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Violences après la mort de Nahel : après six jours d'émeutes, quel est le bilan des dégâts ?

Plus de 1 300 bâtiments ont été incendiés ou dégradés et près de 5 700 véhicules brûlés, selon le décompte donné lundi par le ministère de l'Intérieur.
Article rédigé par franceinfo
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Une voiture incendiée au Port, le 30 juin 2023 sur l'île de La Réunion. (RICHARD BOUHET / AFP)

Six nuits d'embrasement sur tout le territoire. La mort de Nahel, cet adolescent de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre le 27 juin, a provoqué une flambée de violences sur l'ensemble du territoire français. De Villeurbanne à Marseille, de Rennes à Cayenne. Les émeutes urbaines, les incendies de bâtiments publics et les pillages de commerces ont touché y compris de petites et moyennes communes, dans l'Hexagone comme en outre-mer. Le ministère de l'Intérieur a établi, lundi 3 juillet, un bilan chiffré qui permet de mesurer l'ampleur de ces événements, près d'une semaine après.

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Entre la nuit du 27 au 28 juin et celle du 2 au 3 juillet, 3 354 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre. Parmi elles, "un tiers des interpellés sont des mineurs", a affirmé le ministre de l'Intérieur lundi, alors qu'il était en déplacement à Reims. "La moyenne d'âge des gens que nous interpellons est de 17 ans, avec parfois des enfants – il n'y a pas d'autre mot – de 12-13 ans, qui étaient des pyromanes ou qui ont attaqué les forces de l'ordre ou des élus", avait détaillé Gérald Darmanin trois jours plus tôt, après l'interpellation de 875 personnes dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin. La nuit suivante, le nombre d'interpellations a bondi : 1 311 personnes ont été arrêtées. Depuis, un retour au calme semble se dessiner. Dans la nuit du dimanche 2 au lundi 3 juillet, 157 personnes ont été interpellées, alors qu'elles étaient encore 773 la nuit précédente. Certains émeutiers ont déjà été jugés en comparution immédiate.

Plus de 11 000 incendies sur la voie publique

Ces nuits d'émeutes, au cours desquelles les tirs de mortiers d'artifice ont été innombrables, ont notamment été émaillées d'incendies volontaires. Le ministère de l'Intérieur a recensé 11 113 incendies sur la voie publique en six jours (principalement des feux de poubelles) et 5 662 véhicules brûlés. Les émeutes ont été les plus violentes et destructrices au cours de la nuit du 29 au 30 juin, avec 3 880 incendies de poubelles et 1 919 véhicules brûlés. Depuis, les dégâts matériels n'ont cessé de diminuer et aucun incident majeur n'a été signalé dans la nuit de dimanche à lundi. "L'ordre est en train d'être rétabli", a assuré le ministre de l'Intérieur.

Des voitures brûlées devant les locaux de la police municipale incendiés le 29 juin 2023 à Neuilly-sur-Marne. (BERTRAND GUAY / AFP)

Outre les feux allumés sur la voie publique, des bâtiments, notamment publics, ont aussi été visés par les émeutiers. Au total, 1 313 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 254 locaux de la police nationale comme municipale et de la gendarmerie. Rien qu'à Marseille, ce sont près de 400 commerces qui ont été vandalisés, d'après Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Aix-Marseille-Provence. "Il y a des commerces qui ont été pillés deux fois. Une fois leur magasin, une fois leur réserve. Deux fois dans la nuit. On est d'une telle impuissance que l'on a un moral à zéro. On est très choqués de ce que l'on a vu", a témoigné lundi Marie-Pierre Cartier, présidente de l'association Commerces positifs, à l'AFP.

Durant la nuit du 29 au 30 juin, où les émeutes ont été les plus violentes, 492 bâtiments ont subi d'importantes dégradations. Ce soir-là, la mairie de proximité de Villeneuve-les-Salines, à La Rochelle (Charente-Maritime), a notamment été incendiée, la rendant totalement inutilisable pour les agents et les habitants. Du côté de Stains (Seine-Saint-Denis), le supermarché Carrefour de la ville a été "envahi et détruit", selon le PDG du groupe de distribution, Alexandre Bompard. Le magasin a pu rouvrir ses portes lundi dans la matinée, mais "le rayon multimédia est vide, tout a été pillé", a précisé lundi le délégué CGT du magasin, Mohamed Benali, à l'AFP.

Plus de 700 membres des forces de l'ordre blessés

Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, où 123 bâtiments ont été attaqués, une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans la propriété privée du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) alors qu'il se trouvait dans sa mairie. Le portail d'entrée et la voiture de la famille ont été brûlés. "Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison", a témoigné le maire Les Républicains, Vincent Jeanbrun, sur TF1. Une enquête pour "tentative d'assassinat" a été ouverte par le parquet de Créteil.

Le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses, le 2 juillet 2023, attaqué. (NASSIM GOMRI / AFP)

Pour tenter d'enrayer ces émeutes, un important dispositif de maintien de l'ordre a été mis en place par le ministère de l'Intérieur sur tout le territoire. Le nombre de policiers mobilisés a augmenté au fil des nuits, passant de 7 000 le premier soir des émeutes à 45 000 depuis vendredi. Parmi ces forces de l'ordre, 722 ont été blessées. Là encore, c'est au cours de la nuit du 29 au 30 juin que le nombre de blessés (317) a été le plus important. Du côté des sapeurs-pompiers, il y a eu 35 blessés depuis le début des émeutes.

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