivier s'est adressée à vous et aux autres familles en disant "je demande pardon tout en sachant que c'est impardonnable". Comment résonnent ses paroles en vous ?

J’ai surtout en mémoire les propos de Mme Kheris, la juge d'instruction responsable du pôle Cold Case de Nanterre, qui avait dit que Monique Olivier était "insondable". Donc dire "je demande pardon, mais c'est impardonnable", c'est une formule un peu compliquée à entendre. J'aurais aimé des expressions plus franches et plus sincères. Mais vu tout ce que l'on a entendu sur la personnalité de Monique Olivier, il ne faut pas s'attendre à des choses plus précises.

Votre attente pendant ces trois semaines de procès, c'était moins des excuses que des explications ?

Pas seulement des explications. Il est difficile de justifier les actes par des explications rationnelles. Ce que nous voulions c'était, dans le cas d'Estelle en particulier, essayer de savoir où était le corps pour éventuellement enclencher d'autres recherches. Maintenant cela va être abandonné. Ce n'est pas forcément que du fait de Monique Olivier, parce qu'il y a quand même un doute sur les circonstances dans lesquelles Estelle a été mise dans un trou au fond de la forêt des Ardennes. Elle a fourni quelques éléments qu'elle n'avait pas fournis sur les derniers moments d'Estelle, qui n'étaient pas forcément des éléments que nous avions envie d'entendre, qu'elle avait vu Estelle, qu'elle s'était assise à côté d'elle, qu’elle lui avait donné un verre d'eau... Ce sont des détails, mais qui sont un petit peu glaçants d'imaginer qu'elle est restée en présence d'Estelle entre 4 heures et 6 heures, selon les décomptes que l'on peut faire et qu'elle n'a pris aucune décision qui aurait permis de sauver Estelle.

Votre combat n'est pas terminé. Il y a encore cette plainte pour faute lourde contre l'État ?

Oui, parce que ce procès a permis de mettre en évidence toutes les erreurs qui avaient été commises. Bien sûr, c’est facile de dire qu’une fois qu'on a la réponse, il fallait faire comme ci, comme ça. On voit bien les lacunes de l'enquête pendant toutes ces années qui ont abouti à ce que Monique Olivier et Michel Fourniret puissent être inculpés par Mme Kheris quand il était trop tard. Michel Fourniret était déjà gravement atteint par la maladie et donc incapable de fournir des réponses précises. Nous avons été privés d'une partie des réponses à cause de ces erreurs qui ont décalé dans le temps la vérité.

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